« Ados à adopter, qui veut mes ados ? | Garde d'enfants : bataille(s) autour d'une promesse » |
Quelques discours, le bon docteur et la naissance du récit noir
Deux dessins animés de Tex Avery sont des adaptations du conte. Notamment le fameux Red Hot Riding Hood. [...] En 2006, le groupe Evanescence sort un clip vidéo : Call me when you're sober (Appelle-moi quand tu seras dessaoûlé) dans lequel Amy Lee évoque une rupture. Le clip raconte l'histoire d'une jeune femme (le Petit Chaperon rouge) qui essaye d'échapper aux griffes du grand méchant loup. De source Wikipedia
Professeur Totem et Docteur Tabou, Nicole Claveloux, éditions Etre, 2006, page 15
Le diable assurément...
Naissance du récit noir
En 1558, Pierre Boaistuau publie Le Théatre du monde, premier manifeste français d'un humaniste angoissé qui rompt avec la vision optimiste des générations précédentes : « Mais, bon Dieu ! le diable s'est si bien emparé des corps et des esprits des hommes pour le jourd'hui et les a rendu si industrieux et ingénieux à mal faire... » [...] De fréquentes rééditions, des traductions en anglais ou en flamand, des adaptations et divers plagiats témoignent d'un succès immédiat. [...] Le monde représenté est un univers de cauchemar, envahi par la violence et le monstrueux, inversé par rapport aux codes alors en usage. L'individu est tout autant soumis aux « prodiges de satan » qu'à la terrible vengeance de Dieu. Faible, emporté par la fureur de ses passions, il se trouve dévoyé de sa nature divine.
Une histoire de la violence, Robert Muchembled, Seuil, 2008, p. 379
Le placement familial ; ses secrets et ses paradoxes,
Pierre Sans, L'Harmattan, 2006, p. 230
Ce qu'un enfant doit avoir
T. Berry Brazelton et Stanley I. Greenspan
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Morel
Chez Stock / Laurence Pernoud 2001.IX, de l'introduction
Les recherches menées en 1989-1991 par la National Commission for Children ont montrées que notre pays était en retard sur beaucoup d'autres cultures pour son soutien à la cohésion familiale. Nous risquons de le payer très cher en ce qui concerne les comportements de nos enfants - drogue, violence et délinquance. Nos petits enfants vont vivre dans la même société que les descendants des familles négligées. Les vôtres aussi.
Au cours de nos activités de médecin et d'avocat de la cause infantine, nous avons, l'un et l'autre, vu de grands signes d'espoir ; une prise de conscience gagne tout le pays et de nouveaux programmes faisant de l'intérêt bien compris de l'enfant une véritable priorité se développent partout.
La petite enfance est le moment à la fois le plus décisif et le plus sensible du développement. Les recherches, les nôtres parmi d'autres, ont démontré que les ingrédients du développement intellectuel, affectif et moral sont transmis à l'enfant au cours des toutes premières années. Si ce n'est pas le cas, ces ingrédients peuvent être acquis au cours de la croissance, mais plus difficilement et moins parfaitement au fur et à mesure que les années passent. On ne doit pas négliger les enfants au cours de ces années.
(...) Dans le premier établissement, une femme était assise dans un coin en fixant le sol du regard. Autour d'elle, quatre bébés rampaient, ne paraissaient s'intéresser qu'à leur propre corps ou aux objets qu'ils pouvaient voir ou toucher. L'un d'entre eux se prit la main dans un jouet. La femme alla vers lui, libéra sa main, dit : « Ca y est » et revint silencieusement vers sa chaise. Un autre bébé se heurta avec son biberon à moité plein. La femme le prit, l'installa maladroitement sur ses genoux, face au mur, pour lui faire boire le reste de son lait. Une fois le biberon terminé, elle replaça le bébé par terre sans un mot. La salle était silencieuse. Aucun signe des gestes familiers, des sons et des expressions qui relient les personnes.
