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« notation arbitraire » une ultime remise en cause du bac
PARIS (AFP) - Bicentenaire cette année, le bac est encore une fois mis en cause dans une étude qui démontre l'"arbitraire de la notation" des copies, apportant des arguments aux partisans de la suppression de l'examen, au grand dam de syndicats d'enseignants qui dénoncent une volonté de dénigrement.
Réalisée par l'Institut de recherche sur l'Education (Iredu) de l'université de Dijon, cette étude affirme l'"arbitraire de la notation des élèves" au bac, qualifiant l'examen de "loterie" pour les candidats, dans la mesure où des écarts allant jusqu'à dix points peuvent différencier deux correcteurs sur une même copie.
A l'issue de ce travail, son auteur, Bruno Suchaut trace plusieurs pistes de réflexion. La double correction figure parmi ces possibilités, mais elle est immédiatement balayée parce que trop coûteuse. Outre le recours aux QCM (questions à choix multiple), "quand la nature de l'épreuve le permet", c'est, pour lui, "clairement la question de la suppression de l'examen qui peut se poser".
Alors qu'une réforme du lycée est attendue pour la fin du printemps, comprenant un "rééquilibrage des filières" générales et une généralisation du bac pro en 3 ans, le Snalc-CSEN, syndicat du secondaire classé à droite, s'est immédiatement demandé s'il n'y avait "pas en haut lieu une volonté de dénigrer le baccalauréat dans l'intention de le supprimer".
"A trois mois du bac, on essaie encore de déstabiliser l'examen, alors qu'on nous annonce un débat sur le bac", a renchéri Roland Hubert, secrétaire général du Snes-FSU, majoritaire.
Interrogé, le ministère n'a pas souhaité commenter cette étude.
Pour démontrer le "caractère aléatoire de la notation", M. Suchaut a soumis à la correction de 66 professeurs six copies (3 de la session 2006, 3 de la session 2007), deux bonnes (15/20) et quatre moyennes (9/20 et 11/20).
Résultat: un même devoir peut recevoir un 4/20 comme un 14/20, et la justification des correcteurs varier, toujours pour la même copie, de "bon devoir, connaissances maîtrisées" à "l'élève ne maîtrise pas les notions".
Au-delà des différences entre eux, M. Suchaut montre que les correcteurs n'ont pas plus de constance dans leur indulgence ou leur sévérité entre plusieurs copies, annihilant de fait toute possibilité d'établir un "classement des correcteurs", du plus sec au plus laxiste.
"Si vous donnez des copies à plusieurs professeurs sans barème, on sait qu'il y aura des différences importantes", a reconnu M. Hubert, en rappelant que le bac concentre toutes les émotions et fait l'objet d'une "culture évaluative commune".
Une fois les copies ramassées, une commission d'harmonisation en étudie quelques unes pour leur confronter barème et grilles de correction, et se fixer des objectifs de notation. Puis, une fois les corrections achevées, un jury se réunit encore pour étudier les dossiers scolaires et repêcher éventuellement ceux à qui il ne manque que quelques points.
"Réunions d'harmonisation et grilles de correction telles qu'elles fonctionnent déjà sont une garantie d'équité qu'il faut maintenir dans l'intérêt des élèves face aux aléas de la notation individuelle", a commenté le Snalc-CSEN, dans un communiqué.
L'étude a le mérite d'"attirer l'attention sur le fait que ce n'est parce que c'est une note chiffrée qu'elle est objective", a argué Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-CFDT, pour qui "il faut sortir de l'évaluation normative" et plus généralement "désacraliser le bac".