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« Les ados tueurs veulent frapper l'humanité », soutient Roland Coutanceau
"Les ados tueurs veulent frapper l'humanité"
Dimanche 28 Septembre 2008
Neuf mois après un premier massacre, la Finlande a connu mardi une nouvelle "tuerie scolaire". Matti Juhani Saari, 22 ans, qui avait annoncé son crime sur Internet, a abattu 10 élèves de son lycée professionnel avant de se suicider. Expert auprès des tribunaux, le Dr Roland Coutanceau, psychiatre, décrypte pour le JDD le comportement de ces jeunes "tueurs de masse", "mégalomanes désireux de marquer l'histoire".
Qu'est-ce qu'un tueur de masse? Lire le Le Journal du Dimanche.
Roland Coutanceau : "Le véritable défi, c'est de développer pendant le temps carcéral toutes les possibilités de prise en charge"
LEMONDE.FR | 11.01.08 | Extrait
Fanfan : Comment les psychiatres décèleront-ils une "particulière dangerosité caractérisée par un risque particulièrement élevé de commettre à nouveau une infraction" ? Est-ce à dire que la peine après la peine pourra être décidée sur le simple pronostic de troubles de la personnalité ?
Roland Coutanceau : Non, effectivement, c'est une question pertinente, puisque l'élément essentiel est justement de pouvoir évaluer ce qu'on appelle la dangerosité criminologique. Il y a deux manières de l'évaluer. L'une est statistique, par exemple, le fait d'avoir déjà été condamné deux fois pour le même délit, le fait d'être un pédophile exclusif, le fait d'être obsédé par ses fantasmes, le fait de s'attaquer à un enfant en dehors de la famille, de s'attaquer à un enfant anonyme, qu'on ne connaît pas, sont statistiquement des critères de dangerosité.
Parallèlement, il peut y avoir une évaluation qualitative, qui est simplement la manière dont un homme est capable de parler de façon mature de son passage à l'acte, par exemple, la qualité de reconnaissance des faits, le fait de reconnaître ou non sa responsabilité, de reconnaître ou non la contrainte, ce qu'on ressent d'avoir fait ça (indifférence, vague malaise, honte ou culpabilité), le fait de s'intéresser aux conséquences pour la victime, enfin la manière de se positionner par rapport à la loi sociale, la loi des hommes qui vous interpellent, sont une manière d'évaluer l'évolution de l'homme après son acte.
Finalement, il y a donc une évaluation quantitative et une évaluation qualitative. Et de mon point de vue, c'est l'ensemble des deux qui permet de donner une évaluation de la dangerosité criminologique, soit faible, soit moyenne, soit forte.
Michaël : La rétention de sûreté ne montrerait-elle pas l'échec de la société dans son "devoir" de réinsertion, car certes, le criminel doit être condamné au nom de la société, mais celle-ci ne doit-elle pas permettre la réinsertion ?