« Le rapport de l'ONU sur les droits de l'homme « cinglant pour la France » | Les avocats de Kerviel annoncent une enquête au long cours » |
Le sujet était le suivant : « Racontez une histoire heureuse ou triste »
Viols
Innocenté après six ans de prison
leparisien.fr, le 30/7/2008
PENDANT des années, il n’a cessé de clamer son innocence. Il s’était même pourvu en cassation dans l’espoir d’un troisième procès. Finalement, après six ans passés derrière les barreaux, il se pourrait que Loïc Sécher, condamné à Nantes par la cour d’assises de Loire-Atlantique en 2003 à seize ans de réclusion criminelle pour viols, tentatives de viol et agressions sexuelles à l’encontre d’une adolescente un verdict confirmé en appel à Rennes en 2004, sorte de prison.
Son avocat, Me Yann Choucq, a déposé une requête en révision de la condamnation pénale qui devrait être immédiatement suivie d’une seconde en suspension d’exécution de la peine.
A l’origine de ce coup de théâtre judiciaire, la victime elle-même, une jeune femme aujourd’hui âgée de 22 ans, et qui était à l’époque mineure. Prise de remords, la jeune femme a fini par écrire une lettre au procureur, dans laquelle elle a avoué avoir menti devant la cour d’assises. Entendue dans la foulée par les gendarmes, elle a confirmé.
« Il n’y a eu ni analyse ADN ni confrontation »
Cette affaire débute par une banale rédaction scolaire. Le sujet est le suivant : « Racontez une histoire heureuse ou triste. » Une copie retient l’attention du professeur. Il y trouve un contenu lourd de sens. Emotion dans l’établissement. Comment une jeune fille de 14 ans a-t-elle pu écrire de telles choses ? Une circulaire est lancée, demandant aux enseignants d’être vigilants. Une des camarades de l’adolescente explique que son amie aurait été victime de sévices. La principale intéressée se livre : elle aurait subi des violences de la part d’un homme de 35 ans, proche de la famille. Des recoupements sont opérés, les parents reconnaissent Loïc Sécher. La machine judiciaire est lancée, et l’homme incarcéré.
Les méthodes de la justice sont très contestées par M e Choucq : « Il n’y a eu ni analyse ADN ni confrontation. Les accusations ne reposaient que sur les dires de la victime. Mon client a été accusé d’avoir commis un viol dans son propre véhicule sans qu’aucune expertise scientifique ne soit menée. » La jeune fille, fragile psychologiquement, a été jugée crédible par trois experts psychiatres. L’avocat dénonce les dérives d’une justice compassionnelle : « Dès qu’une juridiction est face à une victime, il est impossible de dire qu’il n’y a pas de coupable. » Et d’ajouter : « On voudrait croire que mieux vaut un innocent en prison qu’un prédateur en liberté. » Quant à la victime, elle reste « en grande fragilité psychologique », selon son avocate, Me Cécile de Oliveira. « Si Loïc Sécher est innocent, il est important qu’il sorte rapidement », précise-t-elle. Fils d’agriculteur, ancien ouvrier arboricole, Loïc Sécher s’est converti à l’islam. Il attend la décision de la commission chargée de la révision.
Ouest-France, mardi 22 juillet 2008, extraits
En prison pour viol, son accusatrice se rétracte
Loïc Sécher, condamné à seize ans de prison en 2003, est incarcéré à Nantes. La jeune fille qui l'accusait de viol dit, aujourd'hui, avoir menti.
ANCENIS. - En décembre 2003, la cour d'assises de Loire-Atlantique condamnait Loïc Sécher à seize ans de réclusion criminelle pour viols, tentatives de viol et agressions sexuelles sur mineure. Un verdict confirmé en appel par la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, en 2004, puis par la Cour de cassation en 2005.
Âgé de 47 ans, l'homme purge sa peine à Nantes. Il a déjà passé six années derrière les barreaux. Aujourd'hui, un élément nouveau pourrait permettre de rouvrir son dossier. La jeune femme qui l'accusait le dit innocent.
... En avril dernier, la jeune femme, âgée maintenant de 22 ans et hospitalisée pour ses difficultés psychologiques, revient sur ses déclarations. D'abord en privé, puis devant les gendarmes, qui l'ont entendue début juillet. Elle n'explique pas son revirement ni ce qui se serait passé à l'époque. Mais, cette fois encore, elle est jugée crédible par les spécialistes.
... Pour Cécile de Oliveira, il faut s'interroger sur les débuts de l'enquête, sur « le recueil initial de la parole de l'adolescente qui s'est ensuite murée dans le mutisme ». Yann Choucq dénonce, lui, « un tel conditionnement de la société dans le compassionnel qu'il faut un coupable ! »