Catégorie: Psychologie, idéologies
Le language de Thomas Szasz aurait permi une prise de conscience
NDLR : Thomas Szasz a été reconnu comme « l’homme qui a contraint la psychiatrie à admettre l’existence et l’importance des conflits moraux et éthiques ». Thomas Szasz a cependant soutenu que la maladie mentale pourrait n'être qu'un mythe et ses travaux ont par ailleurs été employés par la scientologie, un sujet sensible.
Rappel de ce qui pourrait être en vigueur en France si on s'en fie à « Problèmes politiques et sociaux » n°899, avril 2004, probablement des textes et circulaires restés, comme d'autres, dans le fond d'un tiroir : « Le droit du malade au libre choix de son praticien et de son établissement de soin » est un des principes fondammentaux de la législation sanitaire, comme le rappelle la circulaire du 14 mars 1990. De même, l'article premier du 24 avril 1996 réaffirme ce droit des patients : c'est une condition au fonctionnement même de l'hôpital avec le droit à « l'information », « la mesure de la satisfaction du patient », etc.
Pourtant, en 2002, décrivant ce qu'il considère être une exception française, dans le domaine de l'isolement et de la contention, Dominique Friard écrivait que « Contrairement à la plupart des démocraties occidentales, l'Etat français n'a pas jugé nécessaire de légiférer en ce domaine, laissant au médecin toute liberté pour gérer ces problèmes ». Si l'on se fie à certaines informations officielles, en France, la contention est également pratiquée en pédopsychiatrie, y compris pour des « petits ».
Peu après septembre 2005, la société française a massivement réagi à l'appel du collectif pas de zéro de conduite pour les enfants de moins de trois ans.
LES PROBLÈMES ÉTHIQUES, SOCIAUX
ET LÉGAUX DE LA PSYCHIATRIE
Alice Parizeau
Psychiatrie clinique : approche contemporaine
Pierre Lalonde et Frédéric Grunberg (en collaboration),
Gaétan Morin, éditeur, Chicoutimi. 1980, Québec.
Erudit, criminologie, 1982, volume 15, n°2,
extraits d'une note de lecture
II est très malaisé de faire la recension d'un volume à la rédaction duquel ont collaboré trente-huit spécialistes. ...
Traité du délire
Petite digression
Voir aussi les actes du colloque L'évènement dans l'espace euroméditerranéen, Mémoire, Identité et Communication, septembre 2006, dans le cadre des 1ères journées scientifiques euroméditerranéennes.
Petite digression
un texte de Voltaire, probablement publié en 1766
Dans les commencements de la fondation des Quinze-Vingts, on sait qu’ils étaient tous égaux, et que leurs petites affaires se décidaient à la pluralité des voix. Ils distinguaient parfaitement au toucher la monnaie de cuivre de celle d’argent; aucun d’eux ne prit jamais du vin de Brie pour du vin de Bourgogne. Leur odorat était plus fin que celui de leurs voisins, qui avaient deux yeux. Ils raisonnèrent parfaitement sur leurs quatre sens, c’est-à-dire qu’ils en connurent tout ce qu’il est permis d’en savoir; et ils vécurent paisibles et fortunés autant que des Quinze-Vingts peuvent l’être. Malheureusement un de leurs professeurs prétendit avoir des notions claires sur le sens de la vue; il se fit écouter, il intrigua, il forma des enthousiastes: enfin on le reconnut pour le chef de la communauté. Il se mit à juger souverainement des couleurs, et tout fut perdu.
Eloge de la barbarie judiciaire
Thierry Lévy
Eloge de la barbarie judiciaire
Odile Jacob, 2004
Mot de l'éditeur. Audience jouée d'avance, poids du dossier, garde à vue renforcée, enquête viciée par la garde à vue, experts et témoins sous influence, enquêteurs investis des pouvoirs du juge : le procès pénal n'est pas équitable. On fabrique l'erreur sous les yeux d'une défense entravée. Aujourd'hui, l'institution judiciaire s'est trouvée un nouveau maître, plus aveugle, plus menaçant encore que l'Etat autoritaire. Le plaignant aux mille récriminations, idolâtré, transfiguré en sainte victime.
Le duel des âges barbares, arbitré entre égaux par un juge indépendant et selon des règles acceptées, respectait bien davantage les acteurs du procès. Ce n'est pas l'esprit d'humanité qui l'a banni de nos lois. C'est l'arrogante prétention du prince à imposer à ses sujets la vérité qu'il croyait détenir. Et nous n'en sommes pas sortis.
Extraits...
La vérité qui déboule à l'audience est un produit de la superstition. Lachée du ciel ou déchiffré dans les cris du supplicié ou les larmes de la victime, elle n'a pas été formée par une enquête serieuse et impartiale mais par un décrêt paré d'autorité de l'Etat. Sous prétexte que le fait à juger a engendré du mal et de la souffrance, les fonctionnaires de la justice tournent le dos à la raison et au bon sens.
La fausse indépendance de la justice. Aveuglés par notre attente, nous ne faisons plus la distinction entre les tâches de maintien de l'ordre et la question judiciaire. Si l'on peut admettre que l'Etat ait à l'égard des membres de la communauté une obligation de sécurité, cela ne peut signifier qu'il doive, dans le procès judiciaire, jouer les deux rôles incompatibles d'enquêteur et de juge. La neutralité des représentants de l'Etat dans l'accomplissement des missions de service public est un dogme mais, dans le domaine judiciaire plus qu'ailleurs, c'est aussi un leurre. Comment l'enquêteur pourrait-il rester neutre tout en faisant avancer ses investigations dans un sens déterminé ?
De source revue Quasimodo
Oeuvre de Voltaire,
Commentaire sur le livre des délits et des peines
1766, par un avocat de province, extraits
II. — Des supplices
Les supplices recherchés, dans lesquels on voit que l’esprit humain s’est épuisé à rendre la mort affreuse, semblent plutôt inventés par la tyrannie que par la justice
III. — Des peines contre les hérétiques
L’habitude devient loi; et depuis ce temps jusqu’à nos jours, c’est-à-dire pendant plus de sept cents années, on a brûlé ceux qui ont été ou qui ont paru être souillés du crime d’une opinion erronée.
X. — Des sorciers
Les médecins cherchèrent encore la marque satanique. Ils la trouvèrent à un petit seing noir sur une de ses cuisses. Ils y enfoncèrent l’aiguille. Les tourments de la question avaient été si horribles que cette pauvre créature expirante sentit à peine l’aiguille elle ne cria point; ainsi le crime fut avéré. Mais comme les moeurs commençaient à s’adoucir, elle ne fut brûlée qu’après avoir été pendue et étranglée.