Etait-ce là une mère surmenée, économiquement défavorisée, dans une situation familiale menacée ? Une nourrice débordée dans un quartier défavorisé ? Non, en réalité, cette scène se passait dans une crèche de quartier bourgeois. La femme était une aide puéricultrice payée au minimum. Le directeur de cet établissement privé, subventionné, bien entretenu, nous dit : « Elles sont toutes comme ça. »
(...) Cette scène se passait dans une des meilleurs maison de retraite de la ville. Là aussi, nourriture, hygiène et soins médicaux étaient excellents.
C'est « l'amour institutionnel ». C'est le lot, à chaque bout de la vie, aussi bien des pauvres que des riches, de ceux qui, en raison de leur âge et de leur impuissance, sont tributaires de l'aide des autres. Nous savons tous de quel genre d'aide il s'agit. Mais nous ne pouvons pas penser que c'est celle que recoivent les personnes que nous aimons.
On peut se persuader qu'en payant le prix on aura de bons services. En fait, dans certaines entreprises, la participation des parents aux crèches situées sur le lieu de travail crée le sentiment d'une sorte de famille élargie. Les écoles maternelles qui encouragent la participation des parents retirent des avantages de leur présence. Une infirmière chef compatissante dans une maison de retraite peut y apporter une touche personnelle. Mais, hélas, ce sont là des exceptions. L'ironie est que, si cet état de choses perdure, dans quatre-vingt ans, les bébés d'aujourd'hui se trouveront replongés dans ces environnements impersonnels qui leurs sembleront étrangement familiers.
(...) Si l'on considère le niveau d'organisation sociale requis pour avoir un gouvernement, un système militaire et une économie capable d'assurer notre survie dans le monde moderne, on est stupéfait. Les hommes doivent être capables de travailler en groupe dans tous les domaines de leur existence. Il faut s'organiser et coopérer au sein des groupes familiaux et sociaux pour fonctionner. On ne peut le faire sans empathie ni compassion, sans compréhension ni tolérance envers les autres, sans un comportement adulte. Les nouvelles générations ne sauront assumer ces fonctions que si elles sont élevées dans des familles attentionnées et empathiques.
Les sociétés modernes, si elles veulent rivaliser sur le plan économique et militaire à travers des structures gouvernementales stables, doivent assurer une bonne éducation aux enfants qui sont les adultes de l'avenir.
Du bulletin ARTE n° 12, 2005
In nomine patris
Myriam Tonelotto et Marc Hansmann, 2005, France/Allemagne, 52mn
Sous prétexte de défense de la paternité, une poignée de réactionnaires souvent proches de l'extrême droite tente de réviser un siècle de droits des femmes. A travers la fable du petit chaperon rouge, mise au point sur la réalité de ce mouvement. Avis aux médias et aux politiques naïfs... Vu sur Cine-Resistances, newsletter n°4, 2006. Plus d'infos sur tvbruits.org
Dossier : L'animal et l'imaginaire des enfants
Enfances & Psy, Eres, n° 35 2007/2
Comment illustratrice et poète travaillent ensemble pour les enfants
Françoise Armengaud Martine Bourre
Résumé de l'article. Martine Bourre, l’illustratrice, et Françoise Armengaud, l’auteur des poèmes des Bêtes de longue mémoire, s’entretiennent au sujet de leur collaboration pour cet album destiné aux enfants à partir de 8 ans. Elles abordent, notamment, les questions des techniques du dessin et du collage, du rapport entre texte et image, des relations entre les enfants et les animaux, de l’attitude des sociétés à l’égard des animaux, ainsi que du lien entre émotion d’enfance et création.
