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Le délégué du SGP-FO met en doute la « manière de penser » de jurés
Société
Les policiers piégés par leur procès
Epinay. Verdict adouci pour des jeunes accusés d’avoir attaqué les forces de l’ordre.
DIDIER ARNAUD
Libé, lundi 9 juin 2008, extrait
Le procès s’est tenu à huis clos à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Dix jours plus tard, le verdict n’en finit pas de faire des vagues. Après un délibéré de plus de onze heures, deux mineurs jugés pour un guet-apens tendu aux forces de l’ordre (lors duquel un policier avait été blessé à la mâchoire par un jet de pierres à Epinay en octobre 2006) ont été acquittés. Les trois autres ont été condamnés à trois ans de prison. Pourtant, l’avocate générale Agnès Thibault avait requis de huit à dix ans. Les faits, de «tentatives d’assassinat», ont été requalifiés en «violence». Trois quarts d’heure après l’annonce du verdict, le parquet faisait appel du jugement.
Ambiance. Présents en nombre à l’audience, les policiers étaient, selon un témoin, «sidérés». Des syndicalistes n’ont pas tardé à réagir. «Pour nous, ce procès a été un fiasco total. Il s’est transformé en procès de la police nationale», dit Kamel Hadj, délégué du SGP-FO (Syndicat général de la police) pour la Seine-Saint-Denis. «On marche sur la tête. Durant l’audience, les victimes [les policiers, ndlr] sont passées pour des auteurs.» Il dit que lui et ses pairs ont «été abandonnés», «désavoués» par la justice. «La seule fois où les jurés se sont mis à l’unisson, c’est pour constater la dégradation du véhicule administratif. Sur les violences vis-à-vis des fonctionnaires, ils sont mitigés. On peut remettre en doute leur manière de penser.» Selon lui, les jurés ont été «embrouillés» par la défense et l’ambiance du procès, où on a parlé deux jours de l’affaire et, durant les deux autres, de la «police nationale».