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La LICRA dénonce le silence complice de certains
La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) a pour sa part dénoncé dans un communiqué "le climat qui règne dans notre pays autour de cette banalisation du fait antisémite, allant de la parole des uns à la violence barbare des autres, en passant par le silence complice de certains".
L'organisation SOS-Racisme a elle aussi fait part de son "indignation" après la nouvelle agression, estimant qu'elle "montre l'installation de clichés dangereux dans notre société". L'association a appelé la classe politique à "envisager sérieusement des pistes visant à rendre une réalité au vivre ensemble".
PARIS (AP) - Six jeunes ont été écroués la semaine dernière pour avoir séquestré et frappé un jeune homme d'origine juive âgé de 19 ans, a-t-on appris mercredi de source judiciaire. Cet acte a suscité l'indignation de plusieurs organisations de lutte contre le racisme et l'antisémitisme et de la mairie de Bagneux (Hauts-de-Seine), où se sont déroulés les faits.
La victime avait volontairement suivi des jeunes qu'il connaissait le 22 février dans un appartement appartenant à l'un d'entre eux, explique-t-on de source judiciaire. Une fois sur place, il avait été accusé d'avoir volé un téléphone et un camescope, accusations qu'il a démenties. Ses agresseurs présumés ont alors commencé à le frapper, lui donnant des coups de pied et de poing.
Les violences se sont déroulées dans l'appartement puis dans un box qui appartenait à l'un des auteurs présumés des faits entre 10h30 et 19h30. Finalement, les six jeunes ont relâché le jeune homme, qui a pu rentrer chez lui et alerter la police, avant de porter plainte le lendemain. Le jeune homme, dont l'identité n'a pas été divulguée, s'est vu prescrire une interruption temporaire du travail de cinq jours, pour diverses contusions.
Il n'a pas subi de violences à connotation sexuelle, malgré des menaces en ce sens, précise-t-on de source judiciaire. Il a également été contraint d'avaler des mégots de cigarettes et ses agresseurs présumés, âgés de 17 à 28 ans, lui avaient écrit "sale juif" et "sale pédé" sur le front.
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Les six jeunes ont été mis en examen et écroués le 27 février pour "violences aggravées en réunion et en raison de l'orientation sexuelle, vraie ou supposée, de la victime, et en raison de son appartenance à une religion", "séquestration en bande organisée", "actes de torture ou de barbarie" et "vol et extorsion aggravée".
Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Richard Prasquier, cette affaire démontre que "les préjugés antisémites restent très présents", malgré une baisse de 30% des actes antisémites l'an dernier.
La mairie de Bagneux s'est dit "choquée et indignée" par cette affaire. "Nous condamnons de tels actes avec la plus grande fermeté. Quelles qu'en soient les causes, ils sont inacceptables. Nos premières pensées vont à la victime et à sa famille", souligne-t-elle dans un communiqué, demandant que "toute la clarté soit faite sur les circonstances exactes de ces événements graves".
La municipalité a plaidé pour qu'aucun "amalgame hâtif" ne soit fait dans cette affaire, faisant référence à la mort d'Ilan Halimi. C'est en effet à Bagneux que ce jeune juif avait été enlevé et séquestré pendant plus de trois semaines en février 2006. Youssouf Fofana, mis en examen dans l'enquête sur l'enlèvement et la mort d'Ilan Halimi, a été renvoyé devant la cour d'assises des mineurs de Paris avec vingt autres personnes.
La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) a pour sa part dénoncé dans un communiqué "le climat qui règne dans notre pays autour de cette banalisation du fait antisémite, allant de la parole des uns à la violence barbare des autres, en passant par le silence complice de certains".
L'organisation SOS-Racisme a elle aussi fait part de son "indignation" après la nouvelle agression, estimant qu'elle "montre l'installation de clichés dangereux dans notre société". L'association a appelé la classe politique à "envisager sérieusement des pistes visant à rendre une réalité au vivre ensemble".
Enfin, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) a fait part de son intention d'engager des poursuites judiciaires contre les auteurs présumés de l'agression. "Cet acte ignoble relève d'un racisme qui appelle une sanction à la hauteur du caractère abominable des faits", souligne le MRAP. AP
PARIS (Reuters) - L'agression d'un jeune homme de 19 ans de confession juive dans la ville de Bagneux a provoqué une vague de réprobation de la part d'associations antiracistes et de la communauté juive.
Le 22 février, la victime avait été séquestrée pendant plusieurs heures durant lesquelles elle a été battue. Ses agresseurs ont inscrit également sur son front "sale juif" et "sale pédé", dit-on de source policière. Les six auteurs des faits ont été arrêtés et une information judiciaire a été ouverte.
Dans un communiqué, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) regrette que "certains jeunes veuillent marcher sur les pas du gang des barbares", une allusion à un groupe responsable à Bagneux de la torture et de l'assassinat d'un jeune juif.
Ni Putes ni soumises estime que "marquer au front 'sale juif' rappelle des heures noires (...), des drames que l'on ne voudrait revoir en aucun cas. L'association appelle à un rassemblement des "défenseurs de la laïcité" le 8 mars.
Le MRAP considère quant à lui que "cet acte ignoble relève du racisme qui appelle à une sanction à la hauteur du caractère abominable des faits."
Cet événement rappelle l'enlèvement en 2006, déjà à Bagneux, d'Ilan Halimi, assassiné par le "gang des barbares", dont les membres présumés ont été renvoyés le 18 février devant la Cour d'assises.
Jointe par téléphone, Martine Marchand-Prochasson, directrice de cabinet de la maire communiste de Bagneux, Marie-Hélène Amiable, reste prudente sur le caractère antisémite de l'agression.
"Le mobile est crapuleux, a priori, il n'a pas été agressé parce qu'il était juif", a-t-elle déclaré.
Selon des sources judiciaires, la victime était connue des services de police, et l'agression aurait été dictée par une querelle portant sur une transaction de stupéfiants.