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L'affaire Sussanna Zetterberg révèle un « trou » du fichier ADN
PARIS (Reuters) - L'affaire du meurtre d'une jeune Suédoise, dans laquelle un délinquant sexuel multirécidiviste a été écroué dimanche à Paris, a mis en lumière un problème de gestion du Fichier national des empreintes génétiques (FNAEG).
Bien que le suspect, Bruno Cholet, 50 ans, ait été condamné à plusieurs reprises depuis les années 70, notamment à 18 ans de réclusion pour viols en 1989, son empreinte génétique ne figurait pas dans ce fichier.
La création à usage judiciaire du FNAEG a été votée en 1998 pour les criminels sexuels. Il a été matérialisé à partir de 2000, avec une accélération en 2003. Une loi l'a alors étendu aux auteurs de très nombreux délits, ainsi qu'aux personnes mises en cause, et non seulement aux condamnés.
Selon Le Figaro de lundi, l'empreinte génétique de Bruno Cholet a pourtant été prélevée en juin 2005 lorsqu'il avait été interpellé pour une affaire d'attaque à main armée.
Son absence du fichier, inexpliquée à ce jour, signifie qu'une chance de l'interpeller avant l'affaire Zetterberg a été perdue s'il a commis d'autres faits avant le 19 avril, où ont été retrouvées des traces ADN, ce qui parait possible.
Les policiers enquêtent sur l'enlèvement et le viol d'une autre jeune Suédoise à Paris le 23 février dernier, dans des circonstances similaires à l'affaire Zetterberg. D'autres dossiers sont rouverts, comme celui du meurtre de la directrice d'une agence bancaire, Elodie Kulik, dans la Somme en 2002.
PLUS DE 700.000 PROFILS
L'absence de saisie de l'empreinte de Bruno Cholet dans le fichier n'est pas forcément surprenante, en raison des conditions de fonctionnement matériel du service qui le gère.
Il manque de crédits et travaille de manière empirique, estime un des meilleurs spécialistes français de la génétique judiciaire, qui n'a pas souhaité être identifié.
"L'administration et l'Etat veulent donner une image de marque, mais le fonctionnement du fichier n'est pas satisfaisant", dit-il. Il relève des retards administratifs dans les saisies. Aucun service n'est chargé de collecter systématiquement les empreintes des condamnés. L'alimentation se fait plutôt au gré des procédures, en dehors de certaines campagnes de collecte dans les prisons.
Bruno Cholet, qui nie les faits, est mis en cause dans l'affaire Zetterberg par de nombreux indices. Un sac portant la mention "Sussanna 777" a été retrouvé dans sa voiture. Il contenait un pistolet 22 LR avec silencieux, le même calibre que celle qui a servi à tuer la jeune fille, ainsi qu'une boîte de cartouches et des menottes.
Le FNAEG compte actuellement 717.000 profils génétiques dont 177.728 condamnés, 425.000 mis en cause, 30.000 traces inconnues et 84.000 prélèvements infructueux effectués dans le cadre d'enquêtes, selon la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). C'est encore loin par exemple du Royaume-Uni, où le chiffre est de plusieurs millions.
Ce fichier, à usage exclusif de la justice, a permis depuis sa mise en service en France 10.000 rapprochements entre une trace et un individu, donc autant d'affaires résolues ou de pistes nouvelles, ainsi que 2.500 rapprochements entre deux traces inconnues.
PARIS (Reuters), extrait - Compromis par plusieurs indices matériels, Bruno Cholet, un délinquant sexuel multi-récidiviste de 50 ans, a été mis en examen à Paris dans l'enquête sur le meurtre d'un étudiante suédoise de 19 ans, Sussanna Zetterberg, le 19 avril, a-t-on appris de source judiciaire.
Il n'a pas souhaité faire de déclaration devant le juge d'instruction auquel il a été présenté après sa garde à vue de deux jours. Il a nié devant les policiers.