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Minorité roms en Italie : l'Europe enquête
Ils bronzent à côté des corps de deux fillettes roms mortes
RTLInfo.be, mardi 22 juillet
On parle ici d’une photo qui choque l’Italie. Toute la presse italienne s’émeut d’ailleurs de cette flagrante indifférence ce mardi : on y voit les corps de deux fillettes roms mortes, recouverts de serviettes de plage sur la plage populaire de Torregaveta, près de Naples (sud), avec à l'arrière-plan, un couple en train de bronzer tranquillement !
Selon les journaux, les deux cousines étaient venues sur la plage pour vendre des petits objets aux touristes. Dans l'après-midi, elles ont décidé de se baigner et ont été emportées par le courant. L'archevêque de Naples, Mgr Crescenzio Sepe, a fait part de son inquiétude. Dans le journal 'La Repubblica', il a dénoncé "la triste et inquiétante indifférence", bien plus grave selon lui que la crise des déchets qui a endommagé la réputation de Naples dans le monde.
Une forte communauté de Roms vit en Italie depuis de nombreuses années. Mais ces derniers mois, de nombreux faits de vols et autres méfaits imputés aux ressortissants de cette communauté ont éclaté au grand jour. Si la réaction des Italiens n’a pas tardé, se soldant tout d’abord par des faits de violences à l’égard des Roms, il en a surtout résulté une marginalisation encore plus forte qu’avant et une tentative de Berlusconi de ficher les empreintes de tout ressortissant de cette minorité … heureusement avortée par l’Union Européenne !
L’Europe enquête : résultats attendus pour septembre
Une mission de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) s'est d’ailleurs rendue hier, lundi, en Italie afin d'enquêter sur la situation des Tziganes, Roms et Sinti à la suite de la série d'incidents impliquant des Tziganes comme acteurs ou victimes et de cette polémique en cours à leur sujet dans le pays. Dans un communiqué publié à Vienne, siège de l'organisation, l'OSCE précise que cette mission, dirigée par Andrzej Mirga et qui durera une semaine, aura lieu à Milan, Naples et Rome, "en coopération avec les autorités italiennes".
La délégation de l'OSCE comprend des experts de ses Offices pour les minorités nationales et pour les institutions démocratiques et les droits de l'Homme (ODHIR), ainsi que des représentants de l'Office des droits de l'Homme du Conseil de l'Europe et d'organisations non-gouvernementales italiennes. La délégation remettra son rapport au gouvernement italien en septembre prochain, précise l'OSCE dans son communiqué.
Ficher leurs empreintes : d’où vient cette idée « nazi » ?
La décision d'envoyer cette mission en Italie fait suite au projet du ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni, membre du parti populiste de la Ligue du Nord, de créer un fichier d'empreintes digitales spécifique aux enfants tziganes. Ce projet a suscité de vives protestations de la part d'organisations de défense des droits de l'Homme et au sein du Parlement européen et du Conseil de l'Europe. Ainsi, le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Terry Davis, faisant implicitement référence au nazisme, a estimé que ce projet "suscite des analogies historiques si manifestes qu'il est inutile de les préciser". Pour sa part, l'influent hebdomadaire italien chrétien à grand tirage Famiglia Cristiana avait dénoncé le "silence assourdissant" qui a accueilli en Italie "la proposition indécente" du ministre de l'Intérieur.
Au cours des derniers mois en Italie, des Tziganes ont fait l'objet d'agressions à caractère raciste, notamment à la mi-mai lors de l'attaque avec des bombes incendiaires de deux campements tziganes près de Naples, alors que nombre d'Italiens les rendent responsables de la montée de l'insécurité et de la criminalité. La criminalité supposée des Tziganes et la lutte contre l'immigration clandestine avaient été parmi les points forts de la campagne électorale du nouveau maire pro-Berlusconi de Rome, Gianni Alemanno, un ancien néo-fasciste passé au parti conservateur Alliance nationale, qui avait ravi en avril dernier la municipalité à la gauche.
Samedi, près de Naples, deux sœurs sont mortes noyées. L'indifférence de certains vacanciers, dont témoigneraient des photos, choque l'Italie. La presse britannique, elle, fait l'amalgame avec la campagne anti-Roms lancée par Berlusconi et une xénophobie qui serait croissante en Italie. Décryptage.
LIBERATION.FR : mardi 22 juillet 2008, extraits
Les photos sont terribles. Choquantes.
