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Scientologie : ouverture d'une enquête pour « séquestration »
JUSTICE.
Scientologie : ouverture d'une enquête pour « séquestration »
Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire afin de faire toute la lumière sur la « séquestration » d'une ex-adepte de la Scientologie en Sardaigne. La victime présumée, Martine Boublil, est hospitalisée depuis son retour en France.
leparisien.fr | 09-03-2008
DEPUIS son arrivée sur le sol français, mardi soir, Martine Boublil, 48 ans, est soignée dans un hôpital psychiatrique de la région parisienne, après avoir été prise en charge pendant vingt-quatre heures à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris. Parallèlement, le jour de son rapatriement, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « séquestration ». Les officiers de l'office central de répression contre les violences faites aux personnes, qui dépend de la Direction de la police judiciaire, ont entendu la victime présumée à plusieurs reprises, mais brièvement.
A ce jour, ils attendent que l'état de cette femme, très affaiblie par un mois et demi de séquestration, et psychiquement instable, soit compatible avec une audition en bonne et due forme.
« Un frère dévoué qui voulait aider sa soeur mentalement dérangée »
L'internement en structure psychiatrique, c'est précisément ce qu'affirme redouter le plus Claude Boublil. Le frère de Martine, après avoir refusé de répondre aux questions du « Parisien » - « Aujourd'hui en France », s'est exprimé jeudi sur le site Internet du « Nouvel Observateur ». Il se présente comme « un frère dévoué qui voulait aider sa soeur mentalement dérangée ». Pour lui éviter la « camisole chimique », il a préféré l'installer « à la campagne, au grand air, loin des perturbations de la ville où Martine pouvait faire de longues promenades, se reposer et bien dormir ». C'est en plein coeur de la Sardaigne, sur les hauteurs de Nuoro - la première ville de Sardaigne qui a accueilli un centre scientologue -, dans une maison isolée, qu'il installe Martine. Il la confie à trois autres scientologues qu'il compte au nombre de ses « amis », Julien Q., 18 ans, Rachid K., 18 ans tout juste également, et Marie D., 42 ans.
Visiblement, sa soeur ne bénéficie pas d'autant de « promenades au grand air » que son frère le prétend. Depuis sa chambre, elle tente d'alerter les voisins en lançant dans leur jardin de vieux bouts de journaux sur lesquels elle a écrit des « au secours » avec son rouge à lèvres. Les habitants de cette maison mitoyenne préviennent la police.
Le 20 janvier, lorsque les carabiniers italiens découvrent Martine Boublil, ils la trouvent vêtue d'un simple t-shirt, installée sur un matelas extrêmement sale. La femme ne peut plus marcher. Dans la pièce, un seau lui sert de toilettes. Le parquet de Nuoro ouvre une enquête pour « séquestration ». Claude Boublil et ses trois amis sont mis en examen, assignés à résidence, entendus à plusieurs reprises. A ce jour, ils demeurent à disposition de la justice italienne. Un juge des libertés a choisi de leur rendre leur liberté, estimant que tous présentent des garanties de représentation sérieuses. Martine Boublil est, elle, restée en Italie jusqu'au 4 mars, pour se faire soigner dans l'aile psychiatrique de l'hôpital de Nuoro.
Simple « affaire familiale », comme le prétendent Claude Boublil et Danièle Gounord, porte-parole de la Scientologie en France ? Séquestration prévue dans les textes scientologues sous l'appellation « introspection » pour traiter les cas de personnes « déviantes » ? L'enquête vient de commencer à Paris. Côté italien, les autorités judiciaires ne rejettent pas la possibilité de dénoncer les faits à la France, qui aurait alors accès au dossier italien.