« Le juge pour enfant a raison | Pas ou plus assez « croyant » pour la République ? » |
« L'expert bouffon » ?
Problèmes politiques et sociaux n° 899, avril 2004. Santé mentale et société, chapitre Qu'est-ce que la santé mentale ? Un concept flou. L'ambition initiale : dépasser le modèle de psychiatrie curative. Des définitions nombreuses, mais jamais satisfaisantes. Pour une conception opérationnelle de la santé mentale . Une valeur relative et subjective. "Fou", "malade mental" et "dépressif" : les représentations profanes. Plus d'infos...
J'ai découvert une nouvelle définition, celle de « l'expert bouffon », « qui déculpabilise le juge ». Je connais certains trucs, par exemple un rapport, une lettre, une allégation, n'importe quoi d'opportun, comme un lapin sorti d'un chapeau, à l'audience. J'attends la publication des actes de ce colloque, prévue pour mars 2009, chez Eres. Nous avons eu droit à la lecture de différents cours de Michel Foucault, dont celui du cours du 8 janvier 1975, ces fameuses expertises qui peuvent faire rire, mais qui peuvent aussi tuer. Je connais plutôt bien ce qu'a produit Michel Foucault, l'esprit de son époque et le regard que certains ont pu porter sur le passé, depuis 2008.
Un taquin aurait souhaité que Mme Roudinesco commente une phrase extraite d'un cours de 1978 et de son contexte, Sécurité, territoire, population : « On peut dire sans doute que la folie "n’existe pas", mais ça ne veut pas dire qu’elle ne soit rien. » Après une petite joute verbale entre conférenciers, l'assemblée en a ri. A la fin du colloque, j'ai rappelé qu'en 83, Michel Foucault nous avertissait de nous méfier de l'arbitraire de la justice.
J'ai pris quelques notes ; Winnicott aurait déjà parlé d'éthique ; au pénal, ce n'est que depuis 2007 qu'il serait possible de contester les questions posées à l'expert ; The Lancet aurait publié qu'il faudrait enfermer 5 personnes pour empêcher l'une d'elles de récidiver...
Je retiens que la société est en demande de sécurité tandis que des « usagers » et des professionnels de la psychiatrie et de l'univers carcéral se plaignent de la prévention et du suivi social. Et alors qu'il est parfois difficile de lire le passé, je retiens également que des experts vont maintenant évaluer la dangerosité des détenus en rétention de sureté, appliquant un principe de précaution, ce serait très discutable. Certains s'inquiètent parce ce que, bientôt peut-être, les humains pourraient être jugés pour ce qu'ils pourraient faire et non plus pour ce qu'ils sont ou ont fait... quelque chose de cette nature.
Je note cet intérêt « international » en faveur des personnes en rétention de sureté, finalement assez peu nombreuses en France, alors que, en ce moment même, environ 136 000 enfants sont placés et des milliers de familles doivent être suivies par les services sociaux, ceci dans une certaine indifférence.
Pendant les pauses, j'ai repéré plusieurs livres dans la librairie de la Villette. La couverture de l'un d'eux m'avait interpellé puis son contenu m'a très franchement amusé. Le facteur m'en a apporté d'autres.
En marge du colloque, l'association ANEGEM exposait des tableaux ; s'agissait-il d'une allusion voilée au courant antipsychiatrique ? Le 17e congrès européen de la psychiatrie se tiendra à Lisbone, les 24 et 25 janvier 2009 ; la liste de thèmes suggérés pour des contributions est longue, un extrait : « Alcoholism and Addiction, Alzheimer, Depression, Diagnostics and Classification, Eating Disorders, Miscellaneous, Obsessive Compulsive Disorders, Panic Disorders, Personality Disorders, Sleep Disorders, Stress ».
Plus tard, dans la soirée, les psychanalystes ont également un peu parlé de l'ère des victimes. Par ailleurs, selon le Metro du jour, l'Europe intègrerait maintenant le problème des Roms, les discriminations dont ils sont victimes.
