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Attentats : le très large spectre de l'état d'urgence
C’est pas moi c’est lui… Le jeu dangereux de la presse française
Publié le lundi 23 novembre 2015 à 19h57
Mis à jour le mardi 24 novembre 2015 à 10h39
Edito, de source la Libre(.be)
Un commentaire de Francis Van de Woestyne, rédacteur en chef.
La presse française, plus précisément parisienne, se déchaîne ces derniers jours, sur la Belgique. À lire les reportages et éditoriaux, à entendre les émissions matinales, notre pays serait devenu “le berceau du terrorisme européen”, “une fabrique djihadiste”, une “Nation sans État”, “un Belgikistan”…
“Le Monde”, une référence, d’ordinaire nuancée dans ses analyses, fige la Belgique dans un portrait au vitriol. “ Au cœur de l’Europe, la sympathique Belgique est devenue une plaque tournante du djihadisme. Le pays”, écrit l’éditorialiste “doit se ressaisir”. Pour mieux enfoncer ces voisins insouciants, l’auteur rappelle : “ Il aura fallu qu’il connaisse la terrible affaire Dutroux, dans les années 90, pour qu’il réforme enfin sa police et sa justice”.
Nous n’avons évidemment pas attendu qu’une partie de la rédaction du “Monde” débarque à Bruxelles pour dénoncer les failles des services belges dans la lutte contre le terrorisme (voir ici), le laxisme coupable dont avait fait preuve l’ancien bourgmestre de Molenbeek, Philippe Moureaux, le manque de coordination entre les pays européens dans la traque aux djihadistes.
On ne peut évidemment nier que les attentats de Paris aient été décidés en Syrie, organisés en Belgique et perpétrés en France. Mais l’information a ses droits. Oui, il y avait des Belgo-Marocains, parmi les terroristes. Mais il y avait aussi des ressortissants français, vivant en Belgique. S’il est exact que plusieurs auteurs d’attentats sont passés par Bruxelles ou par Molenbeek, d’autres n’ont jamais quitté l’Hexagone sauf pour aller “se former” en Syrie. Des djihadistes, dont Nemmouche, ont été radicalisés dans les prisons françaises. Et Dutroux ? Que vient-il faire là dedans ? Faut-il que l’on reparle de l’affaire d’Outreau ?
La condescendance française n’a pas de limites. “ Loin d’isoler la Belgique, il faut l’aider à se protéger et c’est ce que font les services français”, écrit Le Monde. C’est sans doute oublier un peu vite que ce sont les renseignements des services belges et marocains qui ont permis de localiser la planque d’Abaaoud à Saint-Denis. Tiens mais comment est-il parvenu à quitter la Syrie pour revenir à Paris, celui-là ? Il y a une explication : la France s’est longtemps opposée à toute idée de PNR européen – le fichier des données des voyageurs aériens – lui préférant un PNR national. Aujourd'hui enfin, elle le réclame.
Reconnaissons-le : cet exercice – c’est pas moi, c’est lui…– a quelque chose d’un peu minable. On en est bien conscient. Il y a eu des failles partout. Et il est un peu vain de vouloir sans cesse rejeter la responsabilité des attentats de Paris sur d’autres pays amis. Ce petit jeu est d’ailleurs bien ce que cherche Daech : diviser, diviser diviser. En accablant les Belges de tous les maux, certains commentateurs sont tombés dans le piège tendu.
On le répète. Il n’est pas question ici de gommer certaines responsabilités et réalités belges, les lourdeurs institutionnelles qui peuvent gêner des enquêtes. Mais les critiques seraient plus faciles à accepter si elles venaient d’un État infaillible, un État qui serait un modèle du vivre ensemble et de l’intégration. Si c’était le cas, le FN, parti raciste, xénophobe, anti-européen, ne serait pas le premier parti de France. Mais sans doute les responsables du FN ont-ils été formés en Belgique…
3 commentaires
Selon @franceinfo, "un ministre" aurait déclaré : "Je ne resterai pas dans le gouvernement de Laval". On en est là #etatdurgence
— Andréa Fradin (@FradiFrad) 3 Décembre 2015
De suite, les mots qui fâchent? @marcuhry @combatsdh Ne devrait-on pas plutôt parler de la France des camps (38-46)? pic.twitter.com/Y4aruqCf6i
— Bruno Kant (@bkant) 26 Novembre 2015
Pour l’instant, personne n’ira donc en prison pour avoir participé au rassemblement interdit de dimanche, marqué par des affrontements avec les forces de l’ordre et des interpellations massives. «La justice n’a pas cédé à la pression des politiques», souligne Me Becker, qui estime que les poursuites n’avaient pour but que de «faire peur» et de «dissuader quiconque de braver l’interdiction de manifester».
Extrait de source http://www.liberation.fr/france/2015/12/03/manifestation-a-republique-jet-de-canette-et-trouble-majeur-a-l-ordre-public_1417926
Extrait de source http://www.liberation.fr/france/2015/12/03/3-1-et-36-1-deux-nouveaux-articles-pour-la-constitution_1417944