L'analyse de Bruno Bettelheim - la Psychanalyse des contes de fées - repose cependant sur un conte tronqué. En effet Charles Perrault fixa l'une des centaines de versions du Petit Chaperon Rouge en éliminant des détails qui ne lui signifiaient rien alors qu'ils ont une importance capitale dans l'analyse de l'histoire. Avant de traverser la forêt, le Petit Chaperon Rouge doit choisir entre deux chemins: celui de l'aiguille ou celui de l'épingle. L'aiguille qui sert à broder/repriser fait saigner. C'est l'apprentissage et la maîtrise des menstrues; le stade de l'adolescence. L'épingle est celle mise dans la coiffe de la mariée, le stade adulte. Par ces choix, la petite fille doit respecter les étapes. Elle ne peut se marier que si elle est nubile, mature. D'autres détails d'importance analytique ont pu échapper à Bruno Bettelheim dans le même conte et dans les autres. Voilà pourquoi le bon ouvrier ne fait pas le bon instrument, si ce dernier est escamoté. De source Wikipedia
Le loup est un personnage de conte dans la tradition. Dans le conte de fées, le loup apparaît souvent comme exutoire de l'angoisse qu'il génère. En effet, de nos jours, le loup est plutôt une espèce disséminée mais au Moyen Âge le loup était l'une des grandes peurs populaires. Dans d'autres récits, il peut inversement apparaître comme une figure sécurisante et tutélaire. De nos jours, démystifié, le loup est souvent montré de façon ironique, et sert surtout à changer le regard sur l'autre, non sans tendresse. Egalement de source Wikipedia
Survivre avec les loups
Date de sortie : 16 Janvier 2008
Réalisé par Véra Belmont
Durée : 1h 58min
Année de production : 2007
Distribué par Bac Films
Synopsys. Une petite fille de 8 ans parcourt l’Europe nazie à la recherche de ses parents. Elle s’appelle Misha. Elle est juive. Son père et sa mère viennent d’être déportés. Elle ne sait qu’une seule chose : ils sont à l’est. A l’aide d’une simple petite boussole, elle quitte sa Belgique natale et rejoint l’Ukraine à pied, traversant l’Allemagne et la Pologne, dans l’espoir de les retrouver. Pour survivre, elle vole de la nourriture et des vêtements. Pour survivre, elle évite les hommes et leur violence. Pour survivre, elle intègre une meute de loups. Et devient l’une des leurs.
D'après le récit autobiographique de Misha Defonseca, un témoignage poignant sur la cruauté des hommes et l'humanité des animaux.
Critique
"Survivre avec les loups" : raconter la Shoah aux enfants
LE MONDE | 15.01.08 | Extrait
L'histoire est authentique. Elle a été racontée par Misha Defonseca, dans un livre traduit en dix-sept langues. Juive, d'origine belge, la petite Misha, 8 ans, est hébergée en 1942 dans une famille de Bruxelles après la disparition de ses parents dans une rafle. Elle assiste à l'arrestation du couple de fermiers chez lesquels elle se sent en sécurité et s'enfuit à travers la campagne. Elle erre ainsi à pied durant trois ans, traversant l'Allemagne, puis la Pologne, pour être recueillie en Ukraine en 1945. Elle se réfugie dans les bois, les forêts, vole de temps à autre un peu de nourriture et des vêtements dans des maisons isolées, se nourrit de vers de terre et de chairs sanguinolentes en compagnie d'une meute de loups. Endure le froid, la neige, la faim, la menace des soldats allemands qui traquent des mômes échappés du ghetto de Varsovie...
Vendredi 29 Février 2008
Defonseca: Mentir avec les loups
leJDD.fr, extrait
Misha Defonseca, l'auteur de Survivre avec les loups, vient d'avouer au Figaro que son livre, présenté comme un récit autobiographique, n'était qu'une fiction. Traduit dans dix-huit langues et dévoré par des millions de lecteurs à travers le monde, ce best-seller est actuellement à l'affiche dans une adaptation cinématographique réalisée par Vera Belmont.
