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« Cette décision de justice a protégé cette jeune femme », a affirmé la ministre
PARIS (AFP) - L'affaire de l'annulation du mariage de Lille a déclenché mardi une véritable tempête à l'Assemblée quand Rachida Dati, sous pression, a vivement attaqué la gauche, qui l'avait jusqu'alors relativement épargnée sur ce dossier.
Dès le début des questions d'actualité, la ministre de la Justice est montée au front en répondant à la députée UMP Nicole Ameline, qui saluait sa décision -jugée trop tardive, y compris dans son camp- de demander au parquet d'interjeter appel.
"Evitons la stigmatisation de certains de nos compatriotes", a-t-elle lancé dans un calme relatif, en référence à la confession musulmane des mariés, dont l'union a été annulée par le tribunal de Lille au seul motif que l'épouse avait menti sur sa virginité.
Juste après, Martine Martinel (PS) a elle aussi interpellé la garde des Sceaux en déplorant "l'ambiguïté" de ses premières déclarations sur cette affaire.
Sortant de ses notes écrites, celle-ci a alors haussé le ton en accusant la gauche de ne pas s'intéresser au cas de cette femme et de "brandir des mots, des concepts".
"Oui, je le redis, cette décision de justice a protégé cette jeune femme", a affirmé la ministre, provoquant une première vague d'indignation à gauche, alors qu'à droite certains députés semblaient gênés.
S'écartant alors de l'affaire stricto sensu, elle a martelé: "votre politique d'intégration a été un échec, c'est votre échec! Les +grands frères+ ont conduit à une politique de repli communautaire, à une politique identitaire, que vous avez soutenue".
Avant de lâcher, sous les huées de la gauche: "alors, vous pouvez attaquer la garde des Sceaux! Vous pouvez m'attaquer! Mais j'ai échappé à l'échec de votre politique. C'est ce qui vous dérange!"
Au premier rang, François Fillon demeurait impassible, alors qu'à ses côtés, Roger Karoutchi (Parlement) opinait du chef. Des "hou", des "démission" ou encore des "sortez-la" ont alors fusé à gauche.
A la sortie de l'hémicycle, Maxime Gremetz (PCF) assurait n'avoir "jamais vu ça en 30 ans de vie parlementaire". "Alors que le gouvernement a reculé dans cette affaire, elle, elle persiste et signe au nez et à la barbe du Premier ministre!"
"Elle règle des comptes personnels avec cette affaire", a-t-il ajouté en allusion au propre mariage annulé de Mme Dati.
"L'exaspération est en train de monter à l'égard de Mme Dati, qui n'est malheureusement pas à la hauteur des enjeux qui lui ont été confiés (...) Après avoir fait volte-face en quelques heures, elle nous fait la leçon", a déploré Arnaud Montebourg (PS).
"Je suis aussitôt allé la voir pour lui dire +je passe mon temps à vous défendre, à dire que vous êtes mal comprise et là, vous faites des provocations inutiles+. C'est désespérant", a confié André Vallini (PS).
Refusant elle aussi "toute curée", l'ancienne garde des Sceaux Elisabeth Guigou (PS) a toutefois lâché: "le féminisme victimaire, j'en ai par dessus la tête!"
Dans le camp de la ministre, les avis étaient très partagés. "Elle n'est pas à la fête en ce moment, on mettra ça sur le compte de l'agacement. C'est pas facile d'être un symbole. C'était inutile de faire de la polémique sur une question qui n'est pas du tout droite-gauche", a déploré Claude Goasguen (UMP).
A l'inverse, Hervé Mariton (UMP) a jugé qu'elle avait réagi "avec intelligence et coeur".
"C'est la réaction d'une bête aux abois. Elle s'est montrée agressive pour regagner des points auprès de Sarkozy", estimait un responsable de la majorité, allusion aux spéculations sur une "disgrâce" de Mme Dati.
Un "manifeste des menteuses" lancé pour réclamer une modification du code civil suite au jugement annulant le mariage d'une jeune femme qui avait menti au sujet de sa virginité, a recueilli en deux jours 300 signatures, ont annoncé les organisateurs.
Les écrivains Malika Mokeddem, Annie Ernaux, Irène Frain, Lola Lafon, Nahal Tajadod, Susie Morgenstern, Virginie Langlois, Valentine Goby, Anne-Marie Garat, Franck Pavloff, Magyd Cherfi, Benjamin Stora, Camille Laurens, Danièle Sallenave, les philosophes Geneviève Fraisse et Henri Pena Ruiz comptent parmi les signataires.
"Nous avons honte d'être citoyennes d'un pays dont la justice bafoue le droit des femmes", s'indigne le manifeste initié par une conseillère générale des Alpes-Maritimes (DVG), Marie-Louise Gourdon, également commissaire du Festival du livre de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes).
"Le code civil ne doit pas être l'instrument du recul de l'égalité homme/femme. Nous demandons que le code civil soit modifié en conséquence", réclame le manifeste mis en ligne sur internet.
Source: AFP, le Figaro
Manifeste des menteuses: 300 signatures