Tous les tribunaux de l’Europe chrétienne retentissaient alors de pareils arrêts. Les bûchers étaient allumés partout pour les sorciers, comme pour les hérétiques. Ce qu’on reprochait le plus aux Turcs, c’était de n’avoir ni sorciers ni possédés parmi eux. On regardait cette privation de possédés comme une marque infaillible de la fausseté d’une religion.
Un homme zélé pour le bien public, pour l’humanité, pour la vraie religion, a publié, dans un de ses écrits en faveur de l’innocence, que les tribunaux chrétiens ont condamné à la mort plus de cent mille prétendus sorciers. Si on joint à ces massacres juridiques le nombre infiniment supérieur d’hérétiques immolés, cette partie du monde ne paraîtra qu’un vaste échafaud couvert de bourreaux et de victimes, entouré de juges, de sbires, et de spectateurs.
X. — De la peine de mort
On a vu des juges qui aimaient à faire couler le sang; tel était Jeffreys, en Angleterre; tel était, en France, un homme à qui l'on donna le surnom de coupe-tête. De tels hommes n'étaient pas nés pour la magistrature; la nature les fit pour être bourreaux.
XII. — De la question
La loi ne les a pas encore condamnés, et on leur inflige, dans l’incertitude où l’on est de leur crime, un supplice beaucoup plus affreux que la mort qu’on leur donne, quand on est certain qu’ils la méritent.
Juges de la Cour et mythes au Canada
Juges de la Cour
Allocution de la très honorable Beverley McLachlin, C.P.
Le rôle du juge dans un État démocratique
Le 3 juin 2004, extraits
Le rôle du juge dans un État démocratique consiste à résoudre les différends qui opposent les citoyens et les gouvernements. Dans une démocratie, chacun, du citoyen ordinaire au politicien le plus important, doit se conduire conformément à la loi. Une institution doit donc exister pour régler conformément à la loi les différends qui surgissent. Cette institution, c’est la magistrature.
Il est facile de décrire le rôle des juges, mais plus ardu de décrire la façon dont les juges s’acquittent de leur tâche. En effet, au fil des années, certains mythes ont embrouillé la véritable nature du rôle que joue le juge et des défis qu’il doit, dans une démocratie moderne, relever.
Sauver les enfants
Sauver les enfants
Vivette Samuel
Éditions Liana Levi, 1995
De la couverture. « Sauver les enfants » : autours de ce mot d'ordre, un réseau se met en place dansla France occupée pour sortir les enfants des camps d'internement et, à partir de 1942, les soustraire à la déportation. Faux papiers, « camoufflages » dans des institutions et des familles d'accueil non juives, passages clandestins des frontières sont autant de moyens qui permettent d'arracher des enfants à leurs tragiques destins. Vivette Samuel a tout juste vingt ans lorsqu'elle s'engage dans ce combat, qui permettra de sauver des milliers d'enfants, grâce à une formidable chaine de solidarité.
Vivette Samuel est née à Paris en 1919. Ses études de philosophie sont interrompues par la guerre et le statut de Juifs décrété par Vichy. Recrutée par l'OSE (Oeuvre de Secours aux Enfants) en 1941, elle est internée volontaire au camps de Rivesaltes. Sa mission : faire libérer les enfants pour les placer dans des maisons d'accueil. A partir de 1942, lorsque les déportations des Juifs de France commencent, elle se consacre à l'action clandestine de sauvetage des enfants. A la libération, elle se tourne vers la profession d'assistante sociale et, en 1954, elle retrouve l'OSE, dont elle assurera la direction à partir des années 80.
De la présentation détaillée, par Marianne Rabain, psychiatre à l'OSE, sur Carnet/Psy. Ce livre est avant tout une leçon d'histoire. Son auteur, Madame Vivette Samuel, fit preuve toute jeune encore, d'un grand courage en s'engageant dans un combat, pendant la deuxième Guerre Mondiale, pour sauver des enfants juifs menacés de mort. Elle s'est consacrée par la suite, après-guerre, au travail social, faisant figure de pionnière dans l'élaboration des mesures de protection de l'Enfance. Ce livre, paru en avril 1995, vient juste célébrer le cinquantième anniversaire de la victoire des Alliés sur le Nazisme, et de la libération des camps de concentration où périrent des millions de juifs, tandis que d'autres étaient sauvés grâce à la lutte acharnée de militants qui, comme Vivette Samuel, ont refusé de plier sous la loi du plus fort.
L'enfance dans l'ombre du génocide
Le Monde, 6 Octobre 2000
Extrait. Une étude précise et sensible, Katy Hazan décrit l'action des institutions juives - laïques et religieuses - qui ont recueilli après guerre les enfants de déportés. Initiées dès le lendemain de la défaite de 1940, les persécutions antisémites poussent immédiatement les juifs à lutter pour leur survie. Avec les rafles de 1942 qui touchent les familles sans distinction d'âge, la dramatique urgence de disperser et de cacher les enfants s'impose aux organisations juives. Totalement prises de court, elles en recueillent des centaines à l'abandon.
Les Réunionnais de la Creuse veulent faire reconnaître leur « déportation » en métropole
Le Monde, 18 Août 2005
Extrait. De 1963 à 1980, 1 630 enfants ont été transférés. Me Gilbert Collard et Simon A-Poi, président de l'Association des Réunionnais de la Creuse, ont indiqué, mardi 16 août, lors d'une conférence de presse à Guéret, qu'ils assignaient l'Etat devant le tribunal administratif de Limoges pour « violation des lois sur la famille et sur la protection de l'enfance, violation des conventions internationales, non-respect des droits de l'enfant ». L'affaire devrait être examinée à l'automne. « Ce n'est pas gagné, mais c'est une bagarre qu'il faut mener », a déclaré Me Collard, avocat de l'association. Cette nouvelle démarche, qui s'inscrit dans une action engagée il y a trois ans, permettra d'éclairer une histoire méconnue.
De la quatrième de « Ma vérité », par Eric Breteau. Pourquoi une opération humanitaire, au but noble et juste, visant à sauver des enfants orphelins de la guerre du Darfour, devient en quelques heures une abominable affaire de trafic d'enfants ? Pourquoi des hommes et des femmes courageux et dévoués à un idéal humaniste deviennent, en seulement quelques jours, d'horribles criminels conspués par l'opinion publique et jetés en prison ? Parce qu'ils ont osé défier les « puissants ». Parce qu'une toute petite organisation humanitaire a agi là où l'Onu et les grandes ONG restent passives quand s'accomplissent les pires crimes contre l'humanité.
Les concepts de violence et de maltraitance institutionnelle
Les concepts de violence et de maltraitance
Par Éliane Corbet, Docteur en psychopédagogie,
conseillère technique, Creai Rhône-Alpes
adsp n° 31 juin 2000, pages 24 et suivantes, extrait
Les travaux sur l’enfance maltraitée ont conduit à ceux sur les violences institutionnelles.
