Mot(s) clef: culture
La foire aux illuminés
La foire aux illuminés
Pierre-André Taguieff
Esotérisme, théorie du complot, extrémisme
Mille et une nuits, 2005
De la quatrième. La Foire aux "Illuminés" porte sur la production, la circulation et la réception de ces produits culturels ésotéro-complotistes ordinairement négligés ou méprisés par les travaux universitaires. Ce livre constitue une réflexion exigeante sur les formes contemporaines du croire hors des frontières strictes du religieux institutionnel non moins que du champ idéologico-politique. Il s'inscrit dans la série des ouvrages publiés par Pierre-André Taguieff depuis La Force du préjugé (1988), dont l'ambition commune est d'élaborer une anthropologie historique de la modernité, à travers l'analyse des représentations, des valeurs et des croyances saisies dans leurs origines et leurs métamorphoses.
Pages 106-107, chapitre 2, l'âge de l'incertitude et du soupçon. Moins les hommes modernes croient au diable, et plus ils voient des diables partout. La fin de la croyance à Satan dans les limites des monothéismes institués signe la dissémination du diabolique dans les espaces cultures et politiques. C'est pourquoi l'objet du présent ouvrage est le suivant : explorer l'univers imaginaire dont les principaux personnages sont de mystérieux et inquiétants « illuminés », identifier leurs différentes figures et suivre leurs métamorphoses, analyser les récits fantastiques dans lesquels ils sont mis en scène, reconstituer le sens des stratégies de dénonciations et de démonisation dont ils font l'objet, dans leurs divers contextes, s'interroger enfin sur la dimension ésotérique de ces récites fantastiques (qu'ils se donnent ou non pur des fictions), mais aussi sur les implications politiques de leur réception. Car des mobilisations sociales et politiques n'ont cessé de se nourrir de ces matériaux symboliques. On devra distinguer analytiquement ce qui est donné à l'état mèlé : d'une part, ce qui répond à une demande de sacré et, d'autre part, ce qui défini une orientation politique.
Yahoo.fr, AP, lundi 30 octobre 2006, 19h20
Vampires et fantômes effraient les scientifiques américains
Horreur chez les scientifiques: de nombreux Américains croient vraiment aux fantômes, aux maisons hantées et autres vampires. A tel point que certains se sont fait chasseurs de zombies pour répéter ce que la science considère de longue date comme des évidences.
Charognard
NDLR : D'après les données statistiques de l'aide juridique (AJ) 2006 du CNB, le juge des enfants a rendu 320 000 décisions en 2004. On doit pouvoir facilement trouver plus récent.
Du numéro 99 InfoStat Justice janvier 2008, les admissions à l’aide juridictionnelle en 2006: "En assistance éducative, même en forte progression, l’AJ est peu sollicitée: 15,6 AJ pour 100 mineurs concernés. Le recours à l’avocat semble encore assez rare malgré le développement depuis plusieurs années du concept d’avocat de l’enfant." Les parents ne semblent pas être beaucoup mieux assistés.
Le rapport Naves Cathala rendu en juin 2000 présentait des informations plutôt inquiétantes: "sur 85 situations: seulement 12 mères, 7 pères, 2 enfants ont été assistés par un avocat. Il s’agissait dans la grande majorité des cas de conseils qui connaissaient les parents pour les avoir défendus dans le cadre d’une précédente procédure devant un juge aux affaires familiales". Ce n'étaient donc pas forcément des avocats spécialisés ou familiarisés avec la protection de l'enfance. Depuis peu, des formations spécifiques à la protection de l'enfance seraient un pré-requis pour assister un enfant.
De temps à autres, des professionnels manifestent, réclamant d'avantages de moyens pour la justice.
Du dictionnaire de l'Académie française. CHAROGNARD n. m. XIXe siècle. Dérivé de charogne. Animal qui se repaît de charogne. Le vautour est un charognard. Fig. et péj. Individu qui tire profit des malheurs privés ou publics.
NDLR : voir aussi les définitions de crevure, de fourbe, de sournois, de trompeur et de déloyal.
Fraternité, une définition sur www.eglise.catholique.fr. Parenté entre frères et soeurs, par extension, liens existant entre les hommes considérés comme membres de la famille humaine. La fraternité est aussi ce lien de solidarité et d'amitié entre les hommes qui nous porte à les regarder comme nos frères, quelle que soit leur origine sociale, culturelle ou géographique.
Des noms du père, Figures de la psychanalyse no5 2001/2, Erès
Point de fraternité, Guy Lérès, extrait
Le terme de ségrégation est un de ceux qui revient avec la plus grande fréquence dans les propos et sous la plume de ceux qui veulent décrire un certain état du lien social dans la modernité. Pourquoi ne pas interroger à son propos Freud et Lacan ?
Constatons d’abord que si ce terme constitue une occurrence certaine et réitérée chez Lacan, il n’apparaît pas, à proprement parler, chez Freud. Pourtant son antonyme, la fraternité est plus fréquent. À son propos, Lacan est catégorique quant à la ségrégation puisqu’il associe les deux termes dans la définition qu’il proposa de la fraternité. Lacan a aussi fait remarquer combien la question de la fraternité est un point de butée pour la pensée de Freud. Lors du séminaire sur l’Éthique, il a pu dire que « nous pouvons nous fonder sur ceci qu’à chaque fois que Freud s’arrête, comme horrifié, devant la conséquence du commandement de l’amour dû au prochain, ce qui surgit, c’est la présence de cette méchanceté qui habite en ce prochain ». C’est sur cette butée que s’arrête le « christocentrisme » de Freud relevé par Lacan dans le même séminaire. Ce point de fraternité qui l’arrête peut ainsi être compris comme le littoral du réel de Freud. Pourtant si Lacan insiste sur ce point de butée de l’invention freudienne, il ne faut pas oublier que c’est Freud lui-même qui souligne à quel point le commandement « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » est insoutenable.
... Le terme, chez Lacan, a quelque chose de mœbien car s’il pouvait se référer à son acception ordinaire, il pouvait aussi le rendre positif en tant qu’accès à la fraternité. Ainsi le 10 juin 1970 il prédisait qu’« on n’en a jamais tout à fait fini avec la ségrégation. Je peux vous dire que cela ne fera jamais que reprendre de plus belle ». Pourtant le 11 mars de la même année il avait pu avancer cette opinion en apparence surprenante : « Je ne connais qu’une seule origine de la fraternité – c’est la ségrégation. »
Extrait du livre de l’Exode (Ex 20, 1-18). Et Dieu prononça toutes les paroles que voici : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage. (...) 5- Tu ne commettras pas de meurtre. »
1er décembre 2006 au tribunal de Paris,
la fraternité était en vrac
Mission civilisatrice, ingérence humanitaire, cultures et discriminations
Mission civilisatrice, ingérence humanitaire
Le Monde diplomatique, septembre 2005, extrait
« Le pays qui a proclamé les droits de l’homme, qui a contribué brillamment à l’avancement des sciences, qui a fait l’enseignement laïque, le pays qui, devant les nations, est le grand champion de la liberté (...) a la mission de répandre partout où il le peut les idées qui ont fait sa propre grandeur (...). Il faut nous considérer comme investis du mandat d’instruire, d’élever, d’émanciper, d’enrichir et de secourir les peuples qui ont besoin de notre collaboration (1). »
Ces mots, écrits en 1931 par le radical Albert Bayet lors du congrès de la Ligue des droits de l’homme consacré à la colonisation, devraient être examinés avec attention par les acteurs contemporains de l’aide internationale. Si la formulation est désuète, ils seraient en effet bien en peine d’en désavouer le contenu, tant ce programme de modernisation sociale et politique reste actuel. Le même congrès de la Ligue des droits de l’homme condamnait la « conception impérialiste de la colonisation », ne justifiant celle-ci qu’à la condition qu’elle se donne les buts « humanitaires » résumés par Albert Bayet.
