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Le FMI enquête sur Dominique Strauss-Kahn
Le FMI enquête sur Dominique Strauss-Kahn
LEMONDE.FR avec AFP | 18.10.08 | 08h52 • Mis à jour le 18.10.08 | 18h40, extrait
Le Fonds monétaire international a confirmé, samedi 18 octobre, avoir ouvert une enquête sur son directeur, le Français Dominique Strauss-Kahn, dans le cadre d'une affaire de népotisme présumé lié à des relations intimes avec une subordonnée. A ce stade, le FMI n'a pas voulu entrer dans les détails de l'enquête, alors que le quotidien Wall Street Journal (WSJ) en a relaté les grandes lignes, dans son édition de samedi. Selon le quotidien, la société Morgan, Lewis & Bockius LLP a été chargée de mener une enquête à ce propos et devrait rendre ses conclusions fin octobre.
Depuis trente ans, le philosophe Paul Virilio analyse les catastrophes comme la conséquence inéluctable du progrès technique. Il voit dans la crise financière l'exemple le plus abouti de sa thèse, dans lequel les victimes ne sont plus des morts mais des milliers de gens qui perdent leur logement.
"Le krach actuel représente l'accident intégral par excellence"
LE MONDE | 18.10.08 | 14h04 • Mis à jour le 18.10.08 | 19h59, extrait
En 2002, sous le titre "Ce qui arrive", vous avez présenté à la Fondation Cartier une exposition sur l'accident dans l'histoire contemporaine : Tchernobyl, 11-Septembre, tsunami... Une formule d'Hannah Arendt guidait votre démonstration : "Le progrès et la catastrophe sont l'avers et le revers d'une même médaille." Avec le krach boursier, y sommes-nous ?
Bien sûr. En 1979, au moment de l'accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island, aux Etats-Unis, j'ai évoqué un "accident originel" - de ceux que nous fabriquons nous-mêmes. Je disais que nos prouesses techniques sont grosses de promesses catastrophiques. Auparavant, les accidents étaient locaux. Avec Tchernobyl, nous sommes passés à des accidents globaux, aux conséquences inscrites dans la durée. Le krach actuel représente l'accident intégral par excellence. Ses effets se diffusent loin, et il intègre la représentation des autres accidents.
Cela fait trente ans que l'on fait l'impasse sur le phénomène d'accélération de l'Histoire, et que cette accélération est la source de la multiplication d'accidents majeurs. "L'accumulation met fin à l'impression de hasard", disait Freud à propos de la mort. Son mot-clé, ici, c'est hasard. Ces accidents ne sont pas des hasards. On se contente pour l'instant d'étudier le krach boursier sous l'angle économique ou politique, avec ses conséquences sociales. Mais on ne peut comprendre ce qui se passe si on ne met pas en place une économie politique de la vitesse, générée par le progrès des techniques, et si on ne la lie pas au caractère accidentel de l'Histoire.
Donnons un seul exemple : on dit que le temps, c'est de l'argent. J'ajoute que la vitesse - la Bourse le prouve -, c'est le pouvoir. Nous sommes passés d'une accélération de l'Histoire à une accélération du réel. C'est cela, le progrès. Le progrès est un sacrifice consenti.
On n'étudie pas assez les accidents ?
L'historiographie dominante se limite à analyser les faits sur une longue durée. Je prône au contraire une Histoire accidentelle, faite uniquement de ruptures. L'historien François Hartog parle de "présentisme" dominant. Il faut aller plus loin. Nous vivons dans "l'instantanéisme".
Pour comprendre les accidents, il faut les étudier, mais aussi les exposer. ...