Ce qui survit alors, nous semble-t-il, à ces majestueuses organisations du temps commun est une attention aigüe portée aux évènements, ceux-ci constituant, dans leur aspect souvent irruptif, les éléments d'un réseau dont le sens n'est pas donné au préalable et qu'il convient de reconstituer patiemment, comme un puzzle ou un tableau dont on ne possèderait aucun modèle. En ce sens, nous ne vivons surtout pas « la fin de l'histoire ». Plutôt son début, le commencement d'un temps où l'on comprendrait enfin que la lucidité est toujours à reconstruire et les « nuisances idéologiques » - sans cesse récurrentes -, toujours à pourchasser. • La forme des crises, Daniel Parrocha, 2008, de l'avant propos
Eux. Ils sont des milliers, des millions. Ils avancent, comme un seul homme, ou plutôt comme une seule meute, sans chef apparent, sans cerveau directeur, mus par une sorte d'instinct qui les pousse inexorablement vers ce que les autres, auquel appartient celui qui les observe, imaginent être un but. Mais de but, ils n'en ont point. Leur trajet, comme celui d'une rivière, creuse son propre lit. Sont-ce les vents - propices ou contraires - qui leurs impriment telle ou telle direction ? Suivent-ils un mobile primordial, les entrainant dans son mouvement sans commencement ni fin ? Ou errent-ils au hasard, portés par une nécessité impossible à signifier ? Quelle que soit la puissance qui les caractérise, elle semble, véritable corne d'abondance, être une source intarissable. Sa constance n'a d'égal que son intensité. Il serait bien vain de chercher le moindre individu dans ce flux. Et pourtant, l'observateur suscité semble repérer ici un corps, là un autre. La suite ... • de l'édito, par Jean-Claude Polack et Stéphane Nadaud, Appel aux morts et/ou vifs, Chimères, revue des schyzoanalystes, n°66/67
Les peuples sont exposés. On voudrait bien, « âge des médias » aidant, que cette proposition veuille dire : les peuples sont aujourd'hui plus visibles les uns aux autres qu'ils ne l'ont jamais été. • Peuples exposés (à disparaître), George Didi-Hubermann, in Chimères
La scène judiciaire : Auteurs, acteurs et représentations de la justice
archives-sonores.bpi.fr, 2006
Droit-Philosophie ; Justice-Administration-France ; Justice- Aspect social
Cycle organisé par la Bpi au Centre Pompidou d'octobre 2006 à la fin 2007. Mieux comprendre la justice à travers ses philosophes, mais aussi à travers le fonctionnement de ses institutions, à travers les attentes des hommes et des femmes qui la rendent ou la subissent, à travers les médias et l'opinion public, tel est l'objectif de ces nombreuses rencontres qui invitent professionnels et chercheurs à en débattre.
09/10/2006, Le jugement, entre application de la loi et arbitraire
18/12/2006, La figure de la victime comme nouveau sens de la peine
L'affaire Calas est une affaire judiciaire qui se déroula au milieu du XVIIIe siècle à Toulouse, rendue célèbre par l'intervention de Voltaire. L'affaire est révélatrice du traitement, à l'époque, d'un suspect, puis accusé, sans l'appui d'un avocat (remplacé par des libelles nommés factums), où une hiérarchie des preuves (adminicule et monitoire), le secret de l'instruction et une procédure inquisitoriale transforment le présumé coupable en victime expiatoire. • De source Wikipedia
Je commencerai par dire que je n'entends pas parier d'une difficulté intellectuelle, de quelque chose qui rende la psychanalyse inaccessible à l'intelligence de celui auquel elle s'adresse (auditeur ou lecteur), mais d'une difficulté affective, de quelque chose par quoi la psychanalyse s'aliène la sympathie de l'auditeur ou du lecteur et qui rend celui-ci moins enclin à lui accorder intérêt et créance. ... Mais, dans tous les cas, ces renseignements de ta conscience sont incomplets et souvent peu sûrs ; bien souvent encore il se trouve que tu n'es informé des événements que lorsqu'ils sont accomplis et que tu n'y peux plus rien changer. Qui pourrait, même lorsque tu n'es pas malade, estimer tout ce qui se meut dans ton âme dont tu ne sais rien ou sur quoi tu es faussement renseigné ? Tu te comportes comme un monarque absolu qui se contente des informations que lui donnent les hauts dignitaires de la cour et qui ne descend pas vers le peuple pour entendre sa voix. Rentre en toi-même profondément et apprends d'abord à te connaître, alors tu comprendras pourquoi tu vas tomber malade, et peut-être éviteras-tu de le devenir. • De source classiques.uqac.ca, Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Sigmund Freud (1917), “ Une difficulté de la psychanalyse ”. Traduction française de Marie Bonaparte (1882-1962) et Mme E. Marty. On retrouve cet article dans Essais de psychanalyse appliquée. Paris: Éditions Gallimard, 1933. Réimpression, 1971. ...
