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Un nouvel état d'esprit dans les relations franco-israéliennes
PARIS (AFP) - Le président israélien Shimon Peres a entamé lundi une visite d'Etat en France en se félicitant du resserrement des liens franco-israéliens, malgré des divergences sur la poursuite de la colonisation dont son homologue Nicolas Sarkozy a demandé "l'arrêt".
M. Peres a également affirmé, à sa sortie d'un entretien avec M. Sarkozy que les deux pays étaient d'accord pour voir dans un Iran qui possèderait l'arme atomique "le plus grand danger qui menace aujourd'hui" la sécurité du monde.
Le président israélien, arrivé en début d'après-midi pour cinq jours en France, est le premier dirigeant étranger à être reçu avec le protocole d'une visite d'Etat depuis l'élection de M. Sarkozy en mai 2007.
M. Peres s'est réjoui d'avoir avec le président français "un ami véritable du peuple juif, et ce depuis la Shoah, et un ami honnête et vrai de l'Etat d'Israël depuis sa création".
M. Sarkozy, par la voix de son porte-parole David Martinon, a fait savoir de son côté que "la sécurité d'Israël ne se discutait pas et que la France serait toujours à ses côtés".
Mais il a aussi demandé "l'arrêt" de la colonisation israélienne en Cisjordanie, qu'Israël vient de relancer avec l'annonce de construction de nouveaux logements.
"En tant qu'ami, je vous dis que la sécurité d'Israël passe par l'arrêt des colonisations", a dit M. Sarkozy, cité par M. Martinon.
M. Sarkozy a aussi souligné, alors que l'Etat hébreu avait lancé une offensive militaire sur Gaza en représailles à des tirs de roquettes sur le Sud israélien, que "la meilleure garantie de sécurité pour Israël c'était la création d'un Etat palestinien moderne, démocratique et viable avant la fin 2008".
M. Peres devait revenir au palais de l'Elysée dans la soirée pour un dîner d'Etat, après une cérémonie dans une synagogue parisienne à la mémoire des huit élèves d'une institution religieuse de Jérusalem-Ouest tués dans un attentat jeudi.
Le président israélien rencontrera mardi le Premier ministre François Fillon, ainsi que les présidents de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer et du Sénat Christian Poncelet. Il doit se rendre mercredi à Lyon (centre-est) pour visiter notamment le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD).
M. Peres, dont le pays célèbre le 60e anniversaire de sa création, sera également l'hôte jeudi du Salon du Livre de Paris, dans un climat de vive polémique. De nombreux pays arabes et musulmans ont décidé de boycotter cette manifestation pour protester contre le fait qu'Israël en est cette année l'invité d'honneur.
"Je suis contre les autodafés, je suis contre le boycott des livres. Tous ceux qui prétendent lire des livres, s'ils ne lisent que les livres qui leur plaisent c'est une pure perte de temps", a dit M. Peres.
Paris avait affirmé "regretter" ces défections, en soulignant que le salon du Livre, où 39 auteurs israéliens sont attendus, était un événement avant tout culturel et un lieu de dialogue.
Les relations franco-israéliennes, tendues par des désaccords sur le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak et par une hausse des actes antisémites en France, ont amorcé un net réchauffement avec une visite à Paris de l'ancien Premier ministre Ariel Sharon en juillet 2005.
L'élection de M. Sarkozy, qui a pris ses distances avec la politique arabe de son prédécesseur Jacques Chirac et resserré les liens avec Washington, premier allié d'Israël, a accentué ce rapprochement.
Résumant le nouvel état d'esprit des relations franco-israéliennes, l'ambassadeur d'Israël à Paris Daniel Shek avait récemment déclaré: "dans l'atmosphère d'amitié, d'ouverture, de dialogue qui règne aujourd'hui entre nous, même les désaccords sont plus faciles".