« Vers une nouvelle loi sur la récidive criminelle | Un auditeur de justice s'immole par le feu » |
Enzo avait fait l'objet d'un signalement
MELUN (AFP) - Enzo, le petit garçon de 2 ans qui a succombé samedi, à Nemours (Seine-et-Marne), aux coups assénés deux jours durant par le concubin de sa mère, avait été hospitalisé le 19 mai et fait l'objet d'un signalement, avant d'être rendu à sa mère faute d'éléments prouvant la maltraitance.
"Enzo, qui avait fait l'objet d'un signalement, a été remis à sa mère, et deux jours après il est décédé", a amèrement constaté mercredi le procureur de la République de Melun, Serge Dintroz.
"Parmi les médecins, les magistrats, les policiers, c'est un sentiment d'échec terrible", a-t-il souligné au cours d'une conférence de presse destinée à répondre à toutes les questions soulevées par cette décision "qui était peut-être critiquable".
Le concubin, un maître-chiens de 27 ans (BIEN: 27), et la mère, âgée de 23 ans (BIEN: 23), ont été mis en examen lundi et écroués, respectivement pour "coups mortels sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité" et "violences volontaires aggravées", et pour "complicité de coups mortel aggravés" et "non-empêchement de crime".
D'après leurs aveux, Enzo, rendu à sa mère le 29 mai après qu'une mesure d'éloignement eut été prononcée le 21, a subi deux jours durant de la part du concubin, sans que sa mère n'intervienne, des gifles, des coups de pied, des coups portés avec des objets, notamment une laisse, jusqu'à son décès le 31 mai vers minuit.
Le suspect aurait expliqué aux policiers du commissariat de Nemours avoir frappé l'enfant comme il frappait ses chiens. "Il a dit:+ j'ai voulu le faire obéir, comme je le fais avec mes chiens+", a rapporté M. Dintroz.
Le 18 mai déjà, Enzo avait été frappé par le concubin de sa mère, "cogné par terre et contre les meubles de la salle de bain", selon le procureur.
Emmené le 19 à l'hôpital à l'initiative de sa nourrice, il fait le 21 l'objet d'un signalement transmis au procureur via le Conseil général. Les médecins évoquent une boiterie, la présence d'hématomes, une "suspicion de maltraitance".
La mère, elle, "couvre" son compagnon et parle d'une "chute dans l'escalier".
Le parquet de Fontainebleau, compétent pénalement sur la zone de Nemours, ouvre une enquête confiée à la brigade des mineurs de la Sûreté départementale, tandis que le parquet de Melun, compétent pour les mineurs, prononce une mesure d'éloignement, et l'enfant reste à l'hôpital.
"Le 29 mai, compte tenu des éléments recueillis, les deux parquets décident de ne pas donner suite", explique M. Dintroz.
L'enquête n'a pas permis de conclure à des maltraitances, faisant apparaître crédible l'hypothèse d'hématomes dus à une chute, le garçonnet étant décrit comme "turbulent, casse-cou, cascadeur". Le parquet de Fontainebleau décide de ne pas poursuivre pénalement, et celui de Melun de remettre l'enfant à sa mère.
"La mère, en mentant, a préféré protéger son concubin plutôt que son enfant", déplore M. Dintroz.
Les enquêteurs de la Brigade des mineurs n'ont semble-t-il pas repéré le caractère "violent" du concubin, chez qui la jeune femme s'était installée quelques jours seulement avant les premiers coups. Cet aspect violent, évoqué par le voisinage, ne serait apparu, selon M. Dintroz, "que dans le second temps de l'enquête", après le drame.
Justice
Un couple écroué après la mort d'un enfant
mercredi 04 juin 2008 | Le Parisien
Nemours (Seine-et-Marne)
L'AFFAIRE est particulièrement sordide. A Nemours (Seine-et-Marne), un maître-chien est accusé d'avoir tué l'enfant de sa concubine, un petit garçon de 2 ans, en le frappant violemment à plusieurs reprises, notamment avec une laisse. Le tout, sous les yeux de la maman.
Lundi, le parquet de Melun a ouvert une information judiciaire pour « coups mortels aggravés et violences volontaires aggravées avec arme » et « complicité de coups mortels et non-empêchement d'un crime ou délit contre l'intégrité corporelle. » L'autopsie de l'enfant a confirmé que son décès était dû à des coups violents. Le couple a été écroué le soir même.
Gifles et coups de pied
Le drame s'est déroulé dans la nuit de samedi à dimanche dernier, au domicile du concubin, dans le centre-ville de Nemours, à deux pas de la mairie. A minuit, les pompiers reçoivent un appel de la maman. « Venez vite, mon enfant a eu un malaise. Il respire mal ! » Aussitôt, les pompiers et les médecins du Samu se précipitent sur place. Ils vont essayer de réanimer le garçonnet, âgé de 2 ans, en arrêt cardiaque. En vain. Il est déjà décédé. Ils constatent que l'enfant semble avoir été frappé. La police arrivée sur place interpelle le concubin et sa compagne. Placés en garde à vue, ils craquent.
Le maître-chien, âgé de 28 ans, reconnaît qu'il s'est mis en colère contre le petit garçon. Il avoue qu'il lui a donné plusieurs gifles et coups de pied. La mère a reconnu avoir assisté à la scène, mais sans avoir pu l'empêcher. Le concubin aurait aussi utilisé un ou plusieurs objets pour le frapper. Cet homme de 28 ans exerce la profession de maître-chien dans le Loiret. A son domicile, il vivait avec sa concubine, l'enfant de 2 ans et ses trois chiens. Sa compagne était caissière dans un supermarché de la ville. D'après des sources judiciaires, l'homme n'était pas connu pour des faits de violence. Il avait juste été interpellé pour avoir consommé des stupéfiants. Pourtant, aux environs du 20 mai, l'enfant avait fait l'objet d'un signalement pour mineur en danger. Selon nos informations, il aurait un temps été retiré à sa famille, avant d'y être à nouveau placé. « C'est un dossier sensible sur lequel je serais amené à m'expliquer », indique Serge Dintroz, le procureur. Du côté de la préfecture, on ne souhaite pas faire de commentaires. Interrogée, Valérie Lacroute, maire UMP de Nemours, assure que « ce cas ne lui avait pas été signalé ».