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La Légion d'honneur de Papon
NDLR : « C'est pas nous ! », m'a répondu la Dass du Val d'Oise. « Il y a contentieux, je ne vous réponds plus », m'a écrit le Médiateur du Conseil général du Val d'Oise. « Vous êtes dans le déni », m'a dit le juge Thierry Reveneau. Je me demande maintenant pourquoi Papon a été privé de sa médaille. Vive la France.
POLEMIQUE
La Légion d'honneur de Papon refait débat après sa mort
NOUVELOBS.COM | 19.02.2007, extrait
Alors que son avocat a affirmé que l'ancien haut fonctionnaire serait inhumé avec sa décoration, la classe politique se dit choquée. Maurice Papon a été déchu en 1999 de toutes ses décorations.
Au lendemain du décès de Maurice Papon, son avocat, Me Francis Vuillemin, a affirmé dimanche 18 février qu'il veillerait "personnellement" à ce que l'ancien haut fonctionnaire soit inhumé avec sa Légion d'honneur. Une démarche jugée "choquante" par plusieurs politiques, alors que la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, "mal à l'aise", estimait qu'"il y a un moment où les polémiques ne sont plus de mise".
"Je veillerai personnellement à ce que l'accompagne dans son tombeau la croix de Commandeur de la Légion d'honneur que Charles de Gaulle en personne lui a remise de ses propres mains pour l'éternité", a fait savoir l'avocat sur France-Info.
France
Papon enterré avec sa légion d'honneur
Belga, mis en ligne le 21/02/2007, extrait
"J'ai tenu parole, la croix de commandeur de la Légion d'honneur remise des mains du général de Gaulle veille sur l'âme de Maurice Papon pour l'éternité", a déclaré Me Vuillemin, confirmant que le défunt avait été inhumé avec sa décoration, conformément à ses déclarations après la mort de son client.
Celles-ci avaient déclenché une polémique, de sorte que le grand chancelier de la Légion d'Honneur, le général Jean-Pierre Kelche, avait rappelé que Maurice Papon avait été exclu de cet ordre, ne pouvant plus porter cette décoration et ayant été condamné en mars 2005 pour l'avoir fait. "Les symboles sont plus forts que le droit. (...) Aujourd'hui pour moi s'achève cette étrange affaire. Elle appartient à l'histoire", a déclaré Me Vuillemin à la presse près du cimetière, sous les huées de quelques badauds...
Les Français et Vichy
L'Express, mis à jour le 16/10/2003 - publié le 02/10/1997, extraits
Le procès de l'ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde s'ouvre le 8 octobre à Bordeaux. Une nouvelle confrontation des Français avec l'obsédant souvenir du régime de Pétain.
Commençons par un petit rectificatif: Maurice Papon n'est pas, comme on l'entend trop souvent, le «dernier» haut fonctionnaire de Vichy impliqué dans les déportations antijuives sous l'Occupation. Plusieurs autres serviteurs de l'Etat français ayant eu des responsabilités similaires à celles de l'ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde sont encore en vie, profitant, au terme d'une carrière souvent bien remplie, d'une retraite à l'abri des tracasseries judiciaires.
[...] Ces paradoxes s'expliquent: contrairement à ses collègues, qui ont su rester discrets, Maurice Papon s'est distingué en faisant de la politique. Ce qui l'a perdu. Car c'est l'une des nombreuses particularités de cette procédure judiciaire pour «la mémoire et l'Histoire» que d'avoir commencé par une petite manœuvre politique. Au printemps 1981, Michel Slitinsky, l'un des survivants - il a réussi à s'évader - de l'une des rafles de Bordeaux, transmet au Canard enchaîné des pièces d'archives attestant la participation de Maurice Papon aux déportations bordelaises qui ont emporté son père. Ces documents - parmi lesquels figure le procès-verbal de son évasion par la police française - lui ont été remis par l'historien bordelais Michel Bergès, qui les a découverts en février 1981 aux archives départementales.
[...] Maurice Papon ne peut en effet être condamné que pour sa complicité personnelle - qu'il faudra démontrer - avec les nazis, et non pour son rôle au sein d'un appareil étatique utilisant des êtres humains dans le cadre de ce grand marchandage avec l'occupant que fut la politique de collaboration.
Si le procès de Maurice Papon risque ainsi de s'égarer dans les mêmes impasses que celui de Paul Touvier, il présente, en revanche, deux aspects inédits qui feront des débats de Bordeaux un nouvel épisode de cette obsession française pour les années noires : le soutien que de grands résistants ont accordé à l'accusé et sa brillante carrière au cœur de l'Etat, au cours de laquelle il fut d'ailleurs mêlé à d'autres événements tragiques.
