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Quatre jeunes filles jugées pour la mort de 18 personnes
Quatre jeunes filles jugées pour la mort de 18 personnes dans l'incendie d'un HLM en 2005
LE MONDE | 29.11.08 | 13h01 • Mis à jour le 29.11.08 | 13h01, extraits
Elles avaient entre 15 et 18 ans. Cette nuit du 3 au 4 septembre 2005, peu après minuit, Sabrina R., Tiana M., Elisabeth M. et Wague T. traînaient leur ennui comme souvent le samedi soir au pied des tours de la cité, allée du Stade à l'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). Vers 1 heure, elles ont mis le feu à une boîte aux lettres de la tour n° 2. Dix-huit personnes sont mortes, asphyxiées.
A partir de mardi 2 décembre, Sabrina, Tiana et Wague comparaissent devant la cour d'assises des mineurs du Val-de-Marne, à Créteil. Elisabeth, la plus jeune (moins de 16 ans lors des faits), répondra devant un tribunal pour enfants dans plusieurs mois.
[...] Les causes du déclenchement de l'incendie et la culpabilité de ses auteurs ne font pas de doute : les jeunes filles ont reconnu les faits. En revanche, la diffusion ultrarapide des épaisses fumées noires ne peut provenir que de ce que les experts ont appelé "des non-conformités". En la matière, "la société 3 F (le bailleur) semble la première responsable, ainsi qu'éventuellement la société Otis la société d'ascenseurs", estiment les experts, François Bignon et Jacques Trohel, chargés d'analyser séparément l'un de l'autre les conditions du départ du feu et la propagation des fumées.
[...] Au terme de leur instruction, les juges ont constaté que ces expertises n'avaient pas suscité de nouvelles investigations. Elles n'ont donné lieu à aucune plainte contre le bailleur ; seule une association, parmi les soixante et une parties civiles qui se sont constituées dans ce dossier, a réclamé des poursuites, sans être suivie par la justice.
La 3 F n'est donc pas renvoyée devant la justice. Dans une contre-expertise réalisée à sa demande, le bailleur conteste que la sécurité anti-incendie des tours de l'Haÿ-les-Roses relève de la réglementation de 1971. Le permis de construire de ces bâtiments a été délivré en 1969. A cette époque, la réglementation était moins exigeante. Reste qu'en 1971 la 3 F avait demandé un permis modificatif. Le préfet le lui avait délivré avec la réserve que soient respectées les nouvelles dispositions. Depuis trois ans, l'interrogation demeure : comment un simple feu de boîte à lettres a-t-il pu provoquer ce drame ? Dans son rapport, M. Bignon rappelle "que les tentatives de mise à feu plus ou moins volontaires sont malheureusement courantes dans les immeubles HLM".