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Justice, défense, hôpital : les villes modestes craignent des fermetures en série
PARIS (AP) - La fermeture annoncée de plus de 250 tribunaux et de quelques dizaines de casernes ainsi que la réforme des hôpitaux doivent aider l'Etat à réduire ses déficits, mais provoquent de vives inquiétudes dans les petites villes concernées, en raison de leur impact sur l'économie locale et des conséquences en termes de service public.
Dans l'Yonne par exemple, la petite ville de Joigny (10.000 habitants) a dû faire son deuil du tribunal d'instance et du tribunal de commerce à l'automne. Elle craint désormais pour sa caserne et les 430 emplois directs depuis que la presse a cité le 28e groupe géographique parmi les garnisons qui pourraient faire les frais de la réforme des armées en cours de préparation.
A Toul (Meurthe-et-Moselle) en revanche, on souffle un peu. Le tribunal d'instance fermera, mais "il semblerait qu'on ne soit pas touchés par la fermeture du seul régiment qui nous reste", soupire Gérard Howald, 1er adjoint de la ville. L'élu reste toutefois vigilant sur un troisième front: celui de la réforme de l'hôpital. L'établissement est le plus gros employeur de la ville, souligne-t-il et "il y a déjà eu des tentatives pour le fermer dans le passé".
Cette même inquiétude se retrouve dans de nombreuses villes modestes, plus durement touchées que les grandes dont les tribunaux seront conservés et les hôpitaux, mieux équipés, renforcés.
Sur le principe, "les restructurations sont nécessaires", estime Jacques Pélissard, le président UMP de l'Association des maires de France, mais "un territoire qui serait frappé à la fois sur le plan de la carte judiciaire, par le départ d'un régiment et la fermeture d'un hôpital, ça serait effroyable".
Se faisant l'écho "de l'inquiétude de (s)es collègues maires", M. Pélissard a demandé au secrétaire d'Etat chargé de l'Aménagement du territoire Hubert Falco d'assurer une meilleure concertation avec les élus locaux et de prévoir des compensations -financières ou sous la forme de l'installation d'autres administrations- pour les villes concernées.
Une idée qui ne semble pas écartée, même si les services du secrétaire d'Etat faisaient savoir jeudi que les informations publiées en ce sens étaient prématurées.
Conscient de l'impact de ces réformes, qui s'ajoutent à toute une série d'économies dans les dépenses de l'Etat pas toujours bien accueillies, y compris à droite, le gouvernement a en tout cas abandonné la méthode Dati pour présenter les choses plus en douceur.
François Fillon a souhaité lundi que le redéploiement des services publics ne vienne pas "accabler les zones les plus fragiles, les plus éprouvées" et qu'il soit réalisé avec "les plus grandes précautions pour ne pas imposer à ces zones un cumul d'épreuves injuste". "Telle ville qui a un problème avec sa garnison, on doit lui garantir son tribunal, ou (celle) qui a un problème avec son hôpital, on doit lui garantir sa sous-préfecture", a complété Nicolas Sarkozy le lendemain.
Quant aux annonces douloureuses, elles ont été pour l'heure repoussées. Nicolas Sarkozy présentera le 17 avril "les grandes orientations de la réforme de l'hôpital" et son ministre de la Défense Hervé Morin a promis pour la fin juin la liste des casernes à fermer.