Pour ce courant humaniste de la colonisation, celle-ci, telle une « charge d’aînesse », était source de bienfaisance et d’élévation des mœurs, une obligation de conscience qui se déduisait de l’évidente supériorité de la société colonisatrice sur les peuplades concernées. Quatre siècles auparavant, à l’époque de la conquête de l’Amérique, ce n’est pas au nom de la modernisation, mais de la christianisation, que le pouvoir conquérant s’exprimait...
(1) Cité par Charles-Robert Ageron, France coloniale ou parti colonial, PUF, Paris, 1978.
« Nous ne construirons rien de durable sans combattre ce poison pour la société que sont les discriminations. Nous ne construirons rien de durable si nous ne reconnaissons pas et n'assumons pas la diversité de la société française. Elle est inscrite dans notre Histoire. C'est une richesse et c'est une force », a assuré Jacques Chirac à l'occasion d'un discours aux français, le 14 novembre 2005.
28 janvier 2006 - Le Président de la République s’est enfin résigné à faire disparaître du droit français l’article 4 de la loi du 23 février 2005 qui enjoignait aux enseignants de faire état du rôle positif de la colonisation française.
Marianne2007.info - Sarkozy : «l'homme n'est pas une marchandise comme les autres» ; Extrait du meeting de Nicolas Sarkozy à Saint Etienne le 09 novembre 2006
« Les enfants volés ont l'impression d'être de vulgaires marchandises » • ADOPTION. Une journaliste française publie l'histoire vraie d'une fille volée à ses parents. Une affaire qui rappelle le scandale de L'Arche de Zoé. • Le Temps.ch, Samedi 3 novembre 2007
Des associations d'outre-mer manifestent contre la "falsification de l'histoire"
LE MONDE | 05.12.05 | Extrait
Déployée au bas d'un chapiteau encadré de deux drapeaux tricolores, la banderole du collectif des Antillais-Guyanais-Réunionnais était explicite : "Napoléon = négrier = criminel. Non à sa glorification. Non à la falsification de l'histoire."
Le language de Thomas Szasz aurait permi une prise de conscience
NDLR : Thomas Szasz a été reconnu comme « l’homme qui a contraint la psychiatrie à admettre l’existence et l’importance des conflits moraux et éthiques ». Thomas Szasz a cependant soutenu que la maladie mentale pourrait n'être qu'un mythe et ses travaux ont par ailleurs été employés par la scientologie, un sujet sensible.
Rappel de ce qui pourrait être en vigueur en France si on s'en fie à « Problèmes politiques et sociaux » n°899, avril 2004, probablement des textes et circulaires restés, comme d'autres, dans le fond d'un tiroir : « Le droit du malade au libre choix de son praticien et de son établissement de soin » est un des principes fondammentaux de la législation sanitaire, comme le rappelle la circulaire du 14 mars 1990. De même, l'article premier du 24 avril 1996 réaffirme ce droit des patients : c'est une condition au fonctionnement même de l'hôpital avec le droit à « l'information », « la mesure de la satisfaction du patient », etc.
Pourtant, en 2002, décrivant ce qu'il considère être une exception française, dans le domaine de l'isolement et de la contention, Dominique Friard écrivait que « Contrairement à la plupart des démocraties occidentales, l'Etat français n'a pas jugé nécessaire de légiférer en ce domaine, laissant au médecin toute liberté pour gérer ces problèmes ». Si l'on se fie à certaines informations officielles, en France, la contention est également pratiquée en pédopsychiatrie, y compris pour des « petits ».
Peu après septembre 2005, la société française a massivement réagi à l'appel du collectif pas de zéro de conduite pour les enfants de moins de trois ans.
LES PROBLÈMES ÉTHIQUES, SOCIAUX
ET LÉGAUX DE LA PSYCHIATRIE
Alice Parizeau
Psychiatrie clinique : approche contemporaine
Pierre Lalonde et Frédéric Grunberg (en collaboration),
Gaétan Morin, éditeur, Chicoutimi. 1980, Québec.
Erudit, criminologie, 1982, volume 15, n°2,
extraits d'une note de lecture
II est très malaisé de faire la recension d'un volume à la rédaction duquel ont collaboré trente-huit spécialistes. ...
Une sociologie du pouvoir et de la domination ?
Droit, pouvoir et domination
Sociologie et sociétés, vol. 18, no 1, avril 1986
Sur classiques.uqac.ca
Une édition électronique réalisée à partir du texte de Guy Rocher, extrait
Résumé : Le droit et le pouvoir entretiennent entre eux des rapports nombreux mais complexes. Une des difficultés de l'analyse de ces rapports, c'est qu'il s'agit de deux notions qui sont difficiles à définir. La définition du droit n'a jamais réuni de consensus et celle du pouvoir a été l'objet, depuis quelques décennies, de vifs débats. On peut ramener à trois grands groupes les définitions du pouvoir récemment proposées: les définitions volontaristes, systémiques, critiques. Max Weber a particulièrement contribué à ces débats, bien qu'on n'ait que peu tenu compte de sa distinction entre pouvoir et domination. La sociologie peut bénéficier des recherches théoriques et empiriques récentes sur le pouvoir, notamment pour mieux cerner la définition du droit, le rôle du droit dans les conflits et rapports de pouvoir et de domination et les dimensions symboliques du droit.
Une ethnographie dans son contexte : Administration coloniale et formation identitaire
Cahiers d'études africaines, 1998, vol. 38, no1, pp. 103-133
Sur cat.inst.fr, par Bacuez P., le résumé
A Zanzibar, l'intervention de l'État colonial tendit à briser la structure des réseaux sociaux basés sur le don rituel, stimula l'émergence de comportements individualistes et se substitua aux dispositifs traditionnels de régulations des échanges. L'article reprend le déroulement de certaines affaires litigieuses concernant le principe de dévolution des biens patrimoniaux dans la société swahili rurale. Une sociologie de l'action coloniale conduit l'auteur à montrer combien l'établissement de rapports de droit conspira finalement, dans le contexte de la société swahili, à mettre en veilleuse des rapports de dons.
Décentralisation, Réseaux Sociaux et Privatisation de la Violence. Une Problématique Rwandaise ?
Du bulletin de l'APAD n°16, par Danielle de Lame, extrait
Les sinistres apothéoses de l'ex‑Yougoslavie et du Rwanda, pour ne citer que les génocides les plus connus parmi ceux qui se sont récemment produits, se sont construits, et ont été analysés le plus souvent, selon les grilles de l'ethnicité. Le mot a fait couler l'encre, son usage a fait couler le sang. Les tragédies ont nourri la réflexion. Il reste pourtant nécessaire, d'emblée, d'exprimer une surprise devant des confusions persistantes entre communautés et ethnies et, en ce qui concerne les ethnies, sur la croyance au caractère rigide de l'appartenance à tel ou tel groupe. Pour ma part, avec la plupart de mes collègues, j'y entends un mode identitaire, avec toutes les souplesses qui s'attachent aux processus d'identité, espérant que la réflexion puisse démasquer les problèmes sociaux et culturels d'inégalité et d'aliénation que les références ethniques structurent sans résoudre, si ce n'est, parfois, par des "solutions finales". ...
Décentralisation démocratique, garantie de non violence ?
