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Causette #37, juillet-août 2013
NDLR : Voir aussi « Cheval pour tous », quelle leçon pour la profession ?
Société
«J'avais placé Supérisur un piédestal»
9 mars 2002 à 22:32, Libé
L'ancien directeur de Cheval pour tous confronté à ceux qu'il a violés.
Par GAUTHIER Nicole
Colmar envoyée spéciale
«Très vite, j'ai été en confiance. J'avais besoin de montrer de quoi j'étais capable, et Supéri était quelqu'un que je respectais. Plus ça allait, plus la relation de "référent" s'était transformée en relation d'ami, de confident. Je l'avais placé sur un piédestal.» A la barre, la voix parfois cassée, Franck R., 27 ans, témoigne de ce qu'il a vécu de 1992 à 1995 à Cheval pour tous, un lieu de vie pour enfants en grande difficulté, dont l'ancien directeur, François Supéri, comparaît depuis le début de la semaine devant les assises du Haut-Rhin pour viols et agressions sexuelles sur mineurs.
Le jeune homme, l'une des rares victimes à avoir réussi son insertion sociale et professionnelle il est aujourd'hui boulanger , raconte son arrivée dans la ferme du Climont, «placé» alors qu'il était encore mineur. L'accueil «assez hard» «personne ne m'avait jamais parlé de cette façon» , puis le «contrat de confiance» qui s'instaure, pense-t-il, entre les deux hommes, les relations sexuelles forcées enfin, à l'issue d'une soirée de «beuverie». Elles dureront pendant quatre ans, de façon plus ou moins régulières. Longtemps, Franck ne pourra en parler à personne: «J'avais honte.» Et parce que, malgré tout, Cheval pour tous est devenu sa «seconde famille», parce qu'il n'a que peu de liens avec la première, c'est là qu'il passe ses week-ends, pendant la durée de son service militaire, ou qu'il revient, au fil des échecs de sa vie. «Il y avait là une certaine énergie que je n'ai jamais retrouvée ailleurs.»
Distance. Il n'envisage pas de s'adresser aux gendarmes: «C'est comme si un fils dénonçait son père, et on n'a pas forcément envie que son père aille en prison.» Il lui faudra plusieurs années pour prendre ses distances: «Maintenant, j'ai réalisé que, plus il avait d'autorité sur les gens, plus il arrivait à les manipuler, plus il y prenait du plaisir.» Et aujourd'hui: «Je n'ai pas de la haine, pas de la pitié, j'ai seulement envie de lui dire que c'est un salaud, qu'il a berné beaucoup de monde.»
Ce lien quasi filial qui unissait François Supéri à certains de ses pensionnaires, c'est Jean-Philippe T., 25 ans, qui l'évoque à son tour devant la cour. Actuellement détenu dans la région parisienne pour une affaire de vol à main armée, il témoigne entre deux gendarmes.
Revolver. Quand il arrive au Climont, en 1991, Jean-Philippe T. vient de sortir de prison pour une «histoire de moeurs»: «J'ai enfin rencontré un homme qui m'imposait un autre style de vie. J'avais du respect. J'ai appris à l'aimer comme si c'était mon propre père.» Il a à peine 16 ans quand à l'issue d'une soirée alcoolisée, encore, Supéri lui demande de mesurer son «degré d'homosexualité sur une échelle de 1 à 100». «2 à 3 %», répond l'adolescent.
Le directeur du centre lui impose une fellation, Jean-Philippe T. ne dit rien. Là encore, les relations dureront plusieurs années. François Supéri: «La sexualité était un canalisateur de violences. C'était peut-être aussi une forme de régulateur de tensions.» L'adolescent, lui, ressent surtout de la «haine», en vient à acheter une arme, mais ne met pas son projet à exécution tout compte fait, il revendra le revolver à Supéri. Il finira par dénoncer Supéri aux gendarmes, en février 1999, après avoir compris: «Je n'étais pas le seul, il y avait eu d'autres victimes avant moi, d'autres après.»
Du box des accusés, François Supéri cherche son regard: «Jean-Philippe, tu as bien fait d'aller voir les gendarmes. Car après tu as tourné la page. Tout va bien.» Quand il a vu le jeune homme entrer menottes aux mains, encadré par les forces de l'ordre, l'ancien directeur de Cheval pour tous a pleuré: «Je suis triste.» Il ajoute un peu plus tard, en réponse à une question du défenseur de Jean-Philippe T., Daniel Mory: «Bien sûr que je me sens responsable de cette détention. La question ne se pose même pas.»
Toute-puissance. François Supéri plaide coupable, reconnaît, après l'avoir nié pendant une partie de l'instruction, que ses victimes disent la vérité. Il tente néanmoins de con vaincre la cour qu'il croyait les adolescents consentants, que lui n'avait pas conscience de la gravité des faits: «Je n'étais pas un directeur de centre. Les jeunes vivaient avec moi, nous avions un projet commun. Je n'avais pas encore, à ce moment-là, compris que j'avais franchi la ligne jaune.» Il admet aussi, avec sans doute un reste de l'orgueil qui fit jadis sa toute-puissance, l'impact de son autorité: «Je pense tout simplement que j'étais très impressionnant.» François Supéri risque vingt ans de réclusion criminelle. Verdict jeudi.
