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« Débadgés de Roissy » : classement de l'enquête pour discrimination
PARIS (AP) - Le procureur de la République de Bobigny a classé sans suite les plaintes pour discrimination déposées fin 2006 au nom des "débadgés de Roissy", ces salariés musulmans privés de leurs badges d'accès à l'aéroport par la préfecture de Seine-Saint-Denis qui les soupçonnait d'appartenir à la mouvance islamiste, a-t-on appris lundi de source judiciaire.
Soixante-douze salariés travaillant depuis des années dans la zone sécurisée de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle étaient touchés par cette mesure qui a fait perdre leur emploi à la plupart d'entre eux.
Insuffisamment motivées, plusieurs décisions préfectorales ont été annulées depuis par la justice administrative et même le Conseil d'Etat, mais les travailleurs concernés n'ont pas retrouvé leur emploi pour autant.
Les "débadgés" avaient à l'époque reçu le soutien de la CFDT et l'Association de défense des droits de l'Homme (ADDH) qui avaient porté plainte pour discrimination au nom de sept hommes. Une enquête préliminaire, confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre les personnes, avait été immédiatement ouverte par le procureur.
"Pour qu'il y ait discrimination, l'appartenance religieuse doit être le fondement de retrait du badge, ce qui n'est établi", a-t-on indiqué de source judiciaire. "Le procureur a considéré que ce sont les comportements des personnes qui sont en cause", a-t-on précisé de même source.
François Molins a également estimé que, conformément à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme, le retrait des badges s'était fait dans un "but légitime", à savoir "la sécurité et la sûreté aéroportuaire", selon la même source.
Les "débadgés" avaient affirmé que lors de l'entretien préalable à ce retrait, ils avaient été questionnés sur leurs pratiques religieuses: le respect du ramadan, le mois de jeûne sacré pour les musulmans, la fréquentation ou non d'une mosquée, le port du voile par leur femme, un éventuel pèlerinage à La Mecque...
Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, avait alors justifié le retrait des habilitations affirmant qu'"il y avait des éléments précis qui nous appelaient à leur interdire l'entrée" à la zone sécurisée de Roissy.