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Voulons nous des enfant [maghrébins] barbares ?
NDLR : La présentation du livre, sur Internet, cet été, m'avait quelque peu étonné. De nombreux discours de nature parfois similaires ont précédé sa publication. Quelques passages décrivent des pratiques de contention. Par « traumatismes [relationnels] précoces » comprendre, par exemple, « bébé secoué » ?
Je suis étonné de constater que l'auteur pourrait faire certaines recherches et observations dans les transports en commun... Je note également que l'auteur fait l'éloge de l'avocat de l'enfant et décrie encore certaines pratiques de travailleurs sociaux à force d'exemples, de situations et vécus d'enfants tout à fait dramatiques.
Cet ouvrage, de toute une série du même auteur, chez Dunod, peut encore choquer dès son introduction.
Selon les Echos du Pas-de-Calais n° 58, octobre 2004, page 20 et suivante, Le racisme au quotidien, Hervé Flanquart, maître de conférences à l'université du Littoral, aurait affirmé que « le danger est de typifier une population avec ses éléments les plus déviants. »
Voir aussi La tyrannie des bien-pensants et La psychiatrie - et la justice - à l'épreuve du scientisme.
Voulons-nous des enfants barbares ?
Prévenir et traiter la violence extrême
de Maurice Berger
Dunod, 8 octobre 2008
Pas de résumé sur amazon.fr... voir la présentation chez Dunod, différente de la quatrième.
La quatrième. La quasi-totalité des enfants et préadolescents auteurs de violences extrêmes ont été soumis tout petits, le plus souvent par leurs parents, à des relations particulièrement défectueuses entraînant des traumatismes relationnels précoces.
Pour faire face à ces traumatismes, ces enfants ont, dès les premières années de leur vie, mis en place des processus de défense automatiques incluant la violence. Devenus adolescents ou adultes, beaucoup blesseront, voire même violeront ou tueront.
Leur prise en charge thérapeutique est de résultat aléatoire. Et pourtant les connaissances scientifiques qui permettraient une vraie prévention, existent. Seule la France refuse de les prendre en compte car ce savoir bat en brèche un bon nombre de croyances. Le lien de causalité entre traumatisme relationnel précoce et violence fait en effet chez nous l'objet d'un déni volontaire et sans remède.
Le nombre d'enfants « barbares » qui n'ont pas la liberté interne de ne pas frapper va continuer à croître si nous ne parvenons pas à modifier notre manière de penser ce problème. Cet ouvrage veut y contribuer.
Page 107, l'éloge de l'avocat de l'enfant
La présentation de Dunod...
« La quasi-totalité des enfants et préadolescents auteurs de violences pathologiques extrêmes ont été soumis tout petits, le plus souvent par leurs parents, à des relations particulièrement défectueuses entraînant des traumatismes relationnels précoces. Pour faire face à ces traumatismes, ces enfants ont, dès les premières années de leur vie, mis en place des processus de défense automatiques qui incluent l'attaque potentiellement meurtrière. Leur prise en charge thérapeutique est longue, coûteuse et de résultat aléatoire. Et pourtant les connaissances scientifiques, précises, qui permettraient une vraie prévention, existent. Seule la France refuse de les prendre en compte car ce savoir bat en brèche un bon nombre de croyances. Le lien de causalité entre traumatisme relationnel précoce et violence fait en effet chez nous l'objet d'un déni volontaire et sans remède. La situation risque de devenir ingérable. Le nombre d'enfants « barbares » qui n'ont pas la liberté interne de ne pas frapper va continuer à croître si nous ne parvenons pas à modifier notre manière de penser ce problème. Cet ouvrage veut y contribuer. »
Sommaire :
La violence pathologique extrême. La pathologie des traumatismes relationnels précoces. La clinique spécifique de la violence pathologique extrême. Les processus à l'origine de la violence pathologique extrême. Préalables à la prise en charge de la violence pathologique extrême. La prise en charge de la violence pathologique extrême. Les dispositifs institutionnels. Les dispositifs physiquement contenants. La violence sexuelle : les jeunes violeurs. Préalables concernant la prise en charge des jeunes agresseurs sexuels. Psychothérapie psychanalytique d'un préadolescent ayant commis un viol. Réflexions et propositions sur d'autres formes de violence. De l'enfant non séduisant à la violence chez certains adolescents maghrébins. Inégalités et émeutes : le point de vue d'un pédopsychiatre. Réflexions sur la valeur de l'interdit, de la sanction, et de la culpabilité bien tempérée. ANNEXES.
