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France-Monde
Enregistrements de Merah: critiquée, TF1 met en avant le devoir d'informer
Publié le 09/07/2012, la Voix Du Nord
Vivement critiquée pour avoir diffusé des extraits d'enregistrements audio entre Mohamed Merah et les policiers, la chaîne TF1 s'est justifiée lundi en soutenant qu'ils contenaient des "informations très importantes" et s'est défendue de tout sensationnalisme.
Critiquée pour avoir diffusé des extraits d'enregistrements audio entre Mohamed Merah et les policiers, qui lui valent une convocation devant le CSA mardi, la chaîne TF1 s'est justifiée lundi en soutenant qu'ils contenaient des "informations très importantes".
L'Inspection générale de la police nationale, la "police des polices", saisis d'une enquête pour violation du secret de l'instruction ouverte après la diffusion de ces enregistrements, a tenté sans succès lundi de récupérer auprès de la société de production Éléphant et Cie les enregistrements audio, a-t-on appris de sources concordantes.
TF1 a diffusé pour la première fois dimanche, dans son émission "Sept à Huit", une partie des enregistrements audio où l'on entend le "tueur au scooter" dialoguer avec des policiers les 21 et 22 mars, alors qu'il est retranché dans son appartement, et expliquer d'un ton posé ses crimes comme ses projets criminels à venir.
"Nous sommes des journalistes, notre travail, c'est d'informer", a expliqué à l'AFP Catherine Nayl, directrice de l'information du groupe, au lendemain de la diffusion de ce document qui a provoqué l'indignation des proches des victimes de Merah. Ceux-ci sont désormais prêts à saisir la justice pour empêcher toute nouvelle diffusion.
Le Conseil supérieur de l'Audiovisuel (CSA) a annoncé qu'il procéderait mardi à l'audition des dirigeants de TF1, puis ceux de BFMTV et I-télé, qui ont rediffusé des extraits de l'enregistrement.
Le président du CSA, Michel Boyon, s'est dit "profondément choqué". "S'il y a matière pour le CSA à intervenir, notamment par la voie de sanctions, nous le ferons, sans hésiter", a-t-il prévenu.
Chargé de la régulation du secteur audiovisuel, le CSA peut relever les manquements des chaînes. Toutefois les éventuelles sanctions qu'il prononce relèvent en général de la simple mise en garde ou mise en demeure, les deux premiers niveaux de sanctions dont il dispose.
"On comprend parfaitement le choc et la violence pour les familles des victimes d'entendre la voix de celui qui a assassiné un des leurs", a de son côté expliqué Mme Nayl. Cependant, a-t-elle estimé, le document diffusé dimanche a été fait d'une façon "absolument pas sensationnaliste".
Vaine demande de la police
Le document commence avec la voix de Merah enregistrée le 21 mars au matin, quelques heures après l'échec du premier assaut du Raid. Durant les 32 heures du siège, qui s'est terminé par la mort de Merah, ce dernier raconte ses contacts avec Al-Qaïda, décrit les actions qu'il envisageait ou son style de vie "fashion": "Ca fait partie de la ruse, tu vois".
Lundi vers 18h30, les policiers de l'IGPN se sont rendus au siège de Elephant & Cie, la maison de production qui produit notamment l'émission "Sept à Huit" de TF1, pour tenter de mettre la main, en vain, sur les enregistrements, ont indiqué des sources concordantes, confirmant une information du point.fr.
"Il n'y a pas eu de perquisition", a déclaré à l'AFP une source judiciaire. "L'IGPN a sollicité la remise volontaire des enregistrements de conversations utilisés pour la réalisation du reportage, mais Elephant & Cie a refusé de les donner aux policiers", a-t-on ajouté de même source.
Frédéric Boisset, un des rédacteurs en chef de "Sept à Huit", a toutefois indiqué qu'une copie du reportage avait été remise aux agents.
"Le matériel qu'on nous a demandé n'existe plus. Mais on a remis une copie du reportage à la police", a-t-il déclaré à l'AFP.
Des extraits circulaient lundi sur plusieurs sites internet de partage vidéo tels que YouTube, malgré les efforts de TF1 pour éviter qu'ils se disséminent sur la Toile.
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, a lui jugé "justifiée" la colère des familles, estimant "insupportable" d'"entendre cet assassin plastronner".