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La Roche-sur-Yon
À 33 ans, elle « aimait » un garçon de 12 ans
Une mère de famille a eu une relation adultère avec un adolescent anglais pendant trois ans, en Vendée. Hier, le tribunal de La Roche l’a condamnée à vingt-quatre mois de prison, dont six ferme.
Jonathan (1) a 16 ans. Hier, lundi, il devait préparer sa rentrée en seconde, comme des milliers d’ados de son âge. Seulement, ce jour-là, la cour qu’il a en face de lui est celle du tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon. L’affaire qui l’amène a fait planer sur l’audience un sentiment de malaise teinté de retenue.
Entre janvier 2007 (il était alors âgé de 12 ans) et décembre 2010, Jonathan a été l’amant de Florence (1), une femme mariée, mère de cinq enfants âgés aujourd’hui de deux mois à 18 ans. Un amour improbable, douloureux, muré dans le silence et le secret d’une communauté catholique traditionnelle vendéenne.
Jonathan a 12 ans lorsqu’il est accueilli avec sa mère au sein de cette communauté. Le papa vit en Suisse. Très vite, une complicité s’installe entre l’enfant et Florence (1), une enseignante occasionnelle. Elle et son mari ont pris sous leur aile protectrice la famille du petit anglais. L’affection de la jeune femme de 33 ans pour Jonathan se concrétise par des gestes amoureux. Quelques baisers au départ, qui aboutissent rapidement « à une sexualité de couple », décrit pudiquement le président du tribunal Pierre Sénac. En toile de fond, une foi en Dieu, ancrée au plus profond d’eux-mêmes, qui leur donne mauvaise conscience. Ils se confient à plusieurs prêtres, mais rien ne sort du confessionnal.
Jusqu’en 2011 où le supérieur d’un établissement catholique entend le témoignage de l’enfant et rompt la loi du silence. Il impose une rencontre entre les deux familles et met Florence face à ses responsabilités. Elle s’adressera à un avocat pour faire ses aveux.
« Je croyais qu’il m’aimait »
Face aux juges, la jeune femme, frêle et l’air absent, évoque « un amour aveuglant. Mais c’est un péché mortel et cela me torturait. » « Cette relation était liée à des sentiments amoureux », assure son avocat, Me Rouiller. Selon l’expert, Florence ne souffre d’aucun trouble psycho-pathologique.
Me Gomot, l’avocat de la famille de Jonathan, plaide lui aussi dans la sobriété et la retenue, débutant son intervention par une parole du Christ : « La chair est faible. » Il poursuit par un rappel à la morale : « On ne dit pas je t’aime à un môme de cet âge-là. »
Jonathan, lui, se montre beaucoup moins sentimental. « Elle m’appelait chéri, mais moi, c’était toujours « madame » et « vous ». Je n’éprouvais rien pour elle, mais je ne disais rien car on m’avait dit que son mari pouvait être violent. » Florence baisse les yeux en soupirant : « Je croyais vraiment qu’il m’aimait. »
Avant de prononcer ses réquisitions, Hélène Bauza, procureure de la République, rappelle la gravité des faits. « Si cette affaire n’est pas jugée devant les assises, c’est parce qu’elle est qualifiée d’agression sexuelle et non de viol, qui est caractérisé par un acte de pénétration de l’auteur sur la victime. Ce n’est pas le cas ici, même si les conséquences physiques et intellectuelles sont comparables. » Elle réclame à l’encontre de Florence une peine de 24 mois d’emprisonnement, dont six mois ferme. « Elle était l’adulte. C’était à elle de dire non. »
Avis partagé par la cour, qui condamne la mère adultère à six mois de prison, 6 000 € d’amende et l’interdiction pendant 5 ans d’exercer une profession en lien avec des enfants.
(1) Les prénoms des protagonistes ont été modifiés.
Jean-Philippe GAUTIER.
De source http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-a-33-ans-elle-aimait-un-garcon-de-12-ans_39382-2109560_actu.Htm
Une indignation qui a vite alerté le modérateur du site web du quotidien régional, qui a répondu par mail aux commentaires au vitriol du twittos Thierry Poetic Lover (@CSPINYOURFACE) : « loin de nous l’intention de minimiser les faits », indique l’Est Républicain, qui ajoute que « la qualification d’atteinte sexuelle a été fixée par la justice » et que « le texte voulait alerter justement des dangers d’internet » avant d’admettre enfin que le texte « est assurément maladroit. Nous le retirons. Nos excuses. » Un retrait de l’article qui arrive bien tard et semble ne pas convaincre tous les internautes, choqués de voir qu’un tel papier ait pu être validé en amont par la rédaction...
Extrait de source http://www.terrafemina.com/societe/societe/articles/27377-un-abus-sexuel-transforme-en-amourette-lest-republicain-choque-twitter.html
Une prof couche avec une pré-ado : le web indigné après 2 articles. Pour @nathblu, cette polémique est justifiée >> http://t.co/XL2wQcFqBr
— Le Plus (@leplus_obs) July 3, 2013
#Laon Il lui a arraché le téton "par amour". L'homme a été placé en détention provisoire. http://t.co/DAmV9Rds5z
— L'Union-L'Ardennais (@UnionArdennais) July 18, 2013