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« La hiérarchie est toujours très protectrice », reconnaît-on au ministère
150 enseignants ont été sanctionnés en 2007
Le figaro, 07/03/2008
La plupart des professeurs ne reçoivent qu'un simple blâme.
L'ADMINISTRATION de l'Éducation nationale a-t-elle tendance à protéger ses enseignants lorsque ceux-ci commettent des faits délictueux? La question a été posée cette semaine par l'affaire de ce principal de collège exhibitionniste sur des pistes de ski. Ce dernier va être révoqué pour son attitude, comme s'y est engagé Xavier Darcos. Mais curieusement, ce même principal avait déjà été condamné pour des faits similaires par la justice en 2004, et il n'avait alors eu droit qu'à un blâme.
Chaque année, une centaine d'enseignants ou de chefs d'établissement du second degré (collèges et lycées) sont sanctionnés. En 2007, ils ont été 150 dans ce cas, essentiellement pour des affaires de violences et d'insultes, un mauvais service professionnel ou des affaires de mœurs. «La hiérarchie est toujours très protectrice», reconnaît-on au ministère. Dans un parquet de la région parisienne, on considère que le chiffre de 150 sanctions «est totalement sous-dimensionné car l'administration préfère régler la plupart de ses conflits en interne et à l'amiable».
Les affaires de violences et d'injures plus nombreuses
Pour le rectorat de Versailles, la situation s'améliore malgré tout. La justice informe régulièrement les chefs d'établissement et le rectorat. Une faille peut apparaître lorsque les faits sont commis sur un autre secteur, le lieu de vacances, par exemple. «L'Éducation nationale n'est pas toujours mise au courant, sauf si la condamnation est grave», estime le rectorat. Tel est le cas, récent, d'un responsable d'établissement qui consultait des photos pornographiques à caractère pédophile sur son ordinateur. Une condamnation antérieure par le tribunal de Nancy ne figurait pas sur son dossier administratif… Faute de transmission d'information. Dans les cas graves, lorsqu'un professeur est placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de côtoyer des mineurs, sa hiérarchie est automatiquement informée. Dans les autres cas, il appartient à un magistrat spécialisé nommé dans chaque parquet d'apprécier, pour tout suspect, de l'opportunité de prévenir son administration.
Le rectorat de Versailles a ainsi été mis au courant, il y a deux ans, d'attouchements commis par un enseignant dans un jardin public ou d'un autre qui s'adonnait à l'exhibition dans le parc Montsouris, à Paris. Le premier a été révoqué, le second suspendu pendant un an avant d'être réintégré. Les affaires de mœurs sont prises au sérieux, estime le rectorat qui fait état d'un échange de mails à caractère sexuel entre une enseignante et une élève. L'adulte a été suspendue deux ans «alors qu'il n'y avait eu aucun attouchement», fait-on remarquer. Mais les affaires de violences et d'injures, plus banales, sont plus nombreuses: chaque semaine, le ministère est mis au courant de plusieurs «dizaines» d'affaires de gifle dont la majorité se règle à l'amiable.