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Trouille
De source CNRTL, voir aussi couard
TROUILLE1, subst. fém.
Arg., vieilli. Femme corpulente, malpropre; fille ou femme dévergondée, de mœurs légères. Jésus-Christ, qui gueulait contre elle [sa fille] du matin au soir, ne pouvait lui adresser la parole, sans ajouter: « Attends, attends! je vas te régaler, sale trouille! » (Zola, Terre, 1887, p. 46). C'était une grosse trouille, de quarante ans environ, molle et mafflue (Richepin, Truandailles, 1891, p. 219).
Prononc.: [tʀuj]. Étymol. et Hist. 1808 grosse trouille « femme d'une corpulence peu gracieuse » (Hautel); 1856 « femme de mauvaise vie » (Du Bois, Gloss. du pat. norm.). V. trouille2, avec peut-être infl. de truie* (v. FEW t. 13, 2, p. 40b et 43b, note 9)
TROUILLE2, subst. fém., extrait
Pop. Peur intense. Synon. frousse, pétoche. Avoir une trouille bleue, noire; coller, flanquer la trouille (à qqn); ne pas avoir la trouille. Il ne s'agit pas (...) d'accepter la victoire de Franco, avec la trouille pendant vingt ans à la merci d'une dénonciation (Malraux, Espoir, 1937, p. 658). J'ai le trac, pour ne pas dire la trouille, du missionnaire qui débarque chez les cannibales (H. Bazin, Lève-toi, 1952, p. 95).
REM.
Trouillomètre, subst. masc. Loc. fam. et plais. Avoir le trouillomètre à zéro, au-dessous de zéro. Avoir très peur. Les gens du bled (...) En ces temps d'occupation, ils ont le trouillomètre au-dessous de zéro (San-Antonio, Du plomb dans les tripes, 1953, p. 16 ds Cellard-Rey 1980). V. pétochard dér. s.v. pétoche ex. de Sartre.
Extraits de Traqués, cachés, vivants
Des enfants juifs en France (1940-1945)
par Danielle Bailly et Pierre Vidal-Naquet, chez l'Harmattan, sur google books, de la page 91
D.B. : Est-ce la force de telles convictions, force alimentée par la rationalité, par une espèce de rage devant les torts, qui peut armer une personne intérieurement pour braver le danger ? Quand on a la trouille, on a la trouille, pour soi et sa famille, par exemple...
F.B. : Oui, mais avoir la trouille, ce n'est pas grave. Cela ne devient grave qu'à partir du moment où on se laisse dominer par la trouille, parce qu'alors on y perd son jugement. La trouille est là, et elle est bienfaisante, pour vous dire : « Attention ! Il y a du danger ! Il y a des décisions à prendre pour s'en prémunir ! » ; mais si on laisse à la trouille (comme à la fièvre), en tant que symptôme, le rôle dominant, et si on prend le symptôme pour la chose, évidement, c'est fichu, on ne traite pas la maladie. Traiter la maladie, ici, c'est traiter le danger. Et on peut le faire de diverses façons. La façon la plus radicale consiste à dire : le pire qui puisse arriver est de mourir. De toute façon, je mourrais, alors, bon... En l'occurrence on essaie de faire en sorte que si l'on doit mourir, ce soit utile tout en protégeant ses proches. Cela, c'est au plan plutôt émotionnel, mais je pense qu'à un plan rationnel, on doit s'obliger à exercer sa capacité d'analyse, parce qu'elle permet de commencer à prendre de la distance avec le danger, donc de commencer à maitriser l'émotion qui risque de vous faire aller dans pire, comme Gribouille.
Cela peut s'acquérir tout simplement par l'expérience, même tardive. Je crois que l'inconscience par rapport au danger prend deux formes : la forme submergée par la trouille, ou la forme de la témérité stupide. Ce qui me parait le plus important, c'est, au contraire, cette mise à distance qui permet la critique, l'analyse, et qui permet d'essayer de dégager les voies les plus rationnelles et les plus efficaces pour conjurer ce danger ou y échapper. Je pense donc que le terme de « maîtrise », c'est-à-dire maîtrise de soi et maîtrise des évènements, est un terme extrêmement important dans ces cas-là.
GRIBOUILLE, subst. masc., sur CNRTL
Personne désordonnée, naïve et sotte, qui se précipite dans des difficultés plus grandes que celles qu'elle veut éviter. Pour ne pas avoir à s'expliquer sur l'origine de certains papiers dont la disparition ne peut être apparemment ignorée de ceux qui en étaient détenteurs, notre gouvernement de gribouilles a trouvé tout simple de faire une justice obscure (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 14)...