Public :
Professionnels de l'action sociale auprès de l'enfance et de la petite enfance(éducateurs et assistants); Professions médicales spécialisées en pédiatrie et pédo-psychiatrie; Personnels de l'Éducation nationale
Page 149, extrait
Page 150, extrait
Les premières lignes de l'introduction
14 000 mineurs en France ? Dans le Monde, on pouvait lire
« quelques milliers de mineurs » à l'ASE, « incasables »
NouvelObs n° 2156, semaine du 2 mars 2006, extraits
Après l'assassinat d'Ilan Halimi
Les leçons d'un crime barbare
Le martyre d'un jeune juif enlevé et torturé à mort à Bagneux agit comme un révélateur des faillites contemporaines : hyperviolence des bandes, cités déshumanisées, culture de la haine et banalisation de l'antisémitisme
Un dimanche froid et gris. Un dimanche triste. A l'image de la France. Ce 26 février, entre République et Nation, ce qui était redouté est arrivé. Seuls ou presque, des juifs défilent contre l'antisémitisme. Combien de manifestants ? Moins de 100 000 pour un jeune homme torturé et assassiné. En 1990, pour un cimetière profané, ils étaient près d'un million, venus de tous les horizons.
Aujourd'hui, sur ce trajet de manif si symbolique, la République est représentée dans le carré de tête - ministres, partis politiques, Assemblée nationale, Sénat -, mais la Nation ? Elle aurait dû se sentir concernée tout entière par le meurtre d'Ilan Halimi. Et pourtant...
Le crime barbare de Bagneux, entre remake nauséeux d' « Orange mécanique » et de « Je suis partout » version caillera, agit comme un double révélateur. L'acte en lui-même est le miroir grossissant des faillites contemporaines : hyperviolence, cités et gamins en déshérence, banalisation de l'antisémitisme. Mais ses répercussions en disent tout aussi long sur d'autres poisons français apparus depuis l'époque consensuelle de Carpentras : la tentation du repli dans les citadelles du chacun pour soi, la mise en balance perpétuelle des souffrances - celles des juifs, des Arabes, des Noirs -, l'antiracisme en crise à force d'être attaqué.
Le crime, d'abord. On l'a qualifié de « barbare », faisant involontairement le jeu des membres du gang qui se sont affublés eux-mêmes de ce titre de gloire, enfants du siècle connaissant sans doute le poids des mots et des images. « Barbarie : attitude cruelle, férocité. Manque de civilisation, d'humanité », dit la définition du Petit Larousse. De meurtres sanglants, d'assassins sadiques, de victimes martyrisées, la rubrique des faits divers en est pleine. Mais le calvaire d'Ilan, comme d'autres histoires terribles en leur temps, est devenu emblématique, en dehors même de sa dimension antisémite.
[...] Le crime de Bagneux est un crime bien de chez nous. Un crime français. Les membres du gang sont de toutes les couleurs : black, blanc, beur. D'origine africaine, maghrébine, iranienne, portugaise, ou bien « gauloise ». « Le double inversé de la génération SOS. Un cauchemar », dit Klugman.
Bien sûr, le meurtre d'Ilan fait écho aux émeutes en banlieue. Suscite des commentaires façon café du Commerce : « Tous des sauvages. » Expression d'une angoisse collective face à ces quartiers caricaturés un peu vite en « zones de non-droit » où régnerait une terrifiante omerta (voir l'article d'Isabelle Monnin sur Bagneux).
[...] Déconstruire les représentations racistes. Et en premier lieu à l'école. Vaste chantier. « Pour lutter contre l'antisémitisme, martèle Barbara Lefebvre, il ne faut pas se contenter d'enseigner la Shoah. De même, un cours sur l'esclavage ne suffit pas pour combattre le racisme anti-Noirs. Il faut que les enseignants prennent des risques, se mouillent. » Depuis un an, l'UEJF et l'association Convergence, qui regroupe des jeunes originaires des pays maghrébins et africains, ont lancé l'opération Coexist dans des collèges.
L'objectif ? Débusquer les préjugés pour mieux les casser. Exemple : cette tribune publiée dans « le Monde », après les émeutes en banlieue, par Benjamin Abtan, le président de l'UEJF, intitulée « Ni nouveau barbare ni maître du monde » et adressée à un jeune beur ou black. Abtan écrivait ceci : « J'ai tout entendu sur toi, ces dernières semaines. Tu es un barbare qui aime brûler les voitures de ses voisins [...]. On dit que tout nous sépare. On me l'a tellement répété que je le pensais moi-même [...]. J'ai ainsi appris que je suis supérieur à toi. Tu portes un jogging Lacoste, moi, un jeans Diesel. Tu vis en bas d'une tour minable, moi en bas de la tour Eiffel. Tu deales, moi je dirige les banques. Tu es polygame à Grigny (Essonne), moi enfant unique à Neuilly (Hauts-de-Seine). Tu es djihadiste, et moi je contrôle le monde. Après tout, tu devrais retourner dans ton pays et moi en Israël. Tu n'es qu'un sale étranger et moi qu'un sale juif [...]. Ces murs m'effraient autant que toi et je veux les redessiner avec toi. » Utopique ? Peut-être. Mais indispensable assurément.
Le Canard du 1er octobre 2008
NDLR : La recherche de Libé est en panne, l'article qui suit est recopié du forum de Feministes.net...
http://www.liberation.fr/page.php?Article=369822
Une oeillade et un bisou à l'origine du fait divers de Créteil par Jacqueline COIGNARD
L'agression d'un magistrat n'a finalement rien à voir avec sa fonction.
