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Jean-Marc Rouillan aurait « besoin de parler »
Société 1 oct. 15h18, Libé
«Après 22 ans de cachot, j’ai besoin de parler»
EXTRAITS • Michel Henry, correspondant de Libération à Marseille, a rencontré Jean-Marc Rouillan. Extraits de son article à lire demain dans Libération.
Au secours, Rouillan revient. Et le cofondateur d’Action Directe (AD) a beau être grand-père, il est toujours révolutionnaire.
Après un rôle actif dans la «lutte armée», qui a provoqué plusieurs morts et l’a conduit vingt ans en détention dans des conditions extrêmes, Jean-Marc Rouillan, 56 ans, redevient simple militant, inscrit depuis l’été à un comité marseillais pour le futur NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) d’Olivier Besancenot. Rouillan y voit avant tout le fruit d’«une démarche individuelle» : «Après 22 ans de cachot, j’ai besoin de parler, d’apprendre des gens qui ont lutté pendant ces années». (...) Avec Rouillan et d’autres, Besancenot estime que le NPA va «ouvrir son espace politique à des trajectoires qui ne sont pas les mêmes». «L’objectif n’est pas de monter des foyers de guérilla à travers la France, dit le facteur. Mais de détruire la société actuelle pour en créer une autre.»
Le parquet demande la révocation de la semi-liberté de Jean-Marc Rouillan
LEMONDE.FR avec AFP | 01.10.08, extrait
Le parquet de Paris a annoncé, mercredi 1er octobre, son intention de demander la révocation de la semi-liberté accordée à Jean-Marc Rouillan. Cette annonce fait suite à un entretien publié sur le site de L'Express où le cofondateur d'Action directe laisse entendre qu'il ne nourrit aucun regret pour l'assassinat du patron de Renault, Georges Besse, le 17 novembre 1986. Interrogé sur ce fait, il répond : "Je n'ai pas le droit de m'exprimer là-dessus... Mais le fait que je ne m'exprime pas est une réponse. Car il est évident que, si je crachais sur tout ce qu'on avait fait, je pourrais m'exprimer. Par cette obligation de silence, on empêche aussi notre expérience de tirer son vrai bilan critique", dit-il. "Il faut clarifier les choses : le processus de lutte armée tel qu'il est né dans l'après-68, dans ce formidable élan d'émancipation, n'existe plus", souligne Rouillan, 56 ans, qui ajoute : "Mais, en tant que communiste, je reste convaincu que la lutte armée est nécessaire à un moment du processus révolutionnaire." C'est au juge d'application des peines de Paris, qui a compétence en matière terroriste, qu'il reviendra de se prononcer sur la révocation ou non du régime de semi-liberté.
Jean-Marc Rouillan est conscient enfin qu'avec cet entretien, il "joue" sa liberté alors qu'il n'est qu'en semi-liberté depuis décembre 2007. Il travaille actuellement dans une maison d'édition marseillaise, après vingt années passées en prison, depuis février 1987. Il lui est interdit d'évoquer les faits pour lesquels il a été condamné.
... Interrogé par L'Express également, Olivier Besancenot estime pour sa part que Jean-Marc Rouillan a purgé sa peine de prison. "Et même plus. La question, c'est de savoir si un homme qui a purgé sa peine a le droit de s'engager en politique. Ma réponse est oui."