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Un jeune homme sauvagement tué au cours d'une soirée arrosée
PETIT-PALAIS-ET-CORNEMPS (33), Sud Ouest - Un jeune homme qui allait avoir 18 ans a été sauvagement tué au cours d'une soirée arrosée. Les auteurs ont été interpellés
Les gendarmes, rompus aux situations les plus extrêmes, n'ont pas souvenir d'un fait divers aussi sordide en Gironde depuis des années. Samedi, ils ont eu du mal à en croire leurs yeux quand ils ont découvert le corps d'un jeune homme battu à mort, défiguré. La victime avait été abandonnée en lisière d'une forêt, dans un fossé bordant une route, au lieu dit Cousseau, dans la commune de Gours, à la limite du département de la Dordogne.
Ce sont les auteurs présumés du meurtre commis au cours de la soirée ou de la nuit de jeudi à vendredi qui ont conduit les gendarmes jusque-là, quelques heures après leur interpellation, samedi.
Confidences. L'un des témoins indirects n'a pas pu garder ce lourd secret très longtemps et a préféré libérer sa conscience en se rendant au commissariat central de Bordeaux. Les policiers ont recueilli ses confidences et alerté aussitôt le groupement de gendarmerie.
Très vite, d'importants moyens ont été mobilisés afin d'appréhender l'ensemble des participants à une soirée organisée jeudi soir dans un superbe camping à Petit-Palais-et-Cornemps, dans le Libournais.
Deux jeunes de 22 et 20 ans, venus de la région parisienne, étaient arrivés en avril dernier. Ils avaient loué un mobile home et avaient été rejoints par une amie, âgée de 21 ans. Ils n'avaient pas de travail connu et l'un d'eux disait avoir touché un héritage.
Jeudi, à la veille de leur départ programmé ce week-end, ils ont organisé une fête avec des connaissances venues de Bordeaux et des environs. Parmi celles-ci, Jérémy Lepiller, pensionnaire dans un foyer à Lormont, qui allait avoir 18 ans dans quinze jours. Ils étaient une dizaine, dont le plus jeune n'a pas encore 14 ans.
En cours de soirée ou de nuit, après une grosse consommation d'alcool, semble-t-il, la fête a dégénéré sans que l'on sache encore pourquoi. Jérémy Lepiller aurait été la cible de plaisanteries malsaines avant que les coups et les mauvais traitements ne pleuvent. Des actes d'une totale et absurde gratuité commis en guise de bizutage. Afin de ne pas attirer l'attention sur leur bungalow, les auteurs de l'agression, un Parisien de 22 ans et un pensionnaire d'un foyer de Lormont de 17 ans, ont entraîné leur souffre-douleur à l'extérieur du camping, à 500 mètres environ. Après avoir traversé des rangs de vigne, ils se sont arrêtés dans un bois et se sont déchaînés sur leur victime. Armés de matraques, ils l'ont frappée jusqu'à la mort. Selon les premières constatations, les coups ont été portés avec une violence inouïe. L'autopsie du corps, pratiquée aujourd'hui à l'institut médico-légal au CHU de Bordeaux, permettra de déterminer ceux qui ont provoqué le décès.
Les armes découvertes. Après l'avoir abandonné dans les bois, ses tortionnaires sont revenus faire la fête, leurs vêtements maculés de sang.
Mais au réveil, inquiets, ils sont retournés sur les lieux du passage à tabac et ont alors décidé de se débarrasser du corps. Ils ont fait appel au second Parisien et à la jeune fille de 21 ans pour le transporter, à bord d'une voiture, à une quinzaine de kilomètres. Arrivés à Gours, ils ont emprunté un chemin de campagne et, à l'abri des regards, ont abandonné le cadavre enroulé dans une couverture, après avoir tenté de le déshabiller. Ils ont ensuite récupéré les matraques ainsi qu'une carabine qu'ils ont jetées dans les eaux de l'Isle.
Après, chacun a regagné sa résidence jusqu'à l'intervention des gendarmes. Les interpellations se sont déroulées samedi. Grâce aux renseignements fournis par l'un des témoins, tous les protagonistes de la fête ont été rapidement localisés et placés en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie de Saint-Médard-de-Guizières. Plusieurs sont pensionnaires dans des foyers d'accueil. Les gendarmes de la section de recherches de Bordeaux, de la brigade des recherches et de la compagnie de Libourne, ainsi que les plongeurs de la brigade nautique d'Arcachon sont parvenus à réunir rapidement des preuves irréfragables. Les armes du crime ont été découvertes au fond de la rivière et les auteurs présumés auraient, semble-t-il, reconnu les faits.
Hier, à l'issue de vingt-quatre heures de garde à vue, les quatre principaux mis en cause ont été déférés au pôle criminel du parquet de Bordeaux.
Les deux auteurs de l'agression devaient être mis en examen pour homicide volontaire et faire l'objet d'un mandat de dépôt. Une information judiciaire a été ouverte et des experts psychiatres vont être prochainement désignés par un juge d'instruction. Ces derniers devront tenter de comprendre pourquoi et comment ces jeunes ont versé dans une telle folie meurtrière.