Tout au début des années quatre‑vingt‑dix, déjà, décentralisation et démocratie étaient deux mots très souvent accolés. L'énoncé du premier semblait devoir magiquement provoquer la réalisation du second. Le second, quant à lui, a pris peu à peu toutes les colorations du libéralisme économique et encouragé la privatisation de l'entreprenariat. Nous avons vu, ci‑dessus, qu'en l'absence d'une véritable volonté démocratique, c'est à dire d'une dévolution des pouvoirs à l'échelon local avec contrôle du fonctionnement démocratique des institutions à cet échelon, les proclamations peuvent s'avérer un simulacre à l'ombre duquel peuvent s'épanouir tous les opportunismes. Derrière le mot d'ordre, comme l'a souligne Felix (1996), les logiques sont plurielles, de l'économique au politique en passant par l'humanitaire. Pour des populations qui seront, en tout état de cause, soumises aux répercussions de la politique d'ajustement structurel, le désengagement de l'État peut cependant constituer une chance de gérer au mieux les ressources locales. Le paradoxe est alors que, si la décentralisation doit être le moyen de la démocratie, le rôle de l'État serait de créer les conditions d'un contrôle démocratique des pratiques locales et de fournir aux communautés (un mot derrière lequel peuvent aussi se cacher des réalités à identifier) les experts nécessaires. Un dialogue d'un nouveau type devrait alors laisser plus de place aux organisations non gouvernementales, comme experts et comme intermédiaires.
Symbiose fatale
Quand ghetto et prison se ressemblent et s’assemblent
Loïc Wacquant
Actes de la recherche en sciences sociales 2001- 4(no 139)| ISSN 0335-5322 | page 31 à 52
Psychopathologie des violences collectives
Psychopathologie des violences collectives
Essai de psychologie géopolitique clinique
de Françoise Sironi
Odile Jacob, 2007, collection psychologie
Présentation de l'éditeur • Des prises d'otages aux attentats, de la répression à la torture, mais aussi du bizutage aux tournantes, les violences collectives sont quotidiennes à l'étranger comme en France. Quel est leur but ? Comment parvient-on à terroriser une population ? Qu'est-ce qu'un traumatisme intentionnel ? Françoise Sironi, spécialiste internationalement reconnue, a soigné des victimes des Khmers rouges, elle a été en mission au Kosovo et a fondé un centre de réhabilitation de vétérans russes des guerres en Afghanistan et en Tchétchénie. Elle a créé une nouvelle approche, la psychologie géopolitique clinique, qui étudie et prend en charge ce nouvel aspect des relations sociales et internationales. Elle montre comment les conflits violents créent des traumatismes psychiques aussi bien chez les agresseurs que chez les agressés. Et elle expose les thérapies qu'elle a mises au point.
Biographie de l'auteur • Françoise Sironi est maître de conférences en psychologie clinique et pathologique à l'université Paris-VIII et enseigne la psychologie géopolitique à l'Institut d'études politiques de Paris. Elle a publié Bourreaux et Victimes. Psychologie de la torture.
Essai de psychologie géopolitique clinique
Un objet actif aux interfaces entre les mondes
Conférence prononcée le 13 octobre 2006 au colloque
La psychothérapie à l'épreuve de ses usagers
Par Françoise Sironi, extrait
Pourquoi "géopolitique" ?
Le terme "géopolitique" est apparu la première fois en 1904, sous la plume d'un géographe suédois, Rudolph Kjellen (1864-1922). La géopolitique désignait alors un nouveau domaine de recherches, une démarche scientifique nouvelle, une nouvelle manière de voir le monde et de poser des problèmes qui, jusqu'alors, étaient occultés par les idéologies de tout bord. L'objet de la géopolitique concerne l'apparition de nouveaux états, le tracé de leurs frontières, la disparition de peuples et de nations, les conflits territoriaux, l'expansion de certaines idéologies politiques et religieuses, et les revendications d'indépendance. La géopolitique concerne également les problèmes politiques au sein d'un même état, les revendications territoriales, culturelles, religieuses qui s'y font jour, ainsi que la géographie des découpages électoraux.
Le terme "géopolitique" a été proscrit après 1945, car les nations appartenaient alors depuis peu à l'un ou à l'autre des deux blocs (Est/Ouest). Il importait que rien ne vînt affaiblir l'unité de chacun d'eux. Dans le "camp socialiste", les états étaient proclamés frères dans le socialisme. Il fallait donc interdire la géopolitique, car son objet même porte, entre autres, sur les rivalités territoriales qui avaient pu opposer les peuples frères auparavant, et qui devaient être à jamais oubliées, dans la perspective de l'avenir radieux que promettait le communisme.
A "l'Ouest", il n'était pas plus opportun d'évoquer la géopolitique, du fait des litiges territoriaux comme ceux dont l'Alsace et la Loraine furent l'enjeu de nombreuses fois dans l'histoire. Dans chaque camp, les conflits anciens devaient apparaître comme secondaires et révolus. Seul comptait l'opposition planétaire entre deux visions du monde.
L'interdiction de la pensée géopolitique était une injonction à fonctionner dans le déni, dans le refoulement des histoires culturelles et politiques, au profit des deux nouvelles puissances mondiales : Etats-Unis d'Amérique, Union Soviétique. C'est après 1985 que l'utilisation du terme géopolitique a pris son plus grand essor. Il devint, après la perestroïka, synonyme d'une nouvelle façon de voir le monde.
Que ce soient pour analyser la psychologie d'hommes d'état, celle d'auteurs ou de victimes de violences collectives, la psychologie géopolitique clinique s'appuie obligatoirement sur l'influence sous-jacente de l'histoire collective présente et passée. Il s'agit de l'histoire, très localisée, comme celle du terroir, ou très globalisée, comme celle de l'histoire nationale, européenne, voire mondiale dans certains cas.
Comme nous le montre l'ethnopsychiatrie, les cultures sont des forces locales à considérer avec sérieux. Elles sont souvent en opposition forte avec les théories contemporaines véhiculées par les professionnels du soin, notamment dans les actions humanitaires à caractère psychologique qui foisonnent partout dans le monde. Les patients peuvent devenir le champ de bataille d'enjeux contradictoires, de politiques de soins désastreuses car principalement pensés dans leur logique mercantile.
Le laid, l'étrange et « un bébé sur le tard », un dossier des maternelles
« L'art doit faire son affaire de ce qui est mis à l'index en tant que laid, non plus pour l'intégrer, l'atténuer ou le réconciler avec son existence par l'humour qui est plus repoussant que toute chose repoussante, mais pour dénoncer, dans le laid, le monde qui le crée et le reproduit à son image... » Adorno, Théorie esthétique, cité par Bourahima Ouattara, Adorno, une éthique de la souffrance, p. 140, L'Harmattan, 2004
Volume 56, Issues 4-5, Pages 173-326
Enfants d'ailleurs. Vivre les différences
Congrès de Paris, 1er et 2 juin 2007
Edited by A. Plantade
Unfit to be a mother ? They said they would take the baby anyway
plus Hidden heartache of the weekend mothers and more
The GuardianThe Guardian, Tuesday January 15 2008
servicevie.com, semaine du 1er mai 2000, extraits
La naissance d'un enfant trisomique et l'impact chez la mère
Imaginez-vous dans la peau d'une mère qui a désiré son enfant pendant des mois et qui se rend compte que l'enfant qu'elle tient dans ses bras n'est pas celui qu'elle avait imaginé...
Dossier Mères sur le tard, les maternelles
Des bébés toujours plus tard
« Il n’y a plus d’âge pour être mère » : il est vrai qu’insensiblement, l’âge au premier enfant n’a cessé de reculer : il était de 27,2 ans en 1970, de 27,4 ans en 1986, de 29,2 ans en 1997 et de 29,4 ans en l’an 2000.