Les « violences institutionnelles » sont celles que subissent les usagers dans les institutions spécialisées, sociales et médico-sociales. Elles ne sont pas exercées seulement par des professionnels, mais aussi par des usagers de l’institution entre eux.
La notion de violence institutionnelle a été mise en lumière en 1982 par Stanislaw Tomkiewicz. Celui-ci a montré combien la relativité de la notion même de violence peut rendre l’appréciation d’actes délicate et mobile, mais n’en empêche pas pour autant l’analyse, au contraire elle conduit à réfléchir à leurs causes ou aux options qui les gouvernent. Les intentions des acteurs peuvent paradoxalement leur paraître les meilleures ou guidées dans l’intérêt de l’enfant, comme celles qui mènent aux « violences faites pour le bien de l’enfant ».
Alice Miller avait quant à elle dénoncé la « pédagogie noire » conduite aussi « pour le bien de l’enfant » et qui tient l’enfant pour coupable dès que ses parents ou ses éducateurs ne le comprennent pas.
C’est au regard de ses conséquences, en termes de souffrance, qu’est définie la violence institutionnelle.
S’intéressant plus particulièrement aux violences subies par les enfants accueillis dans les institutions spécialisées, Tomkiewicz appelle « violence institutionnelle toute action commise dans et par une institution, ou toute absence d’action, qui cause à l’enfant une souffrance physique ou psychologique inutile et/ou qui entrave son évolution ultérieure. » C’est actuellement la définition couramment retenue, elle prend en compte les « actes » commis envers l’enfant ou les « ambiances » dans lequel on le fait vivre, les violences agies ou les négligences.
Dans la suite de ces travaux, il nous est apparu que devait s’imposer une définition large qui s’oppose à toute tendance de hiérarchisation d’actes violents, en effet, une telle hiérarchisation comporterait en elle-même un discours de banalisation et de justification, signe d’une absence d’identification à l’enfant, l’adolescent ou l’adulte vulnérable.
La définition que nous avons pu proposer est fidèle à une position clinique préoccupée du développement du sujet accueilli dans l’institution spécialisée et peut être ainsi résumée : « Entre dans le champ de la violence institutionnelle tout ce qui contredit ou contrevient aux lois du développement, tout ce qui donne prééminence aux intérêts de l’institution sur les intérêts de l’enfant. » Le développement est entendu ici dans ses différentes dimensions, psycho-affective, cognitive, physique, sociale.
Cette position conduit à interroger le fonctionnement même des institutions d’accueil en se demandant quelles peuvent être les entraves au développement favorable du sujet accueilli dans une institution spécialisée, ces entraves étant à imputer à une qualité altérée de son accueil.
Maltraitances Institutionnelles
Accueillir et soigner les enfants sans les maltraiter
De Marceline GABEL, Frédéric JESU et Michel MANCIAUX
Edition Fleurus, psycho-pédagogie
Collectif, 1998
Quand des parents, pour des raisons et des durées variables, ne sont pas en mesure d'assurer seuls l'accueil et les soins requis par leurs enfants, ils peuvent - ou doivent - s'adresser à des services, des institutions qui ont reçu à cet effet des missions bien délimitées : apporter compétences et soutiens pour aider ces familles à réduire et si possible à résoudre les problèmes vécus par chacun de leurs membres. Comment faire pour que tous les acteurs impliqués de la sorte soient protégés du risque de voir surgir et proliférer entre eux incompréhensions, dénigrements, délaissements, carences et même violences ? Une institution peut-elle accueillir un enfant sans se substituer à ses parents, sans contourner leurs droits et devoirs à son sujet ? Le soigner, certes en cherchant à lui faire du bien, mais sans l'exposer pour cela à la possibilité de lui faire du mal ? Cet ouvrage collectif rend compte de démarches professionnelles visant à définir et à promouvoir des principes et des pratiques répondant à une véritable obligation éthique contemporaine : accueillir et soigner les enfants non seulement sans les maltraiter, mais plus encore avec un projet délibéré de " bientraitance ".
La totalité réalisée : l'histoire
La société parano ; Théories du complot, menaces et incertitudes
de Véronique Campion-Vincent
Payot, 2005
La Foire aux illuminés ; Esotérisme, théorie du complot, extrémisme
de Pierre-André Taguieff
Mille et une nuits, 2005
La théorie du complot dans les textes
Collectif, CNRS, à paraître, ISBN-13 978-2271067869
« Affranchi de l'autorité des adultes, notait déjà Hannah Arendt, l'enfant n'est pas libéré mais soumis à une autorité plus tyrannique qui le nie comme individu » • Assemblée nationale, Mme Ségolène Royal, 1ère séance du 14 juin 2001, présidence de M. Pierre Lequiller
La totalité,
Volume 6, La totalité réalisée : l'histoire
par Christian Godin
Chez Champ Vallon, PUF, 2003
La présentation. La Totalité est une encyclopédie philosophique, en huit volumes, qui décrit et analyse tout ce qui dans les domaines de la pensée et du réel a rapport avec ce qu'il est convenu d'appeler, tant dans la langue commune qu'en philosophie, la totalité.
Ce volume, le dernier, étudie les différentes figures de la Totalité historique, depuis les premiers empires jusqu'à l'actuelle mondialisation. Il montre que c'est par toute une série de méprises théoriques et politiques que le totalitarisme a fini par imposer sa forme tragique à la totalité même. Il s'achève par l'espoir que la présente mondialisation, figure concrète de la totalité humaine en voie d'auto-réalisation, ne perdra pas le sens de l'universel, car c'est dans cette synthèse seule que la Totalité rêvée par la religion, pensée par la philosophie, comme par la science, représentée par l'art, peut véritablement se réaliser.
Psychopathologie des violences collectives
Psychopathologie des violences collectives
Essai de psychologie géopolitique clinique
de Françoise Sironi
Odile Jacob, 2007, collection psychologie
Présentation de l'éditeur • Des prises d'otages aux attentats, de la répression à la torture, mais aussi du bizutage aux tournantes, les violences collectives sont quotidiennes à l'étranger comme en France. Quel est leur but ? Comment parvient-on à terroriser une population ? Qu'est-ce qu'un traumatisme intentionnel ? Françoise Sironi, spécialiste internationalement reconnue, a soigné des victimes des Khmers rouges, elle a été en mission au Kosovo et a fondé un centre de réhabilitation de vétérans russes des guerres en Afghanistan et en Tchétchénie. Elle a créé une nouvelle approche, la psychologie géopolitique clinique, qui étudie et prend en charge ce nouvel aspect des relations sociales et internationales. Elle montre comment les conflits violents créent des traumatismes psychiques aussi bien chez les agresseurs que chez les agressés. Et elle expose les thérapies qu'elle a mises au point.
