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M. Kouchner propose un geste pour les « enfants de Boches »
BERLIN (AFP) - Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a appelé jeudi à Berlin à une reconnaissance des destins déchirés de dizaines de milliers d'"enfants de Boches", enfants illégitimes franco-allemands nés pendant la Deuxième Guerre mondiale.
"Je fais partie de ceux qui ne supportent pas que le mouvement de l'histoire passe les malheurs individuels par profits et pertes", a-t-il déclaré dans un discours consacré à l'identité et l'avenir de l'Europe devant des étudiants de l'université Humboldt.
"Or la France et l'Allemagne sont restées jusqu'ici sourdes à la détresse des dernières victimes innocentes d'un conflit qu'elles n'ont même pas connu. Je parle des enfants de la guerre, a-t-il dit, ceux qu'on surnommait en France du terrible nom d'enfants de Boches: (...) Rejetons de femmes damnées et de pères à la mémoire assassinée, ces enfants devenus adultes nous demandent soixante ans après de reconnaître enfin leur valeur, leur vie et surtout leur identité".
"Cette identité faite de guerre et de souffrances, d'amours et de détestation, c'est aussi l'identité de l'Europe", a poursuivi le ministre.
"Je voudrais lancer une piste de réflexion encore à l'état embryonnaire: ne serait-il pas dans la logique et l'esprit de l'Europe d'accorder une reconnaissance à ceux dont l'être est partagé entre deux pays? Ne pourraient-ils pas faire de leur identité franco-allemande une réalité positive?" a-t-il proposé.
"Tous ne veulent pas d'une double nationalité, la plupart demandent un geste symbolique. Quel que soit le geste, je propose de missionner dans un premier temps un certain nombre d'autorités françaises et allemandes, archivistes, historiens, juristes, philosophes notamment, pour, dans la transparence et la concertation, en préciser les modalités concrètes", a-t-il suggéré.
"Loin de moi d'idée d'agiter les fantômes du passé", mais faisons en sorte "que personne en France et en Allemange ne doive cacher ses origines sous prétexte que'elles se trouvent de l'autre côté du Rhin", a conclu le ministre.