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De malentendus en coups du sort, l'honneur sali de la famille Clövers
Édition du mardi 17 février 2009
Sète, Midi Libre, extrait
Sabrina Clovers assure que son père, condamné en 1997, n'a jamais abusé d'elle
La condamnation de Rudolph Clovers repose d'abord sur les accusations de M me Vachez. En août 1996, au camping "Le Castellas", à Sète, elle est la voisine de tente de la famille allemande. Le 24 août, elle va au commissariat pour faire part de ses soupçons. Elle aurait aperçu M. Clovers couché sur sa fille Sabrina, le bermuda baissé. Si d'autres vacanciers du camping accableront les époux Clovers, M me Vachez est le seul témoin direct. En 1997, quelques mois après les révélations de l'affaire Dutroux, la parole des enfants est écoutée avec attention.
NDLR : Voir également l'un de mes billets d'octobre dernier, Et Maintenant ? Extraits...
Si vous détestez vos voisins ou si leur marmaille vous ennuie, c’est différent, n’hésitez pas, le signalement d’un enfant en danger est une obligation prévue par la loi. [...] L’intervention sociale n’est pas garantie, mais vous avez vos chances avec ce loto. N'espérez pas un résultat immédiat, on constate parfois une certaine inertie, de l’ordre de 3 mois à deux ans avant la disparition des enfants (ou du chien dans l'exemple décrit). Discutez du problème dans le quartier, les choses pourraient se précipiter si le signalement est confirmé par le voisinage. Si, plus tard, le quartier s'apercevait qu'il pourrait y avoir eu une erreur d’appréciation, soyez assuré que, pour leur part, les professionnels auront tout fait « dans l’intérêt des enfants ».
Voir également Le droit au respect de la vie privée et familiale et En Suisse, « la justice a maltraité les enfants ». Tout aussi instructif, Le sujet était le suivant : « Racontez une histoire heureuse ou triste » et The Mother, The Child, The School Board And The Psychic.
De malentendus en coups du sort, l'honneur sali de la famille Clövers
LE MONDE | 21.02.09 | 13h38 • Mis à jour le 21.02.09 | 13h38
Sabrina Clövers, une Allemande âgée de 20 ans, dénonce aujourd'hui les malentendus qui ont conduit ses parents en prison en France. A la suite d'un accrochage avec une voisine de camping à l'été 1996, son père, Rudolf Clövers, a été condamné l'année suivante à douze ans de réclusion criminelle et à la déchéance de ses droits parentaux par la cour d'assises de l'Hérault pour viols et tentative de viols sur ses enfants, Florian et Sabrina.
Leur mère Elke, condamnée à deux ans de prison pour complicité et non-assistance à personne en danger, a effectué quinze mois de détention. Le témoignage de Sabrina, dont les parents sont aujourd'hui divorcés, permet à Me Ralph Blindauer, avocat de M. Clövers, de saisir la commission de révision des condamnations pénales de la cour d'appel de Paris, au terme d'un parcours ahurissant.
Cet été 1996 devait être une douce parenthèse dans le quotidien plutôt sombre des Clövers, une famille allemande à la lourde histoire médicale. Avec Florian, 11 ans, et Sabrina, 8 ans, qui portent encore des couches et suçotent des tétines, les Clövers ne passent pas inaperçus lorsqu'ils plantent leur tente au camping du Castellas à Sète (Hérault) pour six semaines.
Outre des troubles cérébraux et des problèmes de coordination, Florian souffre d'épilepsie, d'énurésie et d'encoprésie primaire (défécation permanente). Son état de santé accapare les siens. Il se montre violent verbalement comme physiquement avec sa mère et sa petite soeur, sourde à 30 %.
Depuis la naissance de leurs enfants, les Clövers sont suivis en thérapie familiale au Kinder Zentrum München, un centre de pédiatrie social bavarois, mais leur vie n'a jamais été légère.
Né avec une atrophie optique, le père est affligé d'une affection de l'ouïe évolutive qui le contraint, depuis 1976, au port permanent de prothèses auditives. Alors qu'il s'est péniblement hissé à un poste de cadre commercial, il a été déclaré inapte au travail en 1993. Cette mise à la retraite forcée à 40 ans a déclenché un état dépressif, des problèmes d'alcool et d'obésité. Asthmatique, Elke est très ébranlée depuis ses grossesses difficiles.
Au camping, on regarde un peu en biais ces gens pas comme les autres. Même le chien de Madame V., une voisine de tente, semble avoir ses préventions. Il les manifeste en sautant sur Sabrina puis sur Elke. Excédé, Rudolf - qui sera hospitalisé le jour même pour une attaque cérébrale - formule des doléances à l'office du tourisme, le 22 août.