Biographie de l'auteur • Françoise Sironi est maître de conférences en psychologie clinique et pathologique à l'université Paris-VIII et enseigne la psychologie géopolitique à l'Institut d'études politiques de Paris. Elle a publié Bourreaux et Victimes. Psychologie de la torture.
Essai de psychologie géopolitique clinique
Un objet actif aux interfaces entre les mondes
Conférence prononcée le 13 octobre 2006 au colloque
La psychothérapie à l'épreuve de ses usagers
Par Françoise Sironi, extrait
Pourquoi "géopolitique" ?
Le terme "géopolitique" est apparu la première fois en 1904, sous la plume d'un géographe suédois, Rudolph Kjellen (1864-1922). La géopolitique désignait alors un nouveau domaine de recherches, une démarche scientifique nouvelle, une nouvelle manière de voir le monde et de poser des problèmes qui, jusqu'alors, étaient occultés par les idéologies de tout bord. L'objet de la géopolitique concerne l'apparition de nouveaux états, le tracé de leurs frontières, la disparition de peuples et de nations, les conflits territoriaux, l'expansion de certaines idéologies politiques et religieuses, et les revendications d'indépendance. La géopolitique concerne également les problèmes politiques au sein d'un même état, les revendications territoriales, culturelles, religieuses qui s'y font jour, ainsi que la géographie des découpages électoraux.
Le terme "géopolitique" a été proscrit après 1945, car les nations appartenaient alors depuis peu à l'un ou à l'autre des deux blocs (Est/Ouest). Il importait que rien ne vînt affaiblir l'unité de chacun d'eux. Dans le "camp socialiste", les états étaient proclamés frères dans le socialisme. Il fallait donc interdire la géopolitique, car son objet même porte, entre autres, sur les rivalités territoriales qui avaient pu opposer les peuples frères auparavant, et qui devaient être à jamais oubliées, dans la perspective de l'avenir radieux que promettait le communisme.
A "l'Ouest", il n'était pas plus opportun d'évoquer la géopolitique, du fait des litiges territoriaux comme ceux dont l'Alsace et la Loraine furent l'enjeu de nombreuses fois dans l'histoire. Dans chaque camp, les conflits anciens devaient apparaître comme secondaires et révolus. Seul comptait l'opposition planétaire entre deux visions du monde.
L'interdiction de la pensée géopolitique était une injonction à fonctionner dans le déni, dans le refoulement des histoires culturelles et politiques, au profit des deux nouvelles puissances mondiales : Etats-Unis d'Amérique, Union Soviétique. C'est après 1985 que l'utilisation du terme géopolitique a pris son plus grand essor. Il devint, après la perestroïka, synonyme d'une nouvelle façon de voir le monde.
Que ce soient pour analyser la psychologie d'hommes d'état, celle d'auteurs ou de victimes de violences collectives, la psychologie géopolitique clinique s'appuie obligatoirement sur l'influence sous-jacente de l'histoire collective présente et passée. Il s'agit de l'histoire, très localisée, comme celle du terroir, ou très globalisée, comme celle de l'histoire nationale, européenne, voire mondiale dans certains cas.
Comme nous le montre l'ethnopsychiatrie, les cultures sont des forces locales à considérer avec sérieux. Elles sont souvent en opposition forte avec les théories contemporaines véhiculées par les professionnels du soin, notamment dans les actions humanitaires à caractère psychologique qui foisonnent partout dans le monde. Les patients peuvent devenir le champ de bataille d'enjeux contradictoires, de politiques de soins désastreuses car principalement pensés dans leur logique mercantile.
Et si vous parrainiez un enfant ?
Vivre mieux, solidarité.
Et si vous parrainiez un enfant ?
vendredi 16 novembre 2007 | Le Parisien, extraits
Vous voulez aider un petit qui en a besoin, en le recevant par exemple un week-end ? Pour la première fois en France, un espace SOS parrainage*, inauguré hier, permet de se renseigner.
... A l'heure où tant de Français désespèrent de pouvoir adopter à l'international, le parrainage peut être une alternative, un autre moyen de transmettre chaleur, valeurs et nourriture affective. « Mais attention, ce n'est pas de l'adoption », prévient France, qui a adopté une petite fille et parraine un petit garçon. « Il faut avoir fait du chemin dans sa tête. C'est plein de petits bonheurs, c'est gratifiant, c'est de l'amour. Mais le parrain est là pour aider l'enfant à être mieux dans sa famille, pas pour se substituer à elle. »
* Espace parrainage, 31, rue Planchat, 75020 Paris, M o Avron ou A-Dumas, tél. 01.40.02.02.05.
Le parrainage de proximité pour enfants
Une forme d'entraide méconnue
Catherine Sellenet
Savoir et formation, Education, travail social
L'Harmattan, juin 2006
Le parrainage de proximité est peu connu, pourtant les besoins existent. Il est un révélateur des failles de notre système d'éducation, il met à jour de nouveaux besoins, des attentes des parents. Qui sont les parrains, quelles sont leurs motivations, à quels enfants peuvent-ils venir en aide, avec quelles méthodes ? Ce livre interroge une nouvelle forme d'entraide, innovante peut-être.
De source CFPE,
1947 - 2007 : 60 ANS AU SERVICE DE L’ENFANT
L’association depuis 60 ans
Créé en 1947, au lendemain de la guerre, le Centre Français de Protection de l’Enfance s’engage aux côtés des enfants en difficulté et de leur famille, en France et dans une vingtaine de pays dans le monde.
Depuis 60 ans, sa volonté est d’améliorer les conditions de vie des jeunes en situation de détresse en s’adaptant sans cesse à l’évolution du contexte social.
Aujourd’hui, les actions de l’association s’articulent autour de deux grands programmes :
- Le premier est la création et l’animation de lieux d’accueil s’adressant aux touts-petits, aux enfants et adolescents ou encore au service de la relation parents-enfants.
- Notre second programme repose sur le développement de formules de parrainage, action que nous nous efforçons de promouvoir depuis notre origine.
En France le parrainage de proximité concerne environ 300 enfants et adolescents en Ile de France, Picardie et région Nord.
Dans le monde 12 000 enfants sont aidés dont 7 000 parrainés individuellement.
