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Des syndicats appellent à la fermeture des EPM
PARIS (AFP) - Des syndicats de magistrats, avocats et éducateurs ont appelé lundi à la fermeture des établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM), ouverts dès 2007 et accusés de "banaliser" l'enfermement des jeunes, alors que le gouvernement y voit un "immense progrès".
Ouverts progressivement depuis juin 2007, six EPM sont aujourd'hui en activité et la mise en service d'un septième est programmée d'ici fin 2008 à Meaux (Seine-et-Marne).
Les établissements de Lavaur (Tarn), Meyzieu (Rhône), Quiévrechain (Nord), Marseille, Orvault (Loire-Atlantique) et Porcheville (Yvelines) renferment actuellement 180 mineurs de 13 à 18 ans.
La durée moyenne d'une détention en EPM est de deux mois et demi, selon les syndicats d'éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).
Décidée par la justice, la peine purgée par un mineur en EPM doit combiner détention et suivi socio-éducatif en vue d'une réinsertion.
A leur ouverture, les EPM devaient permettre de "faire sortir les mineurs des prisons pour adultes" et de "faire tourner la détention autour de la salle de classe", selon le ministre de la Justice d'alors, Pascal Clément.
Un suicide de mineur à Meyzieu, une double évasion à Marseille, des "demandes massives de mutation" chez les éducateurs, des "phénomènes de bandes" et des "violences": c'est un bilan critique d'un an d'EPM qui a été dressé lundi par le Syndicat de la magistrature (SM), celui des avocats de France (SAF), la Ligue des droits de l'Homme et deux syndicats d'éducateurs (SNPES-PJJ-FSU et CGT-PJJ).
Les EPM représentent "une banalisation de l'enfermement" des mineurs et "une négation complète des principes de l'ordonnance de 1945" sur la délinquance juvénile, qui institue "une primauté des réponses éducatives sur toute autre", a affirmé Hélène Franco, du SM.
Maria Inès, du SNPES, a dénoncé "les effets destructeurs" de la détention qui "produit toujours des violences" et empêche une réinsertion efficace et une prévention de la récidive.
Alain Dru, de la CGT-PJJ, a pointé des EPM "extrêmement mal desservis" par les transports en commun, ce qui fragilise les relations familiales ou encore un manque d'éducateurs de sport alors que vingt heures hebdomadaires doivent y être théoriquement consacrées.
Alors que l'actuelle garde des Sceaux Rachida Dati voit dans les EPM "un outil tout à fait adapté aux nouvelles formes de délinquance des mineurs", pour Céline Curt, du SAF, ils n'ont rien d'une "solution magique".
En "rapprochant les mineurs du régime juridique des majeurs", ils signent même un retour à la philosophie des "colonies pénitentiaires" et "bagnes pour enfants" qu'avait supprimés l'ordonnance de 1945, a estimé Me Curt.
En plus de la fermeture des EPM, dont la construction a coûté 100 MEUR, les syndicats ont réclamé un "redéploiement des budgets au bénéfice des structures réellement éducatives".
Pour le porte-parole du ministère de la Justice, Guillaume Didier, "fermer les EPM serait un paradoxe". En les ouvrant, "la France s'est mise en conformité avec les règles pénitentiaires européennes édictées par le Conseil de l'Europe" qui exigent "une séparation totale des mineurs avec les adultes" ou encore "un accès à l'enseignement et aux services sociaux, psychologiques et éducatifs".
Tout en évoquant des "adaptations" nécessaires, le représentant de la Chancellerie a qualifié les EPM d'"immense progrès".