Le surlendemain soir, les époux Clövers sont interpellés. Mme V. a accusé Rudolf d'avoir "enfourché" Sabrina en pleurs "caleçon baissé". Elke se serait, selon elle, postée devant la porte de la tente "pour masquer la scène". Coïncidence ? Depuis plusieurs jours, les transistors et téléviseurs portables du camping comme ceux de l'Europe entière relaient les détails effroyables de l'affaire Marc Dutroux, le pédophile meurtrier belge.
En maillot de bain mouillé et vêtue d'un simple tee-shirt, Elke passe vingt-quatre heures en garde à vue, privée d'eau et de ses lunettes. En short et polo, Rudolf - qui ne recevra d'autres vêtements que quatre mois plus tard - demeure deux jours sans manger. Il se voit surtout refuser tout au long de la procédure, et jusqu'à son procès, ses indispensables prothèses auditives. Selon M. Clövers, le policier menace de lui "couper la queue", et propose un marché à celui qu'il traite de "merde allemande" et de "sale cochon". Si Rudolf, "malade de la tête", reconnaît les faits, il ira dans un asile psychiatrique, tandis que la famille regagnera l'Allemagne.
M. Clövers refuse d'avouer ce qu'il n'a "pas fait". Un interprète l'enjoint de signer la déposition qu'il ne comprend pas, sous peine "d'aggraver (son) cas".
Terrorisés, les enfants ont été dirigés vers un hôpital. D'après les examens médicaux, l'hymen de Sabrina était intact, et Florian vierge de toute marque traumatique. Mais l'encoprésie dont souffre le garçon occasionne un élargissement du sphincter anal qui autorise toutes les interprétations.
Sabrina se souvient d'interrogatoires elliptiques ou inductifs par interprète interposé. On lui demande de "dire la vérité sur ce qui s'est passé pour que papa puisse se faire soigner". Or, son père a été hospitalisé deux jours plus tôt... "J'ai fini par dire oui à tout pour avoir la paix, explique-t-elle, mon frère et moi, on ne comprenait rien et on avait peur." Les transcriptions d'auditions de Florian sont elles aussi troublantes, avec leurs phrases à rallonge alors que, lourdement handicapé, il était incapable d'aligner plus de trois ou quatre mots.
Sabrina a vécu quatre ans dans une famille d'accueil française dont elle est repartie à l'âge de 12 ans en ayant oublié l'allemand. Florian, lui, avait rejoint un centre spécialisé. Leur mère n'a recouvré ses droits parentaux qu'après son divorce durant la détention du père.
Libéré en mai 2003, M. Clövers a subi les violences sexuelles réservées par le milieu carcéral aux pédophiles et fait des tentatives de suicide. Il est employé dans une entreprise de pompes funèbres en Allemagne. Sabrina est déterminée à lui rendre son honneur, "pour ne plus vivre avec ça".
Patricia Jolly
Édition du mardi 17 février 2009
Sète, Midi Libre, extrait
Sabrina Clovers assure que son père, condamné en 1997, n'a jamais abusé d'elle
Sabrina Clovers le dit calmement mais fortement : « Mon père n'a jamais rien fait, je veux juste dire la vérité. » Son père, Rudolph Clovers, de nationalité allemande, a été condamné à Montpellier, en 1997, pour le viol, durant l'été 1996, de ses deux enfants, Sabrina et Florian, âgés respectivement de 8 et 11 ans au moment des faits. Condamné à douze ans de réclusion, il est sorti, par le jeu des remises de peine, après huit ans.
Sabrina, aujourd'hui âgée de 20 ans, insiste pour réhabiliter son père, qui vit en Allemagne et qu'elle n'a revu qu'à la fin de l'année 2006 : « Je n'ai pas de super relations avec lui, mais il n'a jamais abusé de moi. » L'un de ses avocats, Ralph Blindauer, dénonce « probablement l'une des plus graves erreurs judiciaires qu'il ait été donné de voir. » Il a déposé, le 22 décembre dernier, une requête devant la cour de révision des condamnations pénales.
La condamnation de Rudolph Clovers repose d'abord sur les accusations de M me Vachez. En août 1996, au camping "Le Castellas", à Sète, elle est la voisine de tente de la famille allemande. Le 24 août, elle va au commissariat pour faire part de ses soupçons. Elle aurait aperçu M. Clovers couché sur sa fille Sabrina, le bermuda baissé. Si d'autres vacanciers du camping accableront les époux Clovers, Mme Vachez est le seul témoin direct. En 1997, quelques mois après les révélations de l'affaire Dutroux, la parole des enfants est écoutée avec attention.