Le laid, l'étrange et « un bébé sur le tard », un dossier des maternelles
« L'art doit faire son affaire de ce qui est mis à l'index en tant que laid, non plus pour l'intégrer, l'atténuer ou le réconciler avec son existence par l'humour qui est plus repoussant que toute chose repoussante, mais pour dénoncer, dans le laid, le monde qui le crée et le reproduit à son image... » Adorno, Théorie esthétique, cité par Bourahima Ouattara, Adorno, une éthique de la souffrance, p. 140, L'Harmattan, 2004
Volume 56, Issues 4-5, Pages 173-326
Enfants d'ailleurs. Vivre les différences
Congrès de Paris, 1er et 2 juin 2007
Edited by A. Plantade
Unfit to be a mother ? They said they would take the baby anyway
plus Hidden heartache of the weekend mothers and more
The GuardianThe Guardian, Tuesday January 15 2008
servicevie.com, semaine du 1er mai 2000, extraits
La naissance d'un enfant trisomique et l'impact chez la mère
Imaginez-vous dans la peau d'une mère qui a désiré son enfant pendant des mois et qui se rend compte que l'enfant qu'elle tient dans ses bras n'est pas celui qu'elle avait imaginé...
Dossier Mères sur le tard, les maternelles
Des bébés toujours plus tard
« Il n’y a plus d’âge pour être mère » : il est vrai qu’insensiblement, l’âge au premier enfant n’a cessé de reculer : il était de 27,2 ans en 1970, de 27,4 ans en 1986, de 29,2 ans en 1997 et de 29,4 ans en l’an 2000.
Le nombre des grossesses tardives proprement dites, c’est à dire à plus de 40 ans, augmente lui aussi, quoique restant marginal même s’il est très monté en épingle par les média : Isabelle Adjani, Kim Basinger, Cherie Blair ont bien fait la une... Et cette année, une femme de 64 ans a été mère des œuvres de son frère et d’un ovocyte d’une jeune femme américaine !
... Voir également la bibliographe associée des maternelles.
Revue Ethnopsychiatrica, n° 1
Normes et déviances
Véronique Pillon, éditions Bréal, 2006
La mondialisation de la culture
Jean-Pierre Warnier, la Découverte, 2004
Du N°1 de la revue Ethnopsychiatrica, 1978.
Toute connaissance ayant trait à la société (et donc aussi à la culture) repose sur deux principes :
1) Le patrimoine génétique de homo sapiens n'est pas celui d'une espèce dite « sociale » (abeilles, termites, etc.), mais celui d'une espèce grégaire - terme employé ici dans son sens traditionnel et non pas au sens qu'il a dans l'éthologie. ...
2) Il est inadmissible d'attribuer l'équivalent d'un psychisme à la société. Ce principe permet cependant l'emploi d'expressions du genre : « la société choisit », si la façon dont une telle expression est utilisée n'implique pas l'existence d'un « raisonnement » ou d'une « volonté » propres à la société en tant que telle. Elle ne peut impliquer qu'un choix soit unanime, soit fait par la majorité des membres d'une société, soit même le choix d'un individu ou d'un groupe d'individus capables de faire agir l'ensemble de la population d'une manière conforme à leur choix.
I. La Pathologie. Le terme « ethnopsychiatrie » contient trois racines grecques : ethnos, psyché et iatreia (traitement visant la guérison). Le troisième de ces termes implique les notions de « maladie » et « santé », et présuppose que le traitement d'une maladie peut la remplacer par la santé. L'idée du traitement implique, à son tour, que la maladie est un mal, la santé un bien et le traitement de la maladie un bien inconditionnel.
Ces suppositions mènent, en ligne droite, au problème focal d'une théorie morale, selon laquelle il est impossible de relier, d'une manière logiquement inattaquable, « ce qui est » à « ce qui devrait être » ; la notion de « valeur » et encore plus celle d'une « hiérarchie des valeurs » sont inséparables de ce problème.
Or, dès 1941, j'ai formulé une méthode très simple, qui exclut tout jugement de valeur aprioristique et permet de déceler par des moyens identiques, la pathologie tant au niveau de l'individu, qu'au niveau socio-culturel. Soit un individu - ou un groupe - qui poursuit un but de son propre choix, sur lequel il n'appartient pas à l'ethnopsychiatre de porter un jugement de valeur. Si la poursuite de cet objectif produit une situation de stress que le « sujet » (individu ou groupe) apprécie comme telle et si tous ses efforts pour atténuer ce stress par un recours à des contre-mesures nouvelles et (ou) renforcées ne fait qu'accroître le stress, le « sujet » est pris dans les engrenages d'un cercle vicieux. La présence d'un cercle vicieux de ce genre caractérise toute psychopathologie individuelle et toute pathologie sociale - et souvent aussi les maladies organiques.
II. La Sublimation. Le point de départ traditionnel des études des désordres individuels et sociaux est la notion de « pathologie », parce que - en première approximation - seule une condition « anormale » semble permettre l'étude des situations et processus discrets - c'est-à-dire individuels, isolés - quasiment sous le microscope et in vitro. Cette approche, dont l'utilité au début de toute recherche est indiscutable, a cependant aussi de graves inconvénients.
1) Dans les énoncés concernant l'individu (psychologiques), l'adjectif « humain » tend à devenir un synonyme de « faillible » et même d'ignoble.
2) Dans les recherches ayant trait à la société, un intérêt presque obsessionnel porté à la pathologie sociale devient inévitablement idéologique - ce qui rend l'étude véritablement scientifique des aspects non-pathologiques de toute société impossible. Une telle impasse est inévitable lorsqu'un négativisme systématique (5, chap. 3) prétend être une critique sociale scientifique. Il importe peu qu'une telle « critique » envisage la société comme l'ennemi naturel de l'Homme, ou qu'elle considère l'individu comme une source perpétuelle de danger pour la société, car ni l'une ni l'autre de ces deux « théories » n'est capable d'expliquer :
1) pourquoi les êtres humains, loin d'être constamment destructifs, manifestent souvent une grande capacité de création dans les sciences, les arts et les rapports interpersonnels, et
2) pourquoi toute société n'accule pas tous ses membres à la folie et au suicide ou pourquoi l'éclosion de l'individualité ne sape pas automatiquement les fondements même de la société.
Les deux grandes peurs d'Outreau • L'Etat semble moins craindre de faire face à de nouveaux scandales que d'engager une réelle réforme de la justice.
Libération, le 26 janvier 2006
Des deux grandes peurs d'Outreau : laquelle va triompher ? Celle de voir des horreurs pareilles recommencer ou celle de changer notre procédure pénale ? Pour l'instant, l'expérience démontre que la peur du changement triomphe toujours de la peur de la répétition d'un sinistre. L'affaire Ranucci, celle de Bruay-en-Artois n'ont généré aucune réforme de l'instruction, pas plus que le scandale de l'affaire Grégory Villemin avec le juge Lambert ou celui des médecins de Poitiers. Depuis quinze ans, des dizaines de réformes sont intervenues. Certaines sans être mises en oeuvre. D'autres mortes-nées. D'autres sans grand effet parce que s'agissant de rustines. Seule la loi du 15 juin 2000 a manifesté une attention unanime de nos politiques, car eux-mêmes furent pincés dans l'archaïsme et la violence de notre système pénal. Malgré ces circonstances favorables, on n'a pas touché à l'architecture du système, mais à ses détails. La loi fut donc facilement rabotée, une fois par la gauche, deux fois par la droite. Le code de procédure pénale change tout le temps par rafistolages successifs et contradictoires. Il en est devenu presque illisible.