Le nombre des grossesses tardives proprement dites, c’est à dire à plus de 40 ans, augmente lui aussi, quoique restant marginal même s’il est très monté en épingle par les média : Isabelle Adjani, Kim Basinger, Cherie Blair ont bien fait la une... Et cette année, une femme de 64 ans a été mère des œuvres de son frère et d’un ovocyte d’une jeune femme américaine !
... Voir également la bibliographe associée des maternelles.
Revue Ethnopsychiatrica, n° 1
Normes et déviances
Véronique Pillon, éditions Bréal, 2006
La mondialisation de la culture
Jean-Pierre Warnier, la Découverte, 2004
Du N°1 de la revue Ethnopsychiatrica, 1978.
Toute connaissance ayant trait à la société (et donc aussi à la culture) repose sur deux principes :
1) Le patrimoine génétique de homo sapiens n'est pas celui d'une espèce dite « sociale » (abeilles, termites, etc.), mais celui d'une espèce grégaire - terme employé ici dans son sens traditionnel et non pas au sens qu'il a dans l'éthologie. ...
2) Il est inadmissible d'attribuer l'équivalent d'un psychisme à la société. Ce principe permet cependant l'emploi d'expressions du genre : « la société choisit », si la façon dont une telle expression est utilisée n'implique pas l'existence d'un « raisonnement » ou d'une « volonté » propres à la société en tant que telle. Elle ne peut impliquer qu'un choix soit unanime, soit fait par la majorité des membres d'une société, soit même le choix d'un individu ou d'un groupe d'individus capables de faire agir l'ensemble de la population d'une manière conforme à leur choix.
I. La Pathologie. Le terme « ethnopsychiatrie » contient trois racines grecques : ethnos, psyché et iatreia (traitement visant la guérison). Le troisième de ces termes implique les notions de « maladie » et « santé », et présuppose que le traitement d'une maladie peut la remplacer par la santé. L'idée du traitement implique, à son tour, que la maladie est un mal, la santé un bien et le traitement de la maladie un bien inconditionnel.
Ces suppositions mènent, en ligne droite, au problème focal d'une théorie morale, selon laquelle il est impossible de relier, d'une manière logiquement inattaquable, « ce qui est » à « ce qui devrait être » ; la notion de « valeur » et encore plus celle d'une « hiérarchie des valeurs » sont inséparables de ce problème.
Or, dès 1941, j'ai formulé une méthode très simple, qui exclut tout jugement de valeur aprioristique et permet de déceler par des moyens identiques, la pathologie tant au niveau de l'individu, qu'au niveau socio-culturel. Soit un individu - ou un groupe - qui poursuit un but de son propre choix, sur lequel il n'appartient pas à l'ethnopsychiatre de porter un jugement de valeur. Si la poursuite de cet objectif produit une situation de stress que le « sujet » (individu ou groupe) apprécie comme telle et si tous ses efforts pour atténuer ce stress par un recours à des contre-mesures nouvelles et (ou) renforcées ne fait qu'accroître le stress, le « sujet » est pris dans les engrenages d'un cercle vicieux. La présence d'un cercle vicieux de ce genre caractérise toute psychopathologie individuelle et toute pathologie sociale - et souvent aussi les maladies organiques.
II. La Sublimation. Le point de départ traditionnel des études des désordres individuels et sociaux est la notion de « pathologie », parce que - en première approximation - seule une condition « anormale » semble permettre l'étude des situations et processus discrets - c'est-à-dire individuels, isolés - quasiment sous le microscope et in vitro. Cette approche, dont l'utilité au début de toute recherche est indiscutable, a cependant aussi de graves inconvénients.
1) Dans les énoncés concernant l'individu (psychologiques), l'adjectif « humain » tend à devenir un synonyme de « faillible » et même d'ignoble.
2) Dans les recherches ayant trait à la société, un intérêt presque obsessionnel porté à la pathologie sociale devient inévitablement idéologique - ce qui rend l'étude véritablement scientifique des aspects non-pathologiques de toute société impossible. Une telle impasse est inévitable lorsqu'un négativisme systématique (5, chap. 3) prétend être une critique sociale scientifique. Il importe peu qu'une telle « critique » envisage la société comme l'ennemi naturel de l'Homme, ou qu'elle considère l'individu comme une source perpétuelle de danger pour la société, car ni l'une ni l'autre de ces deux « théories » n'est capable d'expliquer :
1) pourquoi les êtres humains, loin d'être constamment destructifs, manifestent souvent une grande capacité de création dans les sciences, les arts et les rapports interpersonnels, et
2) pourquoi toute société n'accule pas tous ses membres à la folie et au suicide ou pourquoi l'éclosion de l'individualité ne sape pas automatiquement les fondements même de la société.
Les deux grandes peurs d'Outreau • L'Etat semble moins craindre de faire face à de nouveaux scandales que d'engager une réelle réforme de la justice.
Libération, le 26 janvier 2006
Des deux grandes peurs d'Outreau : laquelle va triompher ? Celle de voir des horreurs pareilles recommencer ou celle de changer notre procédure pénale ? Pour l'instant, l'expérience démontre que la peur du changement triomphe toujours de la peur de la répétition d'un sinistre. L'affaire Ranucci, celle de Bruay-en-Artois n'ont généré aucune réforme de l'instruction, pas plus que le scandale de l'affaire Grégory Villemin avec le juge Lambert ou celui des médecins de Poitiers. Depuis quinze ans, des dizaines de réformes sont intervenues. Certaines sans être mises en oeuvre. D'autres mortes-nées. D'autres sans grand effet parce que s'agissant de rustines. Seule la loi du 15 juin 2000 a manifesté une attention unanime de nos politiques, car eux-mêmes furent pincés dans l'archaïsme et la violence de notre système pénal. Malgré ces circonstances favorables, on n'a pas touché à l'architecture du système, mais à ses détails. La loi fut donc facilement rabotée, une fois par la gauche, deux fois par la droite. Le code de procédure pénale change tout le temps par rafistolages successifs et contradictoires. Il en est devenu presque illisible.
Du bonheur d'être suisse sous Blocher
Article paru dans l'édition du Monde du 13.11.07
Depuis une quinzaine d'années, les intellectuels helvétiques ont cessé de se suicider. (...) Mais, cette fois, aucun intellectuel helvétique ne semble vouloir se suicider. Les artistes helvétiques sont présents comme jamais sur la scène mondiale. (...) Ils ont adopté un point de vue tellement éloigné du nationalisme qu'ils peinent à s'indigner vraiment. Ils ont pris de l'avance, se sont persuadés que leur pays n'est définitivement ni pire ni meilleur qu'aucun de ceux que l'Europe a produits. Leur optimisme reste contagieux. Il signale à ceux qui en doutent que Blocher passera, comme Haider et les jumeaux burlesques sont passés.
Le nationaliste suisse Christoph Blocher écarté du gouvernement malgré la victoire de son parti
LEMONDE.FR avec AFP | 12.12.07 | Extraits
Malgré sa victoire aux élections législatives d'octobre dernier au terme d'une campagne aux accents xénophobes particulièrement marqués, le ministre suisse de la justice et de la police Christoph Blocher, figure de proue de la droite populiste, n'a pas été réélu mercredi 12 décembre au gouvernement par le Parlement. (...) En menant une campagne ouvertement xénophobe et anti-européenne, le ministre de la justice et de la police s'est aliéné une partie de la droite modérée : dès mardi soir, une majorité de parlementaires démocrates-chrétiens du PDC, parti qui l'avait pourtant porté au pouvoir en 2003, avaient annoncé leur intention de s'allier aux socialistes et aux Verts pour lui barrer la route en choisissant un UDC plus modéré. (...) L'UDC avait menacé mardi soir de se retirer entièrement du gouvernement si M. Blocher était écarté et "de passer à l'opposition" où elle pourrait bloquer les décisions du gouvernement en déclenchant des référendums d'initiative populaire.
