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En Suisse : les ressorts cachés d'un vote imprévisible
SUISSE
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Imprescriptibilité des abus sexuels: les ressorts cachés d'un vote imprévisible
VOTATION. La quasi-absence de campagne rend le scrutin très incertain.
Lundi 24 novembre 2008, LT.ch, extraits
Une campagne à bas bruit, des moyens inexistants de part et d'autre, aucun sondage permettant de mesurer même très approximativement l'état de l'opinion. L'incertitude demeure totale à une semaine du scrutin sur l'initiative de la Marche blanche réclamant que les abus sexuels commis sur des enfants soient imprescriptibles. Mais les partisans comme les adversaires se rejoignent sur un constat: la nature particulière et émotionnelle de cet objet le rend plus apte qu'un autre à réunir une majorité du peuple et des cantons même contre l'avis du Conseil fédéral et des Chambres, de la plupart des partis et des spécialistes concernés.
[...] Du côté des adversaires, l'engagement est tout aussi limité, les autres objets soumis au vote populaire ce 30 novembre leur ayant paru prioritaires. La semaine dernière, sur le tard, conscients qu'une surprise était loin d'être exclue, socialistes, radicaux, démocrates-chrétiens et Verts ont mis sur pied à la hâte une conférence de presse commune à Berne. L'imprescriptibilité des abus sexuels sur des enfants est contre-productive et disproportionnée, ont plaidé les participants, elle n'aura pas l'effet préventif attendu, elle générera la confusion dans les procès, bref, le contre-projet doit être préféré à l'initiative parce qu'il est la voix de la raison.
Il n'est pas sûr que l'appel à la raison suffise à convaincre les électeurs de rejeter l'initiative. Lors de l'émission Infrarouge consacrée par la TSR à ce sujet le 28 octobre, on a pu mesurer combien il était difficile pour les adversaires de l'imprescriptibilité de trouver à répondre aux convictions tranchées de l'autre camp. Pour ceux qui combattent la proposition de la Marche blanche, toute la difficulté tient à ce que les partisans de l'initiative occupent la position privilégiée de défenseurs des victimes.
Comme en 2004?
L'acceptation de l'initiative en faveur de l'internement à vie des délinquants dangereux, en février 2004, dans des conditions assez semblables, est encore dans les mémoires. Là aussi, l'initiative avait été lancée par des milieux sans moyens, mais elle a été acceptée dans des proportions tout à fait exceptionnelles: 19 cantons et 5 demi-cantons ainsi qu'une majorité de 56% des électeurs ont voté oui.