Du bonheur d'être suisse sous Blocher
Article paru dans l'édition du Monde du 13.11.07
Depuis une quinzaine d'années, les intellectuels helvétiques ont cessé de se suicider. (...) Mais, cette fois, aucun intellectuel helvétique ne semble vouloir se suicider. Les artistes helvétiques sont présents comme jamais sur la scène mondiale. (...) Ils ont adopté un point de vue tellement éloigné du nationalisme qu'ils peinent à s'indigner vraiment. Ils ont pris de l'avance, se sont persuadés que leur pays n'est définitivement ni pire ni meilleur qu'aucun de ceux que l'Europe a produits. Leur optimisme reste contagieux. Il signale à ceux qui en doutent que Blocher passera, comme Haider et les jumeaux burlesques sont passés.
Le nationaliste suisse Christoph Blocher écarté du gouvernement malgré la victoire de son parti
LEMONDE.FR avec AFP | 12.12.07 | Extraits
Malgré sa victoire aux élections législatives d'octobre dernier au terme d'une campagne aux accents xénophobes particulièrement marqués, le ministre suisse de la justice et de la police Christoph Blocher, figure de proue de la droite populiste, n'a pas été réélu mercredi 12 décembre au gouvernement par le Parlement. (...) En menant une campagne ouvertement xénophobe et anti-européenne, le ministre de la justice et de la police s'est aliéné une partie de la droite modérée : dès mardi soir, une majorité de parlementaires démocrates-chrétiens du PDC, parti qui l'avait pourtant porté au pouvoir en 2003, avaient annoncé leur intention de s'allier aux socialistes et aux Verts pour lui barrer la route en choisissant un UDC plus modéré. (...) L'UDC avait menacé mardi soir de se retirer entièrement du gouvernement si M. Blocher était écarté et "de passer à l'opposition" où elle pourrait bloquer les décisions du gouvernement en déclenchant des référendums d'initiative populaire.
Y a-t-il une place pour les parents en placement familial ?
Y a-t-il une place pour les parents en placement familial ?
Par Marina Stéphanoff
Dossier : Les parents usagers - Cliniques, pratiques
La lettre de l'enfance et de l'adolescence no 46 2001/4, extrait
Un audit a récemment été effectué pour l’association dans laquelle je travaille. C’est ainsi qu’est apparu le terme « usager ». Il qualifiait tous les interlocuteurs potentiels des services de l’association : enfant, parent, travailleur social, juge… Sont ainsi confondus sous une appellation identique des personnes et des services dont les rapports avec l’institution sont pourtant divers, ne serait-ce que sur la question de la demande (au sens trivial de l’expression d’un souhait). Or qui est demandeur à l’égard d’un placement familial ? Rarement l’enfant, encore plus rarement les parents.
... Les parents d’un enfant placé peuvent-ils être considérés comme des « usagers » d’un placement familial ? Dans mon service, l’expression n’a pas pris. Au-delà du discours des « auditeurs », je n’ai jamais entendu personne la reprendre. Mais il serait dommage de condamner avec l’expression littérale ce qu’elle nous amène à penser de la place qui est faite, dans le travail social, éducatif ou thérapeutique, aux parents de l’enfant accueilli en placement familial. Il y a, dans le terme même, l’idée d’interlocuteur, car « usager » signifie aussi : « Utilisateur d’une langue. » Cette place de locuteur, de « sujet parlant », la reconnaît-on ?
Au cours des rencontres avec une mère (parfois un père), il est fréquent que celle-ci évoque le sentiment d’avoir perdu sa place auprès de son enfant et la crainte de ne plus jamais pouvoir se sentir mère à nouveau. Le placement familial est le lieu de la suppléance parentale, il représente le stigmate de la défaillance des parents. Le retour de l’enfant, sans cesse évoqué, sans cesse réclamé, correspond à cette demande de réparation narcissique. La souffrance qui s’exprime alors est aiguë et, sur un plan imaginaire, l’enfant peut représenter un enjeu vital.
« On travaille avec la famille »
N’est-elle pas énigmatique cette expression qui est parfois formulée sous une forme interrogative, ce qui a le mérite de souligner la complexité du problème posé ? « Comment travailler avec les parents (de l’enfant placé) ? » Et chacun dans l’équipe, convaincu de la justesse d’une telle position, va tenter de mettre en place des dispositifs, des réunions, des rencontres qui sont autant de signaux visibles montrant que l’« on travaille avec les parents ».
... Au cours d’une formation, un groupe d’éducateurs travaille sur le moment de l’accueil de l’enfant. Un documentaire est présenté. On y voit un adolescent accompagné par ses parents qui rencontre un chef de service puis un éducateur de l’institution dans laquelle il va être accueilli. La parole est lisse, le discours bienveillant, la visite et les explications se font sur un ton enjoué, mais pas trop. Chacun paraît soucieux de tenir au mieux son rôle. Rien à dire, semble-t-il. Après le film, les premiers commentaires adoptent la même tonalité : « c’est bien », « c’est ce qu’on essaie de faire », « c’est comme cela quand tout va bien »… Et pourtant ! Les éducateurs restituent un sentiment de malaise qui ne sera dissipé qu’au moment où l’une des personnes du groupe souligne ce qui lui apparaît comme une incongruité : « On leur demande beaucoup à ces gens : d’être d’accord avec le placement, d’être présents au moment où la séparation se matérialise, d’être polis et d’accord avec ce qui leur est dit. »
Ce n’est qu’après cette remarque que pourront être abordées dans le groupe les différentes facettes de certains actes qui, bien que pensés comme éducatifs ou bénéfiques, portent en eux un tel désir de maîtrise qu’ils peuvent conduire à un écrasement du sujet, en lui interdisant par exemple des émotions ou des réactions non conformes ou excessives de colère, d’agressivité ou de souffrance. Donner une place à l’autre peut être illusoire s’il s’agit de lui attribuer un rôle à tenir au lieu de lui ménager un espace pour une parole singulière.