... "Elles sont seules, il n'y a personne pour leur dire qu'il ne faut pas se baigner juste après avoir mangé, quand la mer est agitée et que l'on ne sait pas nager", rapporte La Repubblica
Les courants sont forts. Ils emportent les gamines qui se mettent à crier. Leurs hurlements parviennent jusqu'à la plage. Deux baigneurs se précipitent pour leur porter secours , une femme prévient les secours avec son portable.
Les nageurs parviennent à ramener l'adolescente de 15 ans et la fillette de huit ans . Mais Violeta et Cristina Ebrahmovich, âgées de 11 et 12 ans, sont emportées au loin par une grosse vague. Lorsqu'arrivent secours et pompiers, ils parviennent à récupérer les deux sœurs mais il est trop tard: impossible de les réanimer. Elles meurent noyées.
L'intention de la photo
Publiées par La Stampa comme par La Repubblica, les photos montrent ce qui s'est passé après: l'indifférence, la légèreté à côté de la mort, la collision entre la plage et le cercueil. "Les corps sans vie reposaient sur le sable et, à quelques mètres de là, les vacanciers continuaient à pique-niquer et à prendre le soleil", rapporte dans la Repubblica l'un des secouristes. "Nous avons récupéré les corps dans l'indifférence générale."
... Néanmoins, pour les quotidiens italiens, comme pour le Cardinal Sepe, qui s'exprime aussi dans The Independent, ce qui s'est passé samedi à Torregaveta, ne relève pas du racisme : c'est surtout une preuve de la montée de l'indifférence, et de l'individualisme, une manifestation d'inhumanité.
Deux adolescentes d'origine Rom se noient sous l'oeil indifférent des baigneurs • L'indifférence des témoins indigne l'opinion publique et l'Eglise catholique • Le matin, le 22 juillet 2008, 21h03
Baignade et bronzette: vendredi était un jour typique sur la plage de Torregaveta, près de Naples. Jusqu'à ce qu'à 13 heures, quatre adolescentes roms qui mendiaient sur la plage décident de piquer une tête. Oui mais voilà, elles ne savent pas nager. Les amies se font happer par une vague et tirer vers le large par le courant. Sur la plage, quelqu'un finira par appeler des secours, mais trop tard pour Violetta 14 ans et Cristina, 16 ans. C'est leurs cadavres qui seront ramenés à terre, posés sur la plage... dans l'indifférence générale.
A part quelques voyeurs qui immortalisent le macabre tableau sur leurs téléphones portables, les baigneurs continuent de profiter de l'été comme si de rien n'était.
Cette attitude a écoeuré une partie de l'opinion italienne ainsi que l'évêque de Naples Pour l'ONG Gruppo EveryOne, la passivité des témoins de l'accident est symptomatique du racisme contre les gens du voyage cultivé par le gouvernement: «On éduque les gens à considérer les Roms comme des animaux sur lesquels on ne s'apitoie pas».
Courrier international.com
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ITALIE • Des gamines roms se noient dans l'indifférence générale
A Torregaveta, une plage de la région de Naples, les courants ne pardonnent pas. Le 19 juillet, "quatre gamines roms se rendent à la plage pour vendre des objets de pacotille. Elles ont chaud et font un plongeon tout habillées, car elles n'ont pas de maillots de bain. Elles sont seules, il n'y a personne pour leur dire qu'il ne faut pas se baigner juste après avoir mangé, quand la mer est agitée et que l'on ne sait pas nager", raconte La Repubblica. Violeta et Cristina Ebrahmovich, âgées de 11 et 12 ans, emportées par une grosse vague, sont mortes noyées ; les deux autres fillettes, de 8 et 15 ans, ont été sauvées par les secouristes. "La plage a tourné le dos à la tragédie, les corps sans vie reposaient sur le sable et, à quelques mètres de là, les vacanciers continuaient à pique-niquer et à prendre le soleil."
"Cette scène terrible fait plus mal que tout ce que l'on a vu pendant la crise des déchets de Naples", a déclaré le cardinal Sepe, archevêque de Naples, choqué par l'indifférence de ses compatriotes devant une telle tragédie. Le quotidien de Rome précise que les petites noyées vivaient dans le camp de Secondigliano, le plus important d'Italie, où a commencé le recensement, contesté, de tous les Roms à partir de 14 ans, qu'a ordonné le ministère de l'Intérieur. Une enquête pour déterminer les causes du drame a été ouverte.