« Loup... Qui es tu ?... | Les pères en mal d'autorité ? » |
Mythographe
NDLR : Alors que les débats Dolto, parents déboussolés, enfants rois, tyrans et barbares pourraient sous peu faire rage, un article de Charli Hebdo me fait beaucoup penser aux restrictions, aux interdictions, aux limitations et refus opposés aux parents lors de l'accès à un dossier d'assistance éducative...
Charlie Hebdo n° 853, 22 octobre 2008
Jeanne d'Arc devant ses nouveaux juges
Le Figaro magazine, 24/10/2008 | Mise à jour : 15:39
L'an dernier, un livre et un film à sensation prétendaient apporter des révélations fracassantes sur la Pucelle. Colette Beaune, une de nos meilleures médiévistes, rétablit la vérité.
Le 29 mars 2008, Arte diffusait un documentaire de Martin Meissonnier : Vraie Jeanne, fausse Jeanne. Le film, qui prétendait établir un portrait authentique de la Pucelle d'Orléans, attirera un million de téléspectateurs. Huit jours plus tôt, il avait été projeté en avant-première devant les spécialistes de Jeanne d'Arc qui avaient été interviewés pour l'émission. En sortant de la projection, Colette Beaune, universitaire au verbe pondéré, était en colère. « C'est du mépris pour le public », lâchait-elle.
Un an s'était écoulé entre les interviews des historiens et la diffusion du film. Entre-temps, en septembre 2007, un ouvrage à sensation était sorti en librairie : L'Affaire Jeanne d'Arc (1). Signé, en couverture, par Roger Senzig (présenté, dans l'ouvrage, comme ayant « fait carrière dans l'immobilier ») et Marcel Gay, un journaliste, le volume avait été écrit en réalité par ce dernier et à la première personne. Il fut un des best-sellers de l'année. D'après ce livre, Jeanne, loin d'avoir été de modeste extraction, aurait été de sang royal. Et, non seulement elle n'aurait pas été brûlée à Rouen, mais, ayant survécu et s'étant mariée, elle serait devenue Jeanne des Armoises. Les preuves ? Elles n'existeraient plus, car, depuis le Moyen Age, une succession de complots ourdis par des religieux se seraient employés à dissimuler la véritable histoire de Jeanne d'Arc...
Le film d'Arte laissait une large place à Marcel Gay et à ses assertions, sans que les spécialistes aient la possibilité de le contredire, puisque leurs interventions avaient été enregistrées six mois avant la parution de son livre et sans qu'ils aient été informés de sa présence dans le documentaire. « Le montage, rapporte Colette Beaune, donnait l'impression que nous étions d'accord avec lui, la voix off allant toujours dans son sens. J'ai été choquée que l'on se moque ainsi de nous. »
Le 7 avril 2008, une semaine après l'émission, Colette Beaune, en tant que professeur émérite à l'université Paris-X, Olivier Bouzy, docteur en histoire médiévale, Philippe Contamine, membre de l'Institut, et Françoise Michaud-Fréjaville, professeur émérite à l'université d'Orléans, qui avaient tous quatre été interviewés par Meissonnier, publiaient dans Le Figaro une tribune dans laquelle ils s'élevaient contre « les impostures » défendues par Marcel Gay. « Réduire la vie de Jeanne d'Arc à un autre Da Vinci Code, affirmaient-ils en maniant la litote, ne nous semble pas la meilleure façon de faire progresser la recherche. »
Normalienne, agrégée d'histoire, Colette Beaune professait, il y a deux ans encore, à l'université de Nanterre. Elle continue d'y diriger des thèses. « J'ai adoré enseigner », confie-t-elle. Selon ses proches, ce bourreau de travail a la réputation d'être toujours disponible pour ses étudiants. On lui doit une soixantaine d'articles savants et de multiples ouvrages, presque tous centrés sur ce XVe siècle français auquel elle a consacré sa vie. Elle prépare aujourd'hui un livre sur le Grand Ferré. Son premier grand titre, Naissance de la nation France (2), montrait que la conscience du fait français existait déjà pendant la guerre de Cent Ans. Il y a quatre ans, elle publiait une biographie de la villageoise de Domrémy, ouvrage novateur récompensé par le prix du Sénat du meilleur livre d'histoire (3).