Y a-t-il une place pour les parents en placement familial ?
Y a-t-il une place pour les parents en placement familial ?
Par Marina Stéphanoff
Dossier : Les parents usagers - Cliniques, pratiques
La lettre de l'enfance et de l'adolescence no 46 2001/4, extrait
Un audit a récemment été effectué pour l’association dans laquelle je travaille. C’est ainsi qu’est apparu le terme « usager ». Il qualifiait tous les interlocuteurs potentiels des services de l’association : enfant, parent, travailleur social, juge… Sont ainsi confondus sous une appellation identique des personnes et des services dont les rapports avec l’institution sont pourtant divers, ne serait-ce que sur la question de la demande (au sens trivial de l’expression d’un souhait). Or qui est demandeur à l’égard d’un placement familial ? Rarement l’enfant, encore plus rarement les parents.
... Les parents d’un enfant placé peuvent-ils être considérés comme des « usagers » d’un placement familial ? Dans mon service, l’expression n’a pas pris. Au-delà du discours des « auditeurs », je n’ai jamais entendu personne la reprendre. Mais il serait dommage de condamner avec l’expression littérale ce qu’elle nous amène à penser de la place qui est faite, dans le travail social, éducatif ou thérapeutique, aux parents de l’enfant accueilli en placement familial. Il y a, dans le terme même, l’idée d’interlocuteur, car « usager » signifie aussi : « Utilisateur d’une langue. » Cette place de locuteur, de « sujet parlant », la reconnaît-on ?
Au cours des rencontres avec une mère (parfois un père), il est fréquent que celle-ci évoque le sentiment d’avoir perdu sa place auprès de son enfant et la crainte de ne plus jamais pouvoir se sentir mère à nouveau. Le placement familial est le lieu de la suppléance parentale, il représente le stigmate de la défaillance des parents. Le retour de l’enfant, sans cesse évoqué, sans cesse réclamé, correspond à cette demande de réparation narcissique. La souffrance qui s’exprime alors est aiguë et, sur un plan imaginaire, l’enfant peut représenter un enjeu vital.
« On travaille avec la famille »
N’est-elle pas énigmatique cette expression qui est parfois formulée sous une forme interrogative, ce qui a le mérite de souligner la complexité du problème posé ? « Comment travailler avec les parents (de l’enfant placé) ? » Et chacun dans l’équipe, convaincu de la justesse d’une telle position, va tenter de mettre en place des dispositifs, des réunions, des rencontres qui sont autant de signaux visibles montrant que l’« on travaille avec les parents ».
... Au cours d’une formation, un groupe d’éducateurs travaille sur le moment de l’accueil de l’enfant. Un documentaire est présenté. On y voit un adolescent accompagné par ses parents qui rencontre un chef de service puis un éducateur de l’institution dans laquelle il va être accueilli. La parole est lisse, le discours bienveillant, la visite et les explications se font sur un ton enjoué, mais pas trop. Chacun paraît soucieux de tenir au mieux son rôle. Rien à dire, semble-t-il. Après le film, les premiers commentaires adoptent la même tonalité : « c’est bien », « c’est ce qu’on essaie de faire », « c’est comme cela quand tout va bien »… Et pourtant ! Les éducateurs restituent un sentiment de malaise qui ne sera dissipé qu’au moment où l’une des personnes du groupe souligne ce qui lui apparaît comme une incongruité : « On leur demande beaucoup à ces gens : d’être d’accord avec le placement, d’être présents au moment où la séparation se matérialise, d’être polis et d’accord avec ce qui leur est dit. »
Ce n’est qu’après cette remarque que pourront être abordées dans le groupe les différentes facettes de certains actes qui, bien que pensés comme éducatifs ou bénéfiques, portent en eux un tel désir de maîtrise qu’ils peuvent conduire à un écrasement du sujet, en lui interdisant par exemple des émotions ou des réactions non conformes ou excessives de colère, d’agressivité ou de souffrance. Donner une place à l’autre peut être illusoire s’il s’agit de lui attribuer un rôle à tenir au lieu de lui ménager un espace pour une parole singulière.
Sur aidh.org, le rapport 2003 de Médecins du Monde
Les civils israëliens et palestiniens, victimes d'un conflit sans fin
Un merveilleux malheur
de Boris Cyrulnik
Odile Jacob, 1999
La résilience ou comment renaître de sa souffrance
de Boris Cyrulnik, Claude Seron
Collectif, Fabert, 2003
Depuis que le concept de traumatisme psychique est né, l’enchaînement des idées exige qu’après la description clinique et la recherche des causes, on s’applique à prévenir les traumatismes et mieux les réparer. Dans ce cas, on aura besoin du concept de résilience […] La résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents. Un trauma a bousculé le blessé dans une direction où il aurait aimé ne pas aller. Mais puisqu’il est tombé dans un flot qui le roule et l’emporte vers une cascade de meurtrissures, le résilient doit faire appel aux ressources internes imprégnées dans sa mémoire, il doit se bagarrer pour ne pas se laisser entraîner par la pente naturelle des traumatismes qui le font bourlinguer de coups en coups jusqu’au moment où une main tendue lui offrira une ressource externe, une relation affective, une institution sociale ou culturelle qui lui permettra de s'en sortir • Cyrulnik, 2001, Les vilains petits canards, Odile Jacob, p. 261
Thème: Guerre
Du site du CRIF / Entretiens, 28/01/08, extrait
En 1991, vous avez fait dans l'UFR de psychologie de l'Université de Paris 8 Saint-Denis, des groupes de paroles d'enfants de survivants de la Shoah. De quoi s’agissait-il ? Et pourquoi un groupe d'ethnopsychiatrie pour les enfants de survivants de la Shoah ?
Nathalie Zajde : La première question que je me suis posée était : les survivants et les enfants de survivants de la Shoah ont-ils des souffrances spécifiques ? Et si oui, comment soigner ces souffrances ? Dans ces groupes, il s’agit d’inviter ceux qui le souhaitent, quelque soit leur pathologie – certains présentent de grandes souffrances, d’autres n’ont pas de symptômes – à participer à la construction du savoir psychologique les concernant. Autrement dit, je veux que ce soit les anciens « enfants cachés », et les descendants de victimes de la Shoah qui élaborent eux-mêmes, avec l’aide des psychologues, la vérité sur leurs troubles et surtout qui cherchent les voies de guérison les plus adaptées. Je me refuse à plaquer des théories préexistantes. Le principe du dispositif ethnopsychiatrique des groupes de parole de survivants et d’enfants de survivants du Centre Georges Devereux repose sur une démocratisation du soin, et se veut, pour des raisons qui tiennent à la fois de l’éthique et de l’efficacité thérapeutique, un lieu d’élaboration et de discussion en commun des problématiques et des solutions.
