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Les jurés ont dû se prononcer face à des éléments hors norme
Compte rendu
Un pompier d'Avignon condamné à la perpétuité vingt ans après les faits
LE MONDE | 11.04.08
Le caporal des sapeurs-pompiers d'Avignon Robert Greiner a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises du Gard, jeudi 10 avril, pour le viol et le meurtre d'Evelyne Boucher, une lycéenne de 17 ans, en 1987. Vingt et un ans après les faits, les jurés ont déclaré coupable cet homme de 56 ans, sur la foi d'une analyse de son ADN, correspondant à celui du sperme retrouvé dans le corps de la victime.
Dans cette affaire, les jurés ont dû se prononcer face à des éléments hors norme : d'un côté, la rigueur scientifique d'une analyse ADN ; de l'autre côté, la fragilité de témoignages et les lacunes d'une enquête menée longtemps après les faits.
Robert Greiner n'a été arrêté qu'en 2006. En 2005, il avait été contraint d'accepter un test ADN dans le cadre d'une condamnation pour une bagarre sur un parking. Le lien avait alors été fait avec le meurtre d'Evelyne Boucher. L'analyse ADN, "fiable à 99,9 %", selon les experts, a attesté d'une relation sexuelle que Robert Greiner avouera au cours de sa garde à vue avant de se rétracter. "Ce n'est pas impossible que j'ai eu une relation avec cette fille", a-t-il avancé devant les assises, avant de clamer son innocence.
Son avocat, Me Patrick Gontard, a demandé l'acquittement. Les dépositions "fraîches", autrement dit celles qui ont été faites juste après le crime, ont une précision et une assurance que n'ont pas les témoignages réunis vingt ans après, a-t-il plaidé. A l'époque des faits, aucun témoignage n'avait permis d'accuser Robert Greiner. Les souvenirs, eux, ne sont pas assez crédibles pour accuser un homme, a soutenu l'avocat. "Il y a certes une analyse ADN. Mais si autour ça ne colle pas, on s'en fout", a objecté Me Gontard. Enfin, Robert Greiner n'a-t-il pas accepté l'analyse ADN sans prendre la fuite ?
La défense savait cependant que les charges étaient lourdes. Elle n'a pu mettre en valeur le métier de l'accusé, décrit par ses collègues et les psychologues comme grand séducteur, amateur de conquêtes féminines, qui trompait sa femme lors de soirées arrosées à la caserne. "Je n'ai pas assassiné cette gamine et encore moins violé", a assuré Robert Greiner avant que les jurés partent délibérer. Sans avoir avoué, le condamné est retourné en prison.