Sur aidh.org, le rapport 2003 de Médecins du Monde
Les civils israëliens et palestiniens, victimes d'un conflit sans fin
Un merveilleux malheur
de Boris Cyrulnik
Odile Jacob, 1999
La résilience ou comment renaître de sa souffrance
de Boris Cyrulnik, Claude Seron
Collectif, Fabert, 2003
Depuis que le concept de traumatisme psychique est né, l’enchaînement des idées exige qu’après la description clinique et la recherche des causes, on s’applique à prévenir les traumatismes et mieux les réparer. Dans ce cas, on aura besoin du concept de résilience […] La résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents. Un trauma a bousculé le blessé dans une direction où il aurait aimé ne pas aller. Mais puisqu’il est tombé dans un flot qui le roule et l’emporte vers une cascade de meurtrissures, le résilient doit faire appel aux ressources internes imprégnées dans sa mémoire, il doit se bagarrer pour ne pas se laisser entraîner par la pente naturelle des traumatismes qui le font bourlinguer de coups en coups jusqu’au moment où une main tendue lui offrira une ressource externe, une relation affective, une institution sociale ou culturelle qui lui permettra de s'en sortir • Cyrulnik, 2001, Les vilains petits canards, Odile Jacob, p. 261
Thème: Guerre
Du site du CRIF / Entretiens, 28/01/08, extrait
En 1991, vous avez fait dans l'UFR de psychologie de l'Université de Paris 8 Saint-Denis, des groupes de paroles d'enfants de survivants de la Shoah. De quoi s’agissait-il ? Et pourquoi un groupe d'ethnopsychiatrie pour les enfants de survivants de la Shoah ?
Nathalie Zajde : La première question que je me suis posée était : les survivants et les enfants de survivants de la Shoah ont-ils des souffrances spécifiques ? Et si oui, comment soigner ces souffrances ? Dans ces groupes, il s’agit d’inviter ceux qui le souhaitent, quelque soit leur pathologie – certains présentent de grandes souffrances, d’autres n’ont pas de symptômes – à participer à la construction du savoir psychologique les concernant. Autrement dit, je veux que ce soit les anciens « enfants cachés », et les descendants de victimes de la Shoah qui élaborent eux-mêmes, avec l’aide des psychologues, la vérité sur leurs troubles et surtout qui cherchent les voies de guérison les plus adaptées. Je me refuse à plaquer des théories préexistantes. Le principe du dispositif ethnopsychiatrique des groupes de parole de survivants et d’enfants de survivants du Centre Georges Devereux repose sur une démocratisation du soin, et se veut, pour des raisons qui tiennent à la fois de l’éthique et de l’efficacité thérapeutique, un lieu d’élaboration et de discussion en commun des problématiques et des solutions.
Ce dispositif clinique, très efficace, gratuit, « démocratique », répond à un problème pratique et théorique dont personne ne parle mais qui me semble relativement grave : la majeure partie des travaux psychiatriques sur les souffrances des victimes de la Shoah et leurs descendants ne mentionne jamais l’identité juive des sujets de manière scientifiquement pertinente. Comme si le fait d’être juif était un artifice, qui n’avait aucune influence ni sur les raisons de la souffrance (la persécution antisémite) ni sur le soin. Et de fait, les théories psychologiques, psychiatriques ou psychanalytiques utilisées pour parler de cette population ne sont pas spécifiques, elles sont généralement strictement les mêmes que celles utilisées pour parler de n’importe quel patient, névrosé, pervers, psychotique etc. Ainsi les mêmes termes sont repris pour parler des souffrances psychiques des survivants du génocide du Rwanda, des survivants du Tsunami, et même de Palestiniens de Gaza ayant survécu à une riposte israélienne.
Guérir de la Shoah
Psychothérapie des survivants et de leurs enfants
de Nathalie Zajde
Odile Jacob, octobre 2005
« Guérir de la Shoah » rend compte de 15 ans de travail clinique avec les survivants et descendants de victimes de la Shoah. Il propose des modalités claires et efficaces de prise en charge des survivants et de leur famille. Il pourrait s’intituler « Prise en charge des survivants et de leurs descendants : de la Malédiction à la Divination » mais elle l’a appelé « Guérir de la Shoah » car Nathalie Zajde propose de réelles voies de guérison d’un traumatisme qui a, jusqu’à présent, été pensé comme insurmontable.
Vu au catalogue de l'Unesco,
La Circoncision: blessure narcissique ou promotion sociale
Toualbi-Thaâlibi, Noureddine
Alger, Editions ANEP, 2002, 3. ed
French
excision; initiation rites; boys; psychoanalysis; psychological effects
Islam; Judaism; customs and traditions; social psychology; Algeria
Catalog numer : 147867
Evaluation à géométrie variable
Les Cahiers de l'Actif
Spécial évaluation en travail social
Numéro double, Mai/Août 2000, n°288/289-290/291
Evaluation à géométrie variable,
www.tessolidaire.com, Petite enfance, 11/01/2008
Evaluation, évaluation, est-ce que j'ai une gueule d'évaluation ? ! Voilà donc la grande machine de la fonction publique (publique, et bientôt territoriale puis hospitalière...) soumise au grand ramdam de l'évaluation ! Dans le monde anglo-saxon, la chose est entendue depuis belle lurette : chaque action publique est soumise à évaluation et si cette dernière ne donne pas satisfaction, selon des critères objectifs, la dite action est ré-oreintée, voire proprement enterrée ! Reste cependant que tous les secteurs publics ne peuvent être passés au crible de l'évaluation.
Le jour où le nombre de placements d'enfants en danger dans les structures adaptées aura décru n'est pas pour demain. Cette « activité », par nature inquantifiable, doit le rester, pour ne pas instiller le poison d'un regard biaisé inadapté au contexte.
L'augmentation du nombre de placements dans tel département peut dire tout et son contraire : tout aussi bien un surcroît qualitatif dans le repérage des situations d'urgence qu'un recours trop rapide à des solutions radicales mais faciles ou encore une défaillance en matière de prévention.
L'évaluation ne doit pouvoir se faire que sur des critères incontestablement objectifs : le recul de l'absentéisme dans les écoles, la prise en charge des « orphelins de 16h », la diversification active, dans les municipalités, des modes de garde, le recul significatif du nombre d'élèves sortant du système scolaire sans diplôme (160 000 aujourd'hui, limite négative à améliorer, etc.)...
Tout n'est donc pas évaluable et c'est tant mieux. La fièvre naissante sur l'évaluation au sein des fonctions publiques doit donc être ramenée à ses justes proportions.
Côte d'Or, 6 février 2006
http://www.cg21.fr/... ateliers, extrait :
Dans certaines situations, le processus de signalement et de saisine du juge des enfants est activé par défaut :
- un certain nombre d’enfants en danger psychologique du fait de la séparation ou du divorce très conflictuel de leurs parents ;
- un nombre croissant de grands adolescents en crise, voire en rupture familiale, pour lesquels la procédure de signalement aboutit aujourd’hui fréquemment à un placement et à une rupture durable des liens intrafamiliaux.