CINEMA
"Survivre avec les loups" : une histoire inventée
NOUVELOBS.COM | 29.02.2008 | Extrait
Après avoir prétendu le contraire, la romancière belge Misha Defonseca avoue que le récit de son best-seller, actuellement sur les écrans, est en fait imaginaire. Au risque de décevoir des millions d'aficionados.
Alors qu'elle avait prétendu que l'histoire qui a inspiré son livre, et le film à succès de Véra Belmont, "Survivre avec les loups", était vraie, la romancière belge Misha Defonseca a avoué, dans une interview publiée vendredi 29 février par Le Figaro, que le récit, présenté comme autobiographique, est en fait une supercherie, une histoire inventée.
Quand Monique est devenue Misha
Misha, l'héroïne de l'histoire, n'est pas la petite fille juive de 8 ans partie à pied à travers une Europe en guerre pour retrouver ses parents aux mains de la Gestapo et qui réussit à survivre grâce à une meute de loups.
"Je m'appelle Monique Dewael, mais depuis que j'ai 4 ans je veux l'oublier", révèle Misha Defonseca dans cet entretien où elle "demande pardon à tous ceux qui se sentent trahis".
Celle qui est devenue Misha Defonseca est catholique comme en atteste un extrait de registre de baptêmes de sa ville de naissance, Etterbeck en Belgique. Son père a été déporté non parce qu'il était juif, mais résistant.
Cette histoire c'est "ma réalité"
"Mes parents ont été arrêtés quand j'avais 4 ans. (...) À part mon grand-père, j'ai détesté ceux qui m'avaient accueillie. Ils me traitaient mal. Je me sentais 'autre'. C'est vrai que, depuis toujours, je me suis sentie juive et plus tard, dans ma vie, j'ai pu me réconcilier avec moi-même en étant accueillie par cette communauté".
"Ce livre, cette histoire, c'est la mienne. Elle n'est pas la réalité réelle, mais elle a été ma réalité, ma manière de survivre", souligne encore Misha Defonseca. La seule qui ait profité de ce succès, c'est son éditrice américaine Jane Daniel "qui a vu dans ma vie une mine d'or", ajoute-t-elle.
L'éditeur dit avoir été trompé...
«Survivre avec les loups» : l'éditeur présente ses excuses
lefigaro.fr, 29/02/2008, extrait
Après avoir avoué dans nos colonnes que son best-seller était pure invention, Misha Defonseca provoque la déception de Bernard Fixot et de la cinéaste Véra Belmont.
Ils lui en veulent «un tout petit peu», mais se sentent surtout «très tristes», depuis qu'ils ont appris la nouvelle du mensonge de Misha Defonseca révélé, vendredi matin, par Le Figaro. Bernard Fixot, l'éditeur français de son récit vendu à près de 200 000 exemplaires (XO Éditions), et Véra Belmont, la réalisatrice du film Survivre avec les loups , qui a totalisé plus de 540 000 entrées en France, avaient pourtant «cru», malgré «des invraisemblances», à son autobiographie racontant l'épopée, en 1941 à travers l'Europe, d'une fillette juive de 8 ans sauvée par une meute de loups.
«Misha a menti, mais son histoire n'est pas moins incroyable que celle de ces gens d'un héroïsme extraordinaire revenus des camps», l'excuse l'éditeur, qui hésitait encore hier entre insérer un rectificatif dans le livre ou bien le retirer carrément de la vente. «J'ai beaucoup de chance d'être à ma place et non à celle de Misha, qui a dû vivre toute sa vie avec ce lourd secret», confiait-il juste après avoir raccroché avec l'auteur. Bernard Fixot reconnaît avoir une part de responsabilité «envers les enfants juifs qui ont été déportés» et «présente de plates excuses à ceux qui y ont cru».
De « J'ai menti », pages 82-83, après que Virginie ait relaté le déroulement de l'instruction, des procédures, d'une audience chez le juge, un retour au foyer et un entretien avec un psychologue, les conclusions de ce dernier : « ... le discours de Virginie nous est apparu totalement crédible et fiable. »
La protection de l’enfance en procès
Le 3 mars s’est ouvert le procès de 66 adultes accusés d’actes pédophiles. Comment des enfants ont-ils pu être abusés sexuellement durant des années alors que la plupart des familles étaient suivies par les services sociaux ? Enquête.