Ce dispositif clinique, très efficace, gratuit, « démocratique », répond à un problème pratique et théorique dont personne ne parle mais qui me semble relativement grave : la majeure partie des travaux psychiatriques sur les souffrances des victimes de la Shoah et leurs descendants ne mentionne jamais l’identité juive des sujets de manière scientifiquement pertinente. Comme si le fait d’être juif était un artifice, qui n’avait aucune influence ni sur les raisons de la souffrance (la persécution antisémite) ni sur le soin. Et de fait, les théories psychologiques, psychiatriques ou psychanalytiques utilisées pour parler de cette population ne sont pas spécifiques, elles sont généralement strictement les mêmes que celles utilisées pour parler de n’importe quel patient, névrosé, pervers, psychotique etc. Ainsi les mêmes termes sont repris pour parler des souffrances psychiques des survivants du génocide du Rwanda, des survivants du Tsunami, et même de Palestiniens de Gaza ayant survécu à une riposte israélienne.
Guérir de la Shoah
Psychothérapie des survivants et de leurs enfants
de Nathalie Zajde
Odile Jacob, octobre 2005
« Guérir de la Shoah » rend compte de 15 ans de travail clinique avec les survivants et descendants de victimes de la Shoah. Il propose des modalités claires et efficaces de prise en charge des survivants et de leur famille. Il pourrait s’intituler « Prise en charge des survivants et de leurs descendants : de la Malédiction à la Divination » mais elle l’a appelé « Guérir de la Shoah » car Nathalie Zajde propose de réelles voies de guérison d’un traumatisme qui a, jusqu’à présent, été pensé comme insurmontable.
Vu au catalogue de l'Unesco,
La Circoncision: blessure narcissique ou promotion sociale
Toualbi-Thaâlibi, Noureddine
Alger, Editions ANEP, 2002, 3. ed
French
excision; initiation rites; boys; psychoanalysis; psychological effects
Islam; Judaism; customs and traditions; social psychology; Algeria
Catalog numer : 147867
« Cheval pour tous », quelle leçon pour la profession ?
Publication n° 616 du 4 avril 2002
Lien Social. Thèmes : Délinquance.
Procès Supéri : quelle leçon pour la profession ?
Les médias avaient assuré à l’ex-directeur de Cheval pour Tous une couverture importante du temps de sa splendeur. Juste retour des choses, pour son procès aux assises, la presse était aussi au rendez-vous. Mais derrière le « super éducateur » violeur d’adolescents, se cache un autre scandale : l’incapacité d’un dispositif à répondre aux souffrances des jeunes les plus en difficulté
COUR D'ASSISES DU HAUT-RHIN
7e jour d'audience
Plaidoyer d'un psychiatre pour la réhabilitation de François Supéri
Article paru dans l'édition du Monde du 15.03.02, extrait
Au procès Cheval pour tous, le docteur Brunner fustige les institutions en charge des mineurs délinquants
... « La fonction des intellectuels n'est pas de crier avec les loups, je ne suis pas une star de la télé », justifie-t-il, en réponse à une question d'une avocate de la partie civile qui s'étonne de ses prises de position iconoclastes.
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2004-2005
Projet de loi de finances pour 2005 : Justice - Protection judiciaire de la jeunesse
Avis n° 79 (2004-2005) de M. Nicolas ALFONSI, fait au nom de la commission des lois, déposé le 25 novembre 2004, extraits
III. UNE RIGUEUR NOUVELLE POUR L'ADMINISTRATION DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE
A. LE DÉVELOPPEMENT DE L'ÉVALUATION
B. LE RENFORCEMENT DE L'ENCADREMENT ET DES CAPACITÉS DE PILOTAGE
C. UN CONTRÔLE DU SECTEUR ASSOCIATIF HABILITÉ ENCORE INSUFFISANT
Le contrôle du secteur associatif habilité est un enjeu majeur, or la faiblesse des effectifs des directions départementales ne permet pas de l'assurer correctement.
Actuellement, les seuls contrôles exercés le sont par les services déconcertés de l'Etat conjointement avec les services des conseils généraux lorsqu'ils contribuent au financement au moment de l'habilitation(21) et de son renouvellement tous les cinq ans, ainsi que chaque année à l'occasion de la tarification (fixation du prix de journée) et lors de la vérification des comptes administratifs. Ils sont essentiellement formels.
Les dérives constatées, notamment au centre éducatif fermé de Lusigny(22), mais aussi les cas de viols et de maltraitance au centre « Cheval pour tous » ou le décès d'un jeune lors d'un séjour de rupture en Zambie, doivent conduire à s'interroger sur leur pertinence.
En 2003, 36 contrôles pédagogiques et/ou financiers concernant 43 structures sur les 1.213 établissements et services gérés par 508 associations ont été effectués, ainsi que 6 inspections et l'évaluation des quatre premiers centres éducatifs fermés. Ces contrôles approfondis ponctuels sont le plus souvent provoqués par un incident ou une difficulté particulière.
Le rapport de la Cour des comptes de juin 2004 sur l'exécution de la loi de finances pour 2003 souligne que le contrôle des budgets du secteur privé habilité ou subventionné de la PJJ n'est pas assuré, malgré les efforts accomplis depuis le rapport de juillet 2003. La hausse de 20 % des dépenses entre 2000 et 2003 conduit la Cour à douter des « capacités des services de la PJJ pour assurer la tutelle de budgets souvent gérés par des associations ».
En 2005, il est prévu d'établir une méthodologie du contrôle et des cellules régionales de contrôle de gestion sont en cours de mise en place. En mars 2003 et mars 2004, l'administration centrale a réuni l'ensemble des attachés et une partie des cadres départementaux et régionaux pour des « journées financières ».
Unfit to be a mother ? They said they would take the baby anyway
Sociologie de la souffrance
Un billet du 17.08.08
Hidden heartache of the weekend mothers
women.timesonline.co.uk, october 7 2007, excerpt
As Britney Spears has found, courts are increasingly giving fathers custody of their children after divorce. Mothers tell of the shame they feel over their empty nests
Last week the troubled pop star Britney Spears lost custody of her two children. Whatever your view of Spears’s agonisingly public unravelling – appearing with no underwear, shaving her head, driving without a licence, driving with a child on her lap, charged with a hit and run accident – last Monday’s judgment awarding custody of Sean Preston, 2, and Jayden James, 1, to her bitter exhusband Kevin Federline highlights a growing trend.
Until a few decades ago few would have expected a mum to lose custody of her kids when a marriage broke down unless she was an alcoholic, a junkie or had walked out of the family home to pursue an affair. Which doesn’t mean that the heartbreak and social stigma back then were any the less.
M. Kouchner propose un geste pour les "enfants de boches"
LE MONDE | 25.04.08
THE OCCUPATION AND ITS OFFSPRING
Lost Red Army Children Search for Fathers
SpiegelOnline.de/international, August 16, 2007, excerpt
More than 60 years after the end of World War II, the children of Red Army soldiers born in eastern Germany during the Soviet occupation are now searching for their fathers with the aid of historians and the Russian media. Many of these so-called "Russian children" have endured lifelong suffering as a consequence of their situation.
Unfit to be a mother ? In the 60s, many women were forced to give up their illegitmate babies. Everyone now agrees that was a shocking practice. But a recent rise in the number of newborns up for adoption suggests we have found new reasons - or excuses - to take children from their parents. Kate Hilpern investigates
The Guardian, Tuesday January 15 2008
Laura was about to give birth in hospital when the authorities arrived to take her baby. "The doctor just handed her over and that was that," she says. "All I wanted was to die," she adds, barely audible. Laura had been in a violent marriage. She left her husband when she was pregnant, but went on to have a breakdown. She says she had recovered by the time social services got involved, but they encouraged her to sign papers consenting to the adoption of her unborn baby. She refused. They insisted. She still refused. They said they would take the baby anyway.
Laura's daughter was initially cared for by foster carers and she was allowed to visit five days a week, although there was no opportunity to breastfeed. Once the adopters had been identified, the meetings were reduced to one day a week at a time and finally she was offered a "goodbye visit".