" L'expertise psychiatrique, comme le note Foucault, mais d'une façon plus générale l'anthropologie criminelle et le ressassant discours de la criminologie trouvent là leurs fonctions précises : en inscrivant solennellement les infractions dans le champ des objets susceptibles d'une connaissance scientifique, donner aux mécanismes de la punition légale une prise justifiable non plus seulement sur les infractions, mais sur les individus ; non plus simplement sur ce qu'ils ont fait, mais sur ce qu'ils sont, seront, peuvent être ". L'économie punitive se traduit ainsi par un morcellement du pouvoir de juger, c'est à dire une démultiplication des instances annexes de décision judiciaire, au sein desquelles l'institution psychiatrique occupe une place déterminante. • Le principe architectural du Panoptique, Xavier Culot, 2001, sur cxav.free.fr
Où le fou se fait juge La scène du tribunal des fous apparaît dans les marges des manuscrits juridiques bien avant qu'elle ne devienne, à la fin du Moyen Âge, un thème littéraire et iconographique courant. Dans le médaillon central, le fou arbitre le différend qui oppose deux insensés, le demandeur (à sa droite) étant à demi déchaussé. Plus d'infos sur |
Débats
Mardi 5 septembre 2006 - Strasbourg, extrait
18. Améliorer la santé mentale de la population - Vers une stratégie sur la santé mentale pour l’Union européenne (débat)
John Bowis (PPE-DE), rapporteur. - (EN) Monsieur le Président, je remercie le commissaire pour l’accueil chaleureux qu’il a réservé au présent rapport.
Chers collègues, 450 millions de personnes souffrent de troubles mentaux à travers le monde. Parmi nous, une personne sur quatre en sera atteinte au cours de sa vie. En Europe, le nombre de suicides s’élève à 58 000 chaque année, tandis que celui des tentatives est dix fois supérieur. Parmi les décès qui auraient pu être évités figurent davantage de suicides que de décès liés aux accidents de la route ou au SIDA. Trois pour cent d’entre nous traverseront une dépression. Un tiers d’entre nous consultant son médecin de famille souffrira d’une santé mentale déficiente, mais seul un sixième sera correctement diagnostiqué. Ce qui ne signifie pas que les deux tiers restants seront en bonne santé mentale, mais qu’ils n’auront peut-être pas besoin ou ne verront pas l’utilité d’un traitement, ou que personne ne leur en proposera un. Il se peut également que le traitement médicamenteux reçu, la thérapie suivie, les institutions existantes ou les lois en vigueur soient inappropriés et, au mieux, inoffensifs ou, au pire, nocifs pour la santé physique et mentale. Cela nous vaut quasiment à coup sûr d’être affublés d’une étiquette, traités avec condescendance, méprisés, craints et plus ou moins laissés pour compte dans la société, dans notre famille, au travail, dans les activités récréatives, voire même par nos services sociaux et sanitaires.
En cas de coup dur, nous pouvons nous cacher, mais sommes incapables d’agir. Nous ne pouvons pas fonctionner, nous ne pouvons pas apporter une contribution aussi importante que nous le voudrions à la société, nous ne pouvons pas mener une vie remplie et épanouissante, comme nous le souhaiterions. Cela signifie également que nous avons à peine effleuré l’idée de la création d’une politique destinée à promouvoir le bien-être mental de nos concitoyens, de leur tendre jeunesse à leurs vieux jours - marqués par une fragilité croissante - en passant par les années de travail et de loisirs qui caractérisent l’âge adulte.
C’est la raison pour laquelle je me félicite des résultats obtenus, principalement par une succession de présidences du Conseil - débutant et culminant aujourd’hui avec la présidence finlandaise - et par la Commission, responsable de la rédaction du livre vert qui mènera à l’élaboration active de politiques dans les mois à venir.
Lorsque, enfant, j’ai été confronté pour la première fois à la maladie mentale, ce sujet était tabou. ...