Le Pélerin, publié le 02/03/2005, extrait
Respecter le droit des parents
La tâche des services sociaux est encore compliquée par un principe très contraignant : le respect des droits des parents. Ce principe s’est imposé, en France, dans les années 1980, lorsque notre pays a voulu se conformer aux recommandations de la Cour européenne.
Il s’agissait aussi de corriger certains excès. Par exemple, lorsque l’Assistance publique plaçait des enfants contre le gré de leurs parents, à des kilomètres de chez eux. Pour y remédier, la loi du 6 juin 1984 oblige l’ASE à associer les familles aux décisions administratives les concernant. Impossible, par exemple, d’imposer un placement sans obtenir une ordonnance de la part du juge des enfants. Lui-même doit respecter des règles précises.
Ainsi, le Code civil préconise que « chaque fois qu’il est possible, le mineur doit être maintenu dans son milieu actuel » (sa famille NDLR) et que le juge « doit toujours s’efforcer de recueillir l’adhésion de la famille à la mesure envisagée. » « Notre but n’est pas de stigmatiser encore plus les parents défaillants, mais de les restaurer dans leur rôle de parents », explique Hélène Franco, juge des enfants au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis). « Il faut comprendre qu’on ne peut rien faire sans eux. Fragilisés par leurs difficultés et par l’humiliation de voir leur enfant placé, ils ont d’abord besoin d’être encouragés », souligne une éducatrice de l’ouest de la France, qui reconnaît que, parfois, cela peut se faire au détriment des enfants.
Voleurs d'enfants, de Henri Darbes, page 25, « - "Dobil, j'ai vu la maîtresse. Je lui ai expliqué pour la culotte... Elle m'a répondu : j'ai fait une information signalante auprès des services sociaux des Gravelinines. Quand je lui ai demandé pourquoi elle avait fait ça au lieu de nous contacter, elle a répondu : comme ça, on verra s'il n'y a pas de problèmes chez vous..." »
Justice : le procès de pédophilie à Angers
Angers : “ Je suis passée au travers de quelque chose ”
lanouvellerepublique.fr, le 07/04/2005, extraits
Témoignage noyé de larmes, hier à l'audience, de l'institutrice qui a accueilli de septembre 2000 à juin 2001, la principale victime du procès de pédophilie et d'inceste d'Angers, une fillette née en 1995.
... Les environnements sociaux, c'est aussi les différents intervenants qui ont été en contact avec les V… et leurs enfants. L'institutrice qui a accueilli Marine (1), de septembre 2000 à juin 2001, en grande section de maternelle se souvient d'une enfant « qui arrivait fatiguée le matin ». Explication lapidaire des parents : « Elle a la télé dans sa chambre. Elle la regarde le soir avec sa petite sœur .» L'enseignante est frappée aussi par « le manque d'hygiène, la bouche pas très propre, les vêtements d'été alors qu'il ne faisait pas chaud ». Et ce « gros problème de poux » qui l'amène à exiger un traitement auprès des parents. Constatant que la fatigue de Marine s'aggrave, l'institutrice fait appel à un psychologue et à un médecin scolaires.
A-t-elle constaté pour autant des signes de maltraitance physique, lui demande un avocat de la défense. La réponse arrive un peu plus tard, d'une voix brouillée par les larmes : « Je me rends compte aujourd'hui que je suis passée à travers de quelque chose .»
Et ce quelque chose, ce n'est pas rien. L'assistante sociale du conseil général qui a suivi la famille V…, de septembre 1999 à juillet 2001, rapporte qu'en novembre 1999 la directrice de l'école l'a appelée pour lui faire part d'inquiétantes confidences de Marine. La fillette aurait parlé d'un « monsieur avec une cagoule sur la tête qui (lui) aurait fait des guilis ». La directrice évoque aussi le « comportement à caractère masturbatoire, extrêmement équivoque et violent » de Marine lors d'une sieste.
