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Bête noire, « condamné à plaider »
NDLR : Je commence seulement à feuilleter plus « la bête noire », paru chez Michel Lafon, en avril dernier... agaçant et enrichissant, ce contenu écrit par un vrai pénaliste, Eric Dupond-Moretti, et un bon journaliste, Stéphane Durand-Souffland. Avec un pareil ouvrage et succès, ce pamphlet est à classer parmi mes références. Je comprend de mieux en mieux Eolas, qui me censure, ou qui m'a répondu des âneries... il pourrait s'être trompé #LOL Arf, page 85, « étudier le parcours des scellés », ceux égarés ou détruits par la Poste ? #pschitt, puis fin de la procédure ! Cessez de me lire, Eolas et plein de juges vous expliqueront que je ne suis qu'un gros débile, à faire soigner à tous prix ! « Eric Dupond-Moretti `'tue les Experts comme jadis..." », avais-je lu chez Mediapart ; oui, c'est assez cela, ha ha ! « Seuls les magistrats sont titulaires quand il s'agit de faire émerger la vérité » ? Dupond-Moretti a presque raison, au civil, ce sont les astrologues et les juges qui tranchent, les juristes confirmeront tous
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Portrait d'un médecin polivalent
Voir aussi Car tout se soigne, désormais… des sujets à soigner à tout prix. Egalement très intéressant, le n° 101 de Santé Mentale, La paranoïa, et La psychiatrie - et la justice - à l'épreuve du scientisme, etc, etc.
Voir aussi sur Justice au singulier, Daniel Zagury refuse la clé, et « L'expert bouffon » ?
De la page 14 du journal Femmes 3000 n° 36
NDLR : Claude Duviau, un homme « pouvant être dangereux dans certaines circonstances »...
Assises - Procès Duviau : le verdict attendu aujourd'hui
TF1-LCI - le 09/03/2007 - 09h56
Lors de l'audience de jeudi, Claude Duviau, l'agriculteur jugé pour le meurtre de deux contrôleurs du travail, a raconté le drame presque minute par minute mais sans pouvoir expliquer son geste. Il comparaît depuis lundi devant les assises de la Dordogne pour homicides volontaires sur personnes chargées d'une mission de service public, Sylvie Trémouille et Daniel Buffière, tués de coups de fusil de chasse après un simple contrôle de travailleurs saisonniers dans l'exploitation de Duviau.
Car tout se soigne, désormais… des sujets à soigner à tout prix
Journal français de psychiatrie, n° 13 2001/2
Les psychiatres sont-ils responsables de la raréfaction des non-lieux psychiatriques ?
Daniel Zagury, sur CAIRN, extraits
J’ai pris bien soin d’éviter le ton passionnel et les grandes envolées face aux attaques dont la psychiatrie est l’objet de la part de « belles âmes », professeurs d’éthique totalement ignorants des complexités de la question et de l’histoire de la psychiatrie légale, qui croient avoir trouvé les responsables de l’état des prisons : les psychiatres. Tout ce qui est excessif est dérisoire. On se souviendra qu’Henri Colin, au début du xxe siècle, estimait à plus de 30% le taux de malades mentaux en prison. On le redécouvre aujourd’hui. Tant mieux, si c’est pour apporter des solutions à la fois globales, concernant la psychiatrie publique, et spécifiques, concernant les malades mentaux délinquants. Mais que l’on ne s’avise pas, derrière le paravent des discours généreux, de vouloir recréer l’asile, ce lieu où s’entassent pêle-mêle les fous, les criminels et les gêneurs. Le train des bons sentiments peut en cacher un autre.
«On lui demande d'apaiser un corps social en souffrance»
propos recueillis par Delphine Saubaber, l'Express, le 15/07/2005, extrait
Rencontre avec le Dr Daniel Zagury, chef de service au centre psychiatrique du Bois-de-Bondy, expert psychiatre
"La psychiatrie avale tout ce que la société vomit", prédisait le psychiatre David Cooper dans les années 1960. Qu'en pensez-vous?
La psychiatrie est aujourd'hui plébiscitée, devenue «la bonne à tout faire de la société». Pourquoi certains individus sont-ils durablement hospitalisés dans nos services? C'est parfois moins la gravité de leurs symptômes que la gêne qu'ils occasionnent dans une maison de retraite, un foyer… Il faut bien le dire: du point de vue de la psychiatrie, les nouvelles ne sont pas bonnes. Moi qui travaille en banlieue parisienne, je suis frappé de voir une telle détresse psychosociale. Sachez qu'un chômeur a deux fois plus de risques d'être déprimé. Pauvres, marginaux, déclassés… Affolée par ces sujets qui échappent à toute forme de contention et d'intégration, la société nous demande d'exercer sur eux une violence légitime qu'elle n'a plus l'autorité ou la volonté d'assumer. On psychiatrise, une bonne façon de masquer les effets du chômage, des problèmes d'intégration… De manière générale, on demande à la psychiatrie non plus de soigner les malades, mais d'apaiser un corps social en souffrance. Aller chez un psy, c'est chercher à être écouté, compris, dans une société marquée par la brutalité de la compétition… Un refuge de douceur dans un monde de brutes.
Car tout se soigne, désormais…
Aussi bien le chagrin que les maladies mentales ou les troubles de la personnalité. Ceux qui étaient autrefois de mauvais garçons sont devenus des sujets à soigner à tout prix. Cela me rappelle un certificat rédigé par mon maître Jacques Chazaud à propos d'un homme hospitalisé parce qu'il avait piqué une colère contre sa femme, qui l'avait trompé: «Cocu. Pas content. Peut sortir.» Aujourd'hui, on dirait: «Réaction anxiodépressive chez un homme frappé par un événement de vie pénible. Nécessite des soins afin de retrouver son bien-être…»!
Quels sont les risques d'une telle «psychiatrisation» de l'existence?
Les grands psychiatres nous mettaient en garde contre ce phénomène: Henri Ey prédisait que la psychiatrie, gonflant comme la grenouille de la fable, risquait d'exploser en s'emparant, de borderline en borderline, de tous les aspects de la condition humaine. Car cette extension de la psy va de pair avec un glissement de responsabilité. On le voit à chaque fait divers: le psy est interpellé, tour à tour comme trop répressif ou laxiste. La question n'est plus «Que faire?», mais «A qui imputer?». Sarkozy, au ras de la démagogie, voue à la vindicte publique un juge qui a libéré un homme soupçonné de meurtre. Or nous, psychiatres, prenons des risques tous les jours: hospitaliser ou non… Et, si quelqu'un récidive, ce sera notre faute!
Cette démocratisation de la psychiatrie ne conduit-elle pas, aussi, à rejeter à la marge les populations à particularités, comme les grands malades mentaux?
C'est un paradoxe terrible: tout le monde a son psy, sauf les fous, vu l'état d'abandon de la psychiatrie publique. Les malades mentaux dangereux - minoritaires - sont la part maudite de la libéralisation de la psychiatrie. Un service comme le mien, avec un personnel féminisé, une architecture souple, n'est pas adapté à leur cas. Alors tout le monde se renvoie la balle, psychiatres de secteur, psychiatres de prison… et pouvoirs publics.