"My life will never be the same again," she says. "Somewhere out there is my baby and I don't know where. You can't explain the psychological effects of something like that. It's beyond words. It's beyond anything."
La famille, une affaire publique
Normes et déviances
Véronique Pillon, éditions Bréal, 2006
La mondialisation de la culture
Jean-Pierre Warnier, la Découverte, 2004
La famille, une affaire publique
Conseil d'Analyse Economique
Rapport n° 57
Par Michel Godet et Evelyne Sullerot
La Documentation française, 2005 (disponible au format PDF)
Selon le présent rapport, le vieillissement de la population observé en Europe a deux causes : la baisse du taux de fécondité et la hausse de l'espérance de vie. Le renouvellement des générations n'est plus assuré et il y a de moins en moins de jeunes pour payer la retraite des anciens, de plus en plus nombreux. La France est moins touchée par ce phénomène que ses partenaires européens, mais elle n'est pas épargnée.
Michel Godet et Évelyne Sullerot considèrent que c'est le développement durable de nos sociétés qui est en danger. Ils plaident en conséquence pour un renforcement de la politique familiale. Ils recommandent que la famille soit mieux soutenue considérant que c'est une institution efficace comme lieu d'investissement en capital humain et social. Ils préconisent en outre, dans un souci d'équité, d'atténuer le phénomène de paupérisation des familles, et notamment des familles nombreuses. Les auteurs soulignent que la collectivité ne compense pas le coût des enfants. Ils proposent en conséquence des mesures fiscales de soutien au revenu, dont la familialisation de la CSG. Des dispositifs permettant une meilleure conciliation des vies professionnelle et familiale et une politique d'immigration choisie doublée d'une politique d'intégration volontariste font également parti du menu des recommandations.
Le rapport de Michel Godet et Évelyne Sullerot est accompagné de commentaires critiques d'Antoine d'Autume et de Jean-Michel Charpin, ainsi que de compléments apportant des éclairages spécifiques sur certains aspects de la question.
Le déclin des familles "papa-maman"
news.catholique.org, le 17 octobre 2006, extrait
New-York, le 30 septembre 2006. Les structures familiales et les rôles parentaux sont redéfinis sans considération suffisante des besoins de l’enfant. Voici l’avertissement d’un rapport tout juste publié qui décrit les tendances mondiales du droit familial et de la reproduction assisté.
La Révolution Parentale : l’émergence d’un conflit mondial entre les droits des adultes et les besoins des enfants » est édité par la Commission sur l’avenir de la paternité et de la maternité. La commission est un « groupe indépendant et politiquement neutre d’universitaires et de dirigeants », actif dans le domaine de la famille selon un communiqué de presse lisible sur le site de L’Institut pour les Valeurs Américaines. Cet institut, situé à New-York est l’une des organisations à l’origine de la commission.
L’auteur de ce rapport se nomme Elizabeth Marquardt, elle est membre de la commission et auteur du livre « Entre deux Mondes : La vie intérieure des enfants du divorce »
Le rapport montre que les tendance mondiale du droit et des technologies reproductives redéfinissent la paternité et la maternité d’une manière qui place les intérêts des adultes avant les besoins des enfants. Le modèle de famille avec un père et une mère, stipule-il, est transformé pour se conformer au « droit à l’enfant » des adultes plutôt qu’au besoin des enfants de connaître et d’être élevés, toutes les fois qu’il est possible, par leur mère et leur père.
Les Français et la famille
TNS-Sofres - Le 10 juin 2008 - Les Enjeux du Quotidien réalisés par TNS Sofres pour l'EPIQ, sont une série d'études traitant de sujets se situant au cœur de l'actualité et des préoccupations quotidiennes des Français. Ce troisième volet de la saison 2008 porte sur les Français et la famille. Il est publié dans les titres de Presse Quotidienne Nationale, Régionale, Urbaine Gratuite et la Presse Hebdomadaire Régionale.
Les Français et la famille : d'abord une histoire d'amour
D'une façon générale, les Français sont très enthousiastes au sujet de la famille. Les notions positives (amour, bonheur, solidarité, soutien et sécurité) arrivent clairement en tête devant les caractéristiques négatives proposées. ...
L'ensemble des résultats de cette étude est disponible au format PDF.
Influence des événements de jeunesse et
héritage social au sein de la population des
utilisateurs des services d’aide aux sans-domicile
Economie et Statistique n°391-392, 2006
La fin de la prise en charge de ces jeunes par l’Aide Sociale à l’Enfance est certainement un cap difficile à franchir, l’émancipation devant se faire à 18 ans sans que ces jeunes adultes aient toujours accédé à l’indépendance économique et sans qu’ils puissent toujours bénéficier de l’aide de leur famille, qui n’existe plus ou avec qui les liens ont été rompus, ou trop distendus. En cette époque où les emplois et les logements bon marché sont rares, l’accession à une autonomie résidentielle et économique est, pour eux, singulièrement difficile. Une phase transitoire de précarité peut alors toucher les personnes les plus vulnérables.
Protection de l'enfance et cohésion sociale du IVe au XXe siècle
La société en recevant l'enfant se met à la place de la famille; elle en accepte les devoirs (...) elle doit faire pour l'enfant ce que ferait la famille elle-même, supposé qu'elle connût ses devoirs et qu'elle eût la volonté et le pouvoir de les remplir (...) elle doit veiller au développement des facultés morales de l'enfant trouvé • Paris, 1838
Protection de l'enfance et cohésion sociale du IVe au XXe siècle
Paul Vasseur
L'Harmattan, 04/1999
Collection Technologie de l'action social
La protection de l'enfance, actuelle mission de l'Aide Sociale à l'Enfance, est l'aboutissement d'un long processus historique et social.
Au cours de notre histoire, la société a su trouver une réponse à la situation des enfants abandonnés, des enfants délaissés, des enfants maltraités. Jusqu'à une époque encore récente, les actions développées en direction de ces enfants le sont selon un même modèle : l'accueil et le placement. Ce système connaîtra une réelle transformation après la publication du rapport Bianco-Lamy, en 1981. L'histoire du dispositif de la sauvegarde de l'enfance n'a de sens que située dans l'évolution des modèles familiaux, des modèles éducatifs et des modèles de l'action sociale.
En effet, l'enfant abandonné, objet des normes sociales, est aussi sujet de la transformation des modèles sociaux. Ainsi, l'enfant abandonné a été celui qui a permis de légitimer l'action " sociale " de l'Eglise, de la Royauté, puis celle de la République. En fait, au-delà des actions de protection qu'il a suscitées, l'enfant abandonné a favorisé le maintien et l'émergence des liens sociaux puisqu'il a été celui par lequel tous les enfants ont pu être considérés pour eux-mêmes.
Un ensemble d'institutions sociales et éducatives a été créé afin de mieux préserver l'enfant. Elles ont servi pleinement la cohésion sociale en déterminant notre système éducatif, notre politique familiale et plus généralement notre système d'action sociale. Dans cette perspective, la protection de l'enfant n'a pas seulement une dimension sociale, elle possède également une dimension culturelle. Ainsi, l'histoire de la protection de l'enfance est aussi l'histoire de la cohésion sociale.
L'enfance inadaptée
Anthologie de textes fondammentaux
Claude Wacjman, Privat, 1993
Les bagnes d'enfants, dieu merci, ça n'existe plus
Jaques Fresco, ed. François Maspero, 1974
Crime et Folie, Marc Renneville, 2003
Michel Foucault,
Surveiller et punir
Le pouvoir psychiatrique
Histoire de la folie à l'age classique, Figures de la folie
Les anormaux
...