L'assistante sociale explique le « travail laborieux » mené auprès des V…, qui alternent vis-à-vis d'elle « progrès, semblants de collaboration, régressions, attitudes vindicatives. Aujourd'hui, ça peut s'assimiler à de la manipulation. »
Pas de doute, on est entré hier de plain-pied dans le débat sur le rôle des travailleurs sociaux.
L’enfance en danger. Ils n’ont rien vu ?
Auteur(s): Catherine Sellenet - éd. Belin, 2006 (236 p. ; 19 €)
Publication n° 818 du 23 novembre 2006, par Jacques Tremintin, extrait
La protection de l’enfance aurait-elle fait faillite ? Entre les accusations de Maurice Berger et les affaires tant d’Outreau que d’Angers, on peut se le demander. Deux courants se distinguent dans cette pratique. D’un côté ceux qui préconisent la co-éducation avec des familles qui doivent être plus accompagnées que suivies, plus reconnues dans leurs compétences même partielles que stigmatisées et à qui l’on doit proposer des solutions de suppléance plutôt que de se voir substituées auprès de leur enfant. De l’autre côté, il y a ceux qui dénoncent l’idéologie du maintien des liens qui mène à sous-estimer la notion de risque, voire de danger, dans une volonté de privilégier à tout prix la contractualisation avec les parents, au détriment de mesures autoritaires seules à même parfois de vraiment réussir à protéger l’enfant.
Catherine Sellenet refuse toute logique sacrificielle qui amènerait à devoir choisir entre l’éviction des parents et le « tout parent ». Elle revendique au contraire un modèle mixte. Chaque époque a toujours dénoncé ce qu’elle considérait comme de mauvaises pratiques, tout en énonçant celles qu’elle estimait justifiées. Ce qui était considéré comme allant de soi hier est rejeté aujourd’hui à l’image de ces professionnels qui n’osent plus toucher les enfants, les câliner ou leur manifester leur affection, au risque de se faire accuser de pédophilie ! Certes, la famille reste la principale responsable des actes de maltraitance sur enfant, la mère intervenant dans 38,8 % des cas de maltraitance physiques, ainsi que dans 43,2 % des cas de maltraitance psychologique et le père dans 30,8 % des agressions sexuelles. Pour autant, les modes d’appréhension de la réalité ont évolué. L’approche écologique permet d’élargir le champ des connaissances : en s’ouvrant à la multiplicité des facteurs issus de l’environnement, elle évite les explications simplificatrices. Il n’est plus question aujourd’hui de travailler sur les familles ni pour elles, mais avec elles, car elles sont considérées comme potentiellement perfectibles. Dans une société qui valorise l’autodétermination et l’individuation, l’accompagné reste celui qui doit se mettre au travail, trouver son chemin. ...
Le plaisir de tuer
de Michel Dubec, Chantal de Rudder
Seuil, février 2007, coll. H.C. essais
Présentation de l'éditeur. Michel Dubec est psychiatre et psychanalyste. Il aurait pu se contenter de soulager les névroses dans un cabinet cosy. Mais il est devenu expert auprès des tribunaux, et depuis un quart de siècle, a côtoyé les pires meurtriers, de Carlos à Guy Georges. Pédophiles, escrocs, terroristes d'Action Directe, islamistes, psychopathes, tueurs en série, son journal professionnel est un véritable Bottin mondain du crime. C'est ce qu'il nous conte ici grâce à la plume incisive de Chantal de Rudder. Poussé dans ses retranchements, il accepte de ne rien laisser dans l'ombre. Elle l'entraîne loin, au plus profond des " monstres " qu'il a scrutés mais aussi de lui-même. Longtemps il a justifié sa présence sur la galère de l'expertise judiciaire par sa fibre sociale, ses origines plus que modestes, la dynastie de truands dont il est issu, le voyou qu'il aurait pu être. Et puis il a rencontré Paul Touvier, le premier collabo français jamais jugé pour crime contre l'humanité. L'histoire de la famille Dubec, c'est l'histoire de la Shoah. Face à Touvier, Michel Dubec réalise qu'il se mesure depuis toujours à l'énigme du mal : " Ici, il n'y a pas de pourquoi " avait lâché un garde-chiourme d'Auschwitz au déporté Primo Levi. Au fil d'une quête aussi captivante qu'une enquête, Michel Dubec réussit à nous faire toucher l'âme du crime.