Reste à savoir dans quelles conditions elle a été recueillie. « On a déformé les paroles de Sabrina », déplore une autre avocate de la jeune femme qui suit le dossier depuis le début. « Je disais "oui" à tout ce que l'on me demandait de dire parce que j'en avais marre », explique Sabrina. Me Blindauer s'étonne d'une instruction menée « uniquement à charge » et d'éléments troublants. « Dans les procès-verbaux, les phrases de Florian font une centaine de mots alors qu'il ne pouvait pas en aligner plus de 4 ou 5. » C'est que Florian souffre de handicaps, tant physiques qu'intellectuels. Des médecins allemands, entendus à l'époque, sont formels : il ne pouvait pas comprendre les termes du procès-verbal. D'autres faits corroborent, selon l'avocat : « On a fait dire à Sabrina qu'elle avait été violée depuis des années. Or, les expertises prouvent que son hymen était intact ». Me Blindauer espère que la cour de révision tiendra compte de ces éléments à décharge et ordonnera d'autres investigations.
Damien DUBUC
Devant les députés, les avocats d'Outreau décrivent leur impuissance à défendre les accusés
"Mon client a été caricaturé à loisir"
LE MONDE | 27.01.06
Me Caroline Matrat-Maenhout, l'avocate de Thierry Dausque, a été entendue par la commission jeudi 19 janvier.
Extrait de son audition.
Thierry Dausque, c'est l'illustration de la justice des pauvres. J'ai été commise d'office en février 2002. Mon client a été mis en examen et placé en détention en mars 2001. Pendant plus d'un an, il a été seul, sans famille, sans avocat. Nos confrères ne peuvent pas toujours assumer la défense dans le cadre de la commission d'office.
Je vais le visiter. Il me parle d'un épisode particulièrement traumatisant : sa confrontation, seul, face à ses trois accusateurs assistés de leurs avocats, au juge et à son greffier. Il a toujours souhaité un avocat. Il était seul ce jour-là. Thierry Dausque, c'est celui qui n'intéressait personne. On l'a caricaturé à loisir : un chômeur connu pour ses excès de boisson, donc forcément quelqu'un qui avait violé des enfants. Il ne parlait pas la même langue que les gens qui le questionnaient. Il est important que la magistrature se mette à la portée des gens. Le président de la cour d'assises (du Pas-de-Calais) m'est apparu comme un théoricien, pas comme quelqu'un qui avait le souci des gens.
Franck Lavier a également dénoncé l'"extravagance" des accusations portées contre lui par sa belle-fille, qui avait affirmé avoir été violée par trois hommes en même temps alors qu'elle est vierge et le fait qu'il ait été poursuivi au début de l'affaire pour des agressions sur deux autres de ses enfants alors qu'ils n'étaient pas nés à l'époque des faits. Les époux, derniers acquittés à être entendu par la commission, ont enfin expliqué les difficultés rencontrées pour récupérer la garde de leur dernière fillette. "Avant Outreau, on était une famille normale, aujourd'hui on a 50 référents (assistantes sociales, ndlr) et un juge pour enfant", a déploré Frank Lavier.
TF1-LCI, le 31/01/2006
Outreau : les Lavier racontent leur "enfer"
Le 16 janvier 2008, sur la chaine LCP, la commission Outreau,
80 propositions, « une montagne qui accouche d'une souris ? »
Viol : sa fille a menti, il demande révision
AFP, 24/11/2008 | Mise à jour : 16:43, extrait
Un père condamné pour le viol de sa fille a demandé aujourd'hui à la commission de révision des condamnations pénales, lors d'une audience à huis clos, de réexaminer son cas compte-tenu des rétractations de sa fille, qui a avoué dans un livre avoir menti. D'après les avocats de la défense, l'avocat général s'est opposé à cette requête. Il aurait indiqué à l'audience que ces rétractations n'étaient "pas forcément crédibles", d'autant que le condamné a, durant un temps, lui-même reconnu les faits qui lui étaient reprochés.
Demande de révision refusée à un père condamné pour viol
RTL info | 13 janv. 2009 | Màj 07h02
Antonio Madeira ne bénéficiera pas d'un nouveau procès. Cet homme de 55 ans avait été condamné en 2001 à douze ans de prison pour des viols sur sa fille. La commission de révision des condamnations pénales a rejeté lundi sa demande de révision, alors que sa fille a déclaré depuis avoir menti. Un rejet jugé navrant par les avocats de cet entrepreneur du bâtiment, mis en liberté conditionnelle après six ans de détention.
J'ai menti, p. 10, de Virginie Madeira
et Brigitte Vital-Durand, Chez Stock, 2006
Plusieurs éléments semblaient pourtant favorables à Antonio Madeira
La fille d'Antonio Madeira a pourtant déclaré depuis avoir menti