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« La loi est formidable, à condition de ne pas laisser les gens seuls », selon une permanente d'ATD
Reportage
Les personnes prioritaires pour un logement opposable hésitent à se saisir de leur loi
LE MONDE | 05.03.08 | Extraits
La loi sur le droit au logement opposable a été promulguée, il y a juste un an, pour des personnes comme elle. Cathy, qui loge avec son compagnon handicapé dans un meublé à Reims - trop cher (480 euros) au regard de ses revenus (400 euros) et trop petit pour pouvoir y accueillir son jeune fils - espère, sans trop y croire, que son recours aboutira. Comme la loi le permet, depuis le 1er janvier 2008, à toutes les personnes qui ne peuvent accéder ou se maintenir dans un logement décent par leurs propres moyens, elle a déposé un dossier auprès de la commission de médiation de son département pour obtenir un HLM.
Sans le soutien d'ATD Quart Monde, Cathy ne se serait sans doute jamais lancée dans la démarche. Car cette mère de cinq enfants, expulsée de son HLM en 2005 pour impayés, dit "se sentir marquée au rouge" : "J'ai peur du regard des administrations, des travailleurs sociaux, des bailleurs." Sous curatelle, il lui était en outre presque impossible de remplir seule le formulaire.
L'hésitation à faire valoir ses droits semble concerner une partie non négligeable des personnes prioritaires au regard de cette loi, adoptée suite aux campements de l'association des Enfants de Don Quichotte. "La loi est formidable, à condition de ne pas laisser les gens seuls", dit Françoise Ferrand, permanente d'ATD à Reims. La militante rapporte la parole d'un sans-abri : "Si je demande un logement, ils me mettront sous tutelle." D'autres disent la terreur du placement de leurs petits s'ils révèlent l'insalubrité de leur logement.
... Pour Olivier Nodé-Langlois, coordinateur de la plateforme pour un droit au logement opposable, "nous sommes dans une phase de réglage délicate". "L'administration a eu un an pour se préparer, mais elle n'est pas encore prête."