Suite à ces constats, il est proposé :
- de développer des mesures judiciaires de médiation familiale au croisement de l’intervention du JAF et du JE pour les enfants en danger psychologique du fait de séparations conflictuelles du couple parental ;
- d’élaborer une réponse spécifique pour les grands adolescents s’appuyant sur la médiation familiale, l’investigation intensive et pluridisciplinaire en amont de la décision judiciaire et pour éviter le placement.
Grands-parents, charmeurs d'enfants, captateurs ou abusifs
Grands-parents, charmeurs d'enfants
Etude des mécanismes transgénérationnels de la maltraitance
de Magdolna Mérai
Editions L'Harmattan, novembre 2003, collection Psycho-Logiques
Biographie de l'auteur, sur amazon.fr • Magdolna Mérai est psychologue spécialiste de l'enfance et de l'adolescence. Elle a travaillé plus de dix ans auprès d'enfants et de familles en grandes difficultés dans un service de placement familial spécialisé de l'Association pour la Sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence du Val-d'Oise. Elle est aujourd'hui responsable d'un service psychologique A.C.E.P.E. (Accueil-Conseil-Ecoute-Parents-Enfants), qui offre des permanences psychologiques gratuites pour les parents dans de nombreuses communes du Val d'Oise (ADSEA 95) et également à Paris dans le cadre de l'Association Psy-Ecoute-Familles.
Description de l'ouvrage, chez l'Harmattan
Les grands parents, quel a pu être leur rôle quand leurs petits enfants ont été retirés à leurs parents par le juge de enfants ?
Ce rôle se révèle-il plutôt positif, vu les liens de filiation, ou peut-on s’interroger sur leur place dans la famille, le « pouvoir » qu’ils ont pu exercer sur leurs propres enfants, et les relations entretenues entre la génération des grands-parents et leurs fils ou fille, souvent conflictuelles et destructrices.
Psychologue dans un service de placement familial, Magdolna MERAI a donné la parole aux grands-parents des enfants accueillis dans un tel contexte, pour tenter de comprendre ce qui avait pu se passer de traumatique dans ces familles pour qu’à la troisième génération un enfant soit séparé de ses parents.
Quelle peuvent-être les conséquences du déni de l’ordre de la filiation, du télescopage des générations, de la non-reconnaissance de la place de père et de mère et comment peut-on rompre la répétition de la maltraitance, comment peut-on retrouver sa bonne place de grand-père et de grand-mère, de mère, de père et d’enfant, dans le respect de chacun ? quels moyens thérapeutiques dans un service de placement familial va-t-on mettre en oeuvre pour infléchir ces mécanismes pathogènes ?
Ce sont ces questions qui sont traitées dans ce livre, qui par la simplicité du style et les nombreux exemples concrets qu’il contient peut intéresser un large public.
Grands-parents -Les-
Revue Dialogue numéro 158
Chez Eres, 2003
Ont participé à ce numéro : Michel Bille, Yvonne Castellan, Marie-Claude Chain, Stella Collin, Nancy de la Perriere, Claude de Tychey, Marianne Dollanger, M. Douteau, Monique Dupré la Tour, M. Fuchs, A. Gestin, M. Jaspard, Annette Langevin, Magdolna Merai, Marie-Claude Mietkiewiccz, Benoit Schneider
Par Mme Merai,
Dans le contexte d'un placement familial
Les grands-parents captateurs ou abusifs,
ou les ratés de la transmission de la fonction parentale chez certains grands-parents
Résumé • La grand-parentalité est perçue comme souvent idéale, l'image des grands-parents bénéficiant d'une aura : les grands-parents sont des repères dans la vie des différentes générations et ils n'occupent pas la même place que les parents, donc ils ne portent pas le poids de la responsabilité de l'éducation de leurs petits enfants... en principe. Cet article aborde le cas de certains grands-parents que nous pourrions appeler « captateurs » ou « abusifs », dans la mesure où ils tentent de se substituer aux parents dans la vie de leurs petits-enfants. Et ce pour des raisons que nous tentons d'analyser.
Extrait • Les grands-parents ont généralement une image paisible, réconfortante, très positive. Pourtant, comme les mères abusives, les grands-parents abusifs existent, et plus qu’on ne le croit. Dans ma pratique de psychologue au sein d’un placement familial, j’ai pu en rencontrer un certain nombre. (...) Or, j’ai souvent remarqué, lors des entretiens avec les grands-parents qui venaient voir leur petit-fils ou leur petite-fille au service de placement, que, par le passé, ils avaient eu tendance à évincer les parents et à se substituer à eux dans l’éducation de leurs petits-enfants. Ces grands-parents se comportent comme si leurs fils ou fille avait été déchu de sa place de père ou de mère. Que s’est-il passé dans ces familles pour aboutir à une telle confusion ? On constate que les grands-parents dont nous parlons ici ont vécu des traumatismes graves, par exemple la guerre, quand ils étaient eux-mêmes enfants ou adolescents. Ils ont eu peur et faim, ils ont souvent perdu des membres de la famille proche – père, mère, oncle, frère ou soeur… Ces pertes et souffrances précoces ont pu être à l’origine de troubles de la personnalité, puis de dysfonctionnements de la relation avec leurs enfants. Quant aux parents actuels d’enfants placés en famille d’accueil, le nombre croissant d’entre eux qui présentent des maladies mentales (névrose narcissique, psychose, conduite sadique et masochiste) m’ont conduite à m’interroger sur les relations conflictuelles qu’ils ont pu avoir avec leur père et mère – liées notamment à la confusion des rôles, des places et des fonctions dans la famille – et à me poser des questions sur ce qui est arrivé aux grands-parents.
Pour le point de vue de l'association AGPQ, visiter http://www.grands-parents.qc.ca/
D'un communiqué du Centre Jeunesse de Montréal, septembre 2005 :
« La bataille des grands-parents contre la DPJ » est un reportage qui présente le témoignage de grands-parents désireux d’obtenir la garde de leur petite-fille ; il les accompagne et épouse leur point de vue. Dans ce sens c’est un traitement partiel et partial d’une situation : par la sélection des faits, par les témoins entendus, par les commentateurs invités, par l’utilisation du son et des images.
Ce reportage est le fruit d’une enquête qui a conduit ses auteurs à être convaincus de la justesse du point de vue des grands-parents ; il a confondu l’intérêt des grands-parents et l’intérêt de l’enfant Amélia. Les faits ou points de vue retenus ont été ainsi mis au service de la vision des grands-parents. Quant aux faits et points de vue qui n’entrent pas dans cette vision, ils ont été minimisés ou laissés de côté.