Le livre qu'elle fait paraître aujourd'hui ne se borne pas à réfuter le pamphlet de Marcel Gay (4). Prolongeant sa biographie de Jeanne d'Arc, Colette Beaune y démonte une par une les hypothèses erronées qui circulent sur l'héroïne. Court, dense, personnel, maniant l'humour, l'ouvrage est polémique au sens étymologique du terme : l'auteur part en guerre, comme l'assure le bandeau de l'éditeur, « pour en finir avec ceux qui racontent n'importe quoi ! » Ceux qui racontent n'importe quoi, leur refusant le qualificatif d'historiens, l'auteur les appelle, d'un néologisme qu'elle a fabriqué, les « mythographes ». « Je suis en fin de carrière, s'amuse-t-elle. Je peux me permettre d'écrire un livre de ce genre. »
Références à l'appui, Colette Beaune réduit à néant toutes les élucubrations sur la jeune Lorraine. Née en 1412 dans une famille de paysans aisés, celle-ci est bien morte sur le bûcher en 1431. Bergère ? Sorcière ? Mandatée par Dieu ? Vierge ? Trahie ou abandonnée ? Réapparue sous le nom de dame des Armoises ? A chaque question, l'historienne apporte des réponses scientifiques, dressant la généalogie, du XVIe au XIXe siècle, des légendes courant sur son personnage. « Il y a des faits, insiste-t-elle, et l'histoire sans faits, cela ne tient pas. »
Colette Beaune, dans ces pages, expose les facettes diverses de Jeanne d'Arc. On pense toujours au chef de guerre qui bouta les Anglais hors de France. Elle fut aussi cette jeune fille qui transgressa le modèle féminin de son temps, et un réformateur social qui voulait une place pour les pauvres. En un temps qui, dans le monde chrétien, attendait l'intervention directe de Dieu dans la vie des hommes, elle fut aussi une prophétesse, et ne fut pas la seule du genre. C'est là, paradoxalement, que Colette Beaune voit la raison du succès des thèses de Marcel Gay. Dès lors que notre époque ne croit plus au merveilleux, elle lui cherche un substitut le complot pour expliquer l'inexplicable : comment Charles VII a pu confier le salut de son royaume à une petite inconnue de la frontière.
La fin de l'enfant roi ?
Dossier le Figaro magazine, 24/10/2008 | Mise à jour : 18:05, extrait
Enfants perturbés, parents déboussolés, psys débordés : Dolto est plus que jamais contestée. La célèbre psychanalyste serait-elle passée de mode, ou victime de son succès ?
Il y a un peu plus de trente ans, une voix s'élevait à la radio pour défendre « la cause des enfants ». Pour la première fois, une pédiatre et psychanalyste parlait aux parents de leurs « devoirs » vis-à-vis de leurs enfants, de leur rôle d'éducateurs et d'« écouteurs ».
2 commentaires
AFP, 17/01/2010 | Mise à jour : 17:23
Le chef de la communauté juive romaine a demandé solennellement aujourd'hui au pape Benoît XVI, en visite à la synagogue de la capitale italienne, l'ouverture des archives sur Pie XII, accusé d'avoir gardé le silence pendant la Shoah.
Qu'est-ce qu'un mythe ? #VendrediLecture
— Ina.fr (@Inafr_officiel) April 26, 2019
La réponse de Claude Lévi-Strauss en 1984 📚 https://t.co/Da5RUdIFjQ pic.twitter.com/9XjfJtFcJ1