Car Maurice Papon n'est pas un paria, fuyant la justice, comme Paul Touvier, ou exclu de la fonction publique, comme René Bousquet : il symbolise une certaine continuité administrative. Parce que beaucoup de résistants jugèrent, à l'époque, que les impératifs de la Libération nécessitaient l'utilisation des cadres de l'Etat, à commencer par tous les «vichysto-résistants», personnages avisés qui, tel Maurice Papon, donnèrent des gages à la Résistance quand l'issue probable du conflit changea. Ce jugement politique des contemporains de l'après-guerre est remis en question par le jugement moral des générations d'aujourd'hui. C'est pourquoi le procès de Bordeaux ne se présente pas seulement comme celui d'un haut fonctionnaire de Vichy, justice due aux parents de victimes qui se sont portés partie civile, mais aussi comme celui de l'épuration, qui n'a pas su interrompre la carrière de personnages comme Maurice Papon.
Ce second aspect est-il légitime? Dans quelles limites de nouvelles générations peuvent-elles, à propos d'événements qu'elles n'ont pas vécus, modifier le point de vue de leurs ancêtres? Car il s'agit, les années passant, d'un changement de regard sur les agents de l'Etat. A la Libération, la nouvelle législation épurant l'administration invitait le juge à vérifier si le fonctionnaire s'était «borné à exécuter des ordres sans avoir l'autorité nécessaire pour les discuter» ou si, au contraire, «allant au-delà de ses strictes obligations professionnelles, il s'[était] sciemment associé à une politique antinationale et [avait] manifestement dépassé dans la répression l'exercice normal de ses fonctions». Personne n'avait alors l'idée de sanctionner le fonctionnaire qui avait «fonctionné» et obéi sans zèle particulier ni adhésion idéologique, comme le faisait Maurice Papon.
Depuis, la conscience de la spécificité du judéocide nazi s'est imposée et le concours que lui a apporté l'appareil administratif de Vichy n'en finit pas de peser sur la mémoire française, ainsi que l'a reconnu, après des années de dénégation mitterrandienne, Jacques Chirac, en 1995, lors de la commémoration de la rafle du Vélodrome d'Hiver. Cette tension mémorielle ne se voyant pas offrir d'autre issue que judiciaire, le seuil d'exigence morale a eu tendance à se relever : les fonctionnaires, absous après guerre quand ils n'avaient fait qu'obéir aux ordres, se voient aujourd'hui reprocher leur absence de désobéissance. Et cette quête de responsabilité semble sans fin : un comité Urgence-Mémoire-Justice demande maintenant l'ouverture d'une information contre X visant implicitement Michel Junot, sous-préfet de Pithiviers pendant l'Occupation.
Société
Le décès de Michel Junot devrait mettre un terme à la procédure ouverte en 2000 pour "complicité de crimes contre l'humanité"
NouvelObs / AP | 18.08.2008 | 16:12, extrait
La disparition le 20 juillet à l'âge de 91 ans de l'ancien député de Paris Michel Junot devrait mettre un terme à la procédure judiciaire ouverte en 2000 pour "complicité de crimes contre l'humanité" dans laquelle cet ancien sous-préfet de Pithiviers (Loiret) durant l'Occupation avait été entendu comme témoin assisté.
En février 2000, le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire contre X à la suite de la plainte déposée un mois plus tôt contre Michel Junot par Marc Korenbajzer. La demi-soeur de ce dernier avait été interpellée lors de la rafle du Vel d'Hiv le 17 juillet 1942 avait été internée au camp de Beaune-la-Rolande d'où elle avait été déportée le 25 août 1942 vers Auschwitz. Elle y est morte le 31 août, jour de ses trois ans.
Dans sa plainte, M. Korenbajzer expliquait avoir retrouvé aux Archives nationales et départementales du Loiret des documents démontrant que l'ancien fonctionnaire de Vichy, en poste dès le 16 juin 1942, avait un pouvoir de contrôle et de supervision sur les camps d'internements de Beaune-la-Rolande et Pithiviers. Sous-préfet de Pithiviers de juin 1942 à août 1943, nommé à Nice moins de deux mois, M. Junot a repris ses fonctions à Pithiviers fin octobre 1943 avant d'être nommé en janvier 1944 secrétaire général de la préfecture du Loiret.
Entendu comme témoin puis comme témoin assisté, un statut entre celui de témoin et de mis en examen, M. Junot a toujours affirmé avoir pris officiellement ses fonctions le 26 août 1942, même si son procès-verbal d'installation avait été signé le 16 juin. Entre ces deux dates, s'était-il expliqué, il avait continué d'exercer ses fonctions administratives au Secrétariat général de l'administration à Vichy et pris des vacances avant de rejoindre son nouveau poste fin août.