Dès le premier interrogatoire de garde à vue, Akim avoue : il a bien tabassé un homme, dimanche à midi, dans un restaurant proche du palais de justice de Créteil. Tout en lisant ses dépositions d'avril 2005, la présidente s'étonne du tutoiement employé par l'enquêteur, mais loue la précision des procès verbaux, qui décrivent notamment «la panique» d'Akim quand on lui précise que sa victime est un vice-procureur. Sans s'en douter, il est devenu l'auteur d'un retentissant fait divers : le débat sur la violence dans les tribunaux repart ; l'Union syndicale des magistrats lance un mot d'ordre de grève d'une heure des audiences ; le vice-procureur, visage tuméfié, est reçu par le ministre de la Justice...
Regard. Akim, poursuivi pour coups et blessures, est un Franco-Algérien de 31 ans, athlétique, cheveux courts, teint pâle, yeux clairs. Vendredi, à la barre du tribunal correctionnel de Paris, il répète ce qu'il a maintenu pendant la garde à vue et l'instruction. Ce dimanche-là, il traverse une galerie marchande de Créteil avec un ami. Il longe un restaurant où un homme «en costume noir» est attablé «avec sa meuf», juste derrière la vitre. En fait, le magistrat déjeune avec une collègue et un greffier, de permanence comme lui. «Le type à l'intérieur me fixait des yeux. Il ne pouvait pas s'arrêter de me regarder.» Akim poursuit son chemin, puis revient sur ses pas, sans écouter son ami qui essaie de l'en dissuader. «Quand je reviens, le type éclate de rire et me fait un petit bisou.» Convaincu que l'homme se moque de lui, Akim, fou de rage, se précipite dans le restaurant.
Le magistrat, lui, se souvient d'un passant qui l'a regardé, tandis qu'il discutait avec ses commensaux. Puis l'homme est revenu sur ses pas, quelques secondes plus tard. «J'ai pensé : mais qu'est-ce qu'il me veut celui-là ?» Il s'interroge encore sur la mimique qui aurait pu être interprétée comme un bisou. Mais la suite des événements l'a marqué pour un moment : «Je me souviens de la chaise, puis du tesson de carafe dans sa main. Je suis tombé à terre. Il a saisi la table.» Quand il revient à lui, après s'être évanoui, il entend la voix de sa collègue lui répéter «réveille-toi». Il s'en sort avec un traumatisme crâno-facial, de multiples contusions, un mois d'arrêt maladie...
«J'ai pensé qu'il me séduisait», répète Akim. «Mais pour s'expliquer, on commence par parler. Or, vous lui avez lancé une chaise dessus», s'étonne la présidente. «Je me suis senti plus petit que lui», répond Akim. Dans sa plaidoirie, son défenseur, Me Olivier Fouché, explicite : «Ce n'est évidemment pas une question de taille, mais de relation à celui qu'il sent supérieur [....]. Ce que vous avez à juger, c'est un accès de violence par rapport à ce qui a été interprété comme une provocation, une humiliation.» Né à Chartres puis élevé en Algérie, où il a fait des études de maths, Akim est revenu en France en 2003. Il travaille sur des chantiers, en intérim. Psychiatre et entourage le décrivent comme «impulsif», «imprégné de valeurs traditionnelles telles que le courage, la virilité, la fierté» et porté à «dévaloriser l'homosexualité».
Psy. De sa cellule, où il a passé cinq mois, Akim a écrit une lettre d'excuses au magistrat. Depuis sa sortie, il pointe deux fois par mois, mais néglige la visite à un psy, elle aussi imposée par le contrôle judiciaire. «Je n'ai pas assez attiré son attention là-dessus», regrette Me Fouché. Qui estime que la violence de sa réaction traduit une «peur qui a besoin d'être creusée».
Le procureur constate : «Nous étions partis sur une tentative d'homicide volontaire sur un magistrat. Les choses ont été recadrées depuis.» Il exclut aussi la violence gratuite : «Il a répondu à ce qu'il a pris pour une provocation de nature sexuelle. Il a vu un regard appuyé, un sourire moqueur, un bisou.» Selon lui, «cette affaire se résume à un regard mal interprété par un jeune homme à la virilité trop ombrageuse». «Vous auriez pu le tuer !» le tance-t-il, avant de requérir dix-huit mois de prison, dont douze avec sursis. Décision, le 7 avril.
1 commentaire
📚 [Thread] Vous n’avez pas encore lu “Sur la violence gratuite en France” (@editiondutoucan) du pédopsychiatre Maurice Berger ?
— Damien Rieu (@DamienRieu) July 19, 2020
C’est un tort, mais heureusement je l’ai fait pour vous.🤓
Meilleurs extraits ⤵️⤵️⤵️ pic.twitter.com/S2eHdpu1yo