L'impôt du sang
Hervé Drevillon
Chez Tallandier, 2005
Asiles
Erving Goffman
Essais de traitement collectif du quartier d'agités
Philippe Paumelle
Préface de Philippe Koechin
Postface de Stanislaw Tomkiewicz
Editions ENSP, 1999
Un monde de fous
Comment notre société maltraite ses malades mentaux
de Patrick Coupechoux
Chez Seuil, février 2006
La disqualification sociale
Serge Paugam, PUF, 2004
...
L'infériorité de stature
Lorsque la malformation transparaît dans les archives, il est toujours difficile de déterminer si, congénitale, elle a hâté l'abandon de l'enfant par ses parents, ou si les circonstances de l'abandon et les mauvaises conditions de placement l'ont crée de toute pièce. Sous la Troisième République, les enfants en dépôt ont la croissance la plus complète : 6% seulement sont peu développés ou affligés d'une malformation. A l'inverse, les trouvés ont énormément pâti de leur condition d'abandon : un tier grandit de manière anormale.
... En revance, les troubles de la croissance sont très fréquents chez les pupilles. ... 30% des pensions sont accordées pour insuffisance de croissance (rachitisme ou faiblesse de constitution). En 1907, l'agence de Varzy (Nièvre) alloue cinquante-cinq pensions extraordinaires, dont trente et une (soit 56%) pour développement insuffisant. Tout au long de la période, on rencontre de nombreux cas de pupilles malingres. En 1891, un garçon de neuf ans est « petit pour son âge et chétif ».
Ni père ni mère, p. 158-159
Histoire des enfants de l'assistance publique (1874-1939)
Ivan Jablonka
Chez Seuil, 2006
Métamorphoses de la parenté
Métamorphoses de la parenté
de Maurice Godelier
Chez Fayard, 2004
Présentation de l'éditeur. Vers quoi nous mènent les bouleversements en cours au sein de la famille ? Le contexte de cette interrogation est bien connu : on se marie de moins en moins, le taux de divorce augmente, les familles éclatent et se recomposent. Et si la filiation résiste lorsque les alliances se défont, puisque les parents gardent autorité et responsabilité sur leurs enfants quand bien même ceux-ci vivent au sein d'une famille recomposée, la revendication du mariage gay (et lesbien) et du droit à l'adoption par les couples homosexuels modifie complètement la donne. Pour comprendre ce qui nous arrive et nous attend, Maurice Godelier a décidé de rouvrir l'ensemble du dossier de la parenté, en brassant une matière qui engage l'ensemble des sociétés connues, à travers l'étude de l'expérience accumulée par l'humanité en matières d'alliance, d'organisation de la descendance, de sexualité et d'interdits sexuels. Mais parallèlement, il revisite l'histoire de l'étude de la parenté, depuis le XIXe siècle jusqu'à nos jours, pour en recueillir le savoir établi, nécessaire à la construction de ses propres hypothèses. Que retenir de ce tour de force ? D'abord ceci : nulle part un homme et une femme ne suffisent à faire un enfant. Et puis ceci : nulle part les rapports de parenté ou la famille ne constituent le fondement de la société. Qu'annoncent les mutations en cours ? Si nulle part non plus l'homosexualité n'avait jusqu'à présent été revendiquée comme fondement de la famille, et, de ce point de vue, le bouleversement auquel sont soumises les sociétés occidentales est inédit, ce à quoi nous assistons depuis trente ans, ce n'est pas à la disparition ou à l'agonie de la parenté, mais à une formidable métamorphose qui, paradoxalement, nous a rapprochés des sociétés "traditionnelles", le terrain privilégié des ethnologues. Trois index (des concepts, des auteurs, des sociétés étudiées), un glossaire, plusieurs cartes et une bibliographie de 250 titres viennent compléter le dossier.
Un extrait de « la bientraitance »
Pr. Marie Rose Moro
Professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent
Université Paris 13
Colloque de l'AFPSSU, Paris, le 18 janvier 2008
Le bébé, on le sait depuis les travaux de Cramer, Lebovici et Stern et bien d'autres, est un partenaire actif de l'interaction parents-enfants et par-là même de la construction de la parentalité. Il contribue à l'émergence du maternel et du paternel dans les adultes qui l'entourent, le portent, le nourrissent, lui procurent du plaisir dans un échange d'actes et d'affects qui caractérisent les tous premiers mois de la vie de l'enfant.
Il y a mille et une façons d'être père et d'être mère comme le montrent les travaux nombreux des sociologues et des anthropologues. Toute la difficulté réside donc dans le fait de laisser la place pour qu'émergent ces potentialités et que nous nous abstenions de tout jugement sur « la meilleure façon d'être père ou d'être mère ».
Mais c'est un travail ardu, car la tendance naturelle de tout professionnel est de penser qu'il sait mieux que les parents comment être avec l'enfant, quels sont ses besoins, ses attentes... Notre rôle devient alors non pas de dire comment il faut être, ou même comment il faut faire, mais de permettre que les capacités émergent chez les parents et que nous les soutenions.
Des éléments sociaux et culturels participent donc à la fabrication de la fonction parentale. Les éléments culturels ont une fonction préventive en permettant d'anticiper le comment devenir parent et si besoin, de donner un sens aux avatars quotidiens de la relation parents-enfant, de prévenir l'installation d'une souffrance.
La rupture du couple, facteur notoire d'exclusion
Un tiers des sans abris ont connu l'aide sociale à l'enfance • Nadine Morano, AFP, le 27/07/2008
Famille(s) et politiques familiales
Cahiers français n° 322
Familles et inégalités sociales
Divorce et après-divorce :
des formes différentes selon les classes sociales
En premier lieu, les formes que prennent les divorces et les séparations diffèrent selon les classes sociales.
Les divorces à conflits sont-ils plus fréquents dans les milieux modestes ? L’enquête menée par I. Théry sur les divorces « très difficiles », montre que seule une minorité d’entre eux (18 %) concerne des personnes culturellement et socialement privilégiées. Le modèle du divorce « réussi », responsable, paisible, réglé « dans l’intérêt de l’enfant », qui a pour conséquence de reléguer les parents, leurs raisons de divorcer et leurs conflits au second plan, correspond à un modèle de classes moyennes et supérieures. « En promulguant comme une norme leur idéal de rupture, les classes moyennes et intellectuelles renvoient à l’inanité les conflits qui, souvent, déchirent les autres ».
Une enquête d’exception
Sans-abri, sans-domicile : des interrogations renouvelées
Economie et statistiques n° 391-392, 2006
Hébergement et distribution de repas chauds
Le cas des sans-domicile
Insee première n° 823, janvier 2002
La rupture du couple, facteur notoire d'exclusion
LE MONDE | 29.01.08 | Extrait
Pourquoi un individu bascule-t-il dans la rue ? Des chercheurs mettent en avant la faiblesse des ressources, les conditions macrosociales (critères d'accès en HLM ou en foyer, coût des loyers dans le parc privé, etc.). D'autres citent les ruptures, vécues dans l'enfance et à l'âge adulte, à l'instar de "Personnes en détresse", étude réalisée en 2002 pour l'Observatoire sociologique du changement et la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars).
Ses auteurs, Serge Paugam et Mireille Clémençon, montrent que les exclus ont une probabilité plus forte d'avoir grandi dans une famille confrontée à de graves problèmes d'argent, d'avoir vu ses parents se disputer ou divorcer. Ils évoquent des difficultés plus personnelles dans l'enfance (problèmes de santé ou de scolarité, mauvais traitements, grand manque d'affection).