L'ECOLE DU SOUPÇON
Première diffusion : mardi 2 octobre 2007 à 20:40 (câble, satellite et TNT).
Durée : 52'
Auteure-réalisatrice : Marie-Dominique Robin
Production : France 5 / Image & Compagnie / Planète
Année : 2007
Face aux affaires de pédophilie, et tout en voulant protéger les enfants, certains experts tirent régulièrement la sonnette d'alarme pour inciter les politiques, les médias et l'opinion publique à se garder de jugements hâtifs. Ce film se penche sur les dérives de la lutte contre la pédophilie et à leurs conséquences, notamment sur l'évolution de l'école.
Mes élèves peuvent s'entre-tuer dans le vestiaire, je n'y entrerai pas, explique Bruno, professeur d'éducation physique. Je préfère être accusé de non-assistance à personne en danger que d'agression sexuelle sur mineur. Dans un cas, je pourrai me défendre, dans l'autre non." ...
L'école du soupçon
Les dérives de la lutte contre la pédophilie
Marie-Monique Robin
La Decouverte, essai, 2005
L'ultime tabou : Femmes pédophiles, Femmes incestueuses
de Anne Poiret
chez Patrick Robin, 2005
L’enfance en danger. « Ils n’ont rien vu » de Catherine Sellenet
par Anne-Marie Doucet-Dahlgren
Sociétés et Jeunesses en Difficultés n° 3, printemps 2007, extrait
En choisissant pour son ouvrage un titre généraliste – qui sonne aussi comme une alarme – « L’enfance en danger », et un sous-titre digne d’une intrigue romanesque : « Ils n’ont rien vu », C. Sellenet prend le parti de mettre simultanément l’accent sur l’existence d’une enfance confrontée à une multitude de mauvais traitements dans notre société, et sur la défaillance du système actuel de protection de l’enfance qui devrait combattre ce phénomène. Elle propose pour cela un état de la question élaboré en recueillant les points de vue des professionnels, des acteurs institutionnels et des acteurs politiques sensibilisés aux problèmes de l’enfance. Si seuls certains de ces partenaires sont aujourd’hui montrés du doigt, il n’en demeure pas moins – en effet – que c’est tout un système qui est concerné et qu’il semble vain de vouloir jeter la pierre à l’un ou à l’autre. Le livre est construit de manière que le lecteur puisse comprendre la logique de ce système de protection de l’enfance, par delà la complexité de son organisation en terme de mesures, de dispositifs de prise en charge, etc. Chaque chapitre présente donc un de ces aspects, sous un intitulé clair et pertinent.
La piste privilégiée par l’auteur est d’abord d’expliciter les bases sur lesquelles s’appuie la protection de l’enfance, en en rappelant l’histoire. Le cadre juridique français est ainsi revisité à partir de la iiie République, afin de repérer ses spécificités face à un enfant en situation de maltraitance qu’il se doit de protéger, mais aussi de comprendre ce que protéger signifie : protéger contre qui et contre quoi… Les choses auraient-elles changé aujourd’hui ? ...
Les pères en débat
Regard croisés sur la condition paternelle en France et à l'étranger
de Catherine Sellenet, collectif
chez Eres, 2007