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Justice - Méfiez-vous de votre disque dur
NDLR : A visiter : http://www.truecrypt.org/
De divers encarts sur Le Point...
Journal intime et mails : sur le bureau du juge
SMS, mails, lettres, factures, etc., il n'y a pas de secret entre époux, a fortiori lorsqu'ils se séparent. Le juge soupèse, au cas par cas, la valeur des documents et « confessions » qu'on lui présente. Parmi eux, le journal intime, un grand classique de la guerre conjugale, surtout lorsqu'il relate les relations adultères. Les écrits intimes (lettres échangées entre un conjoint et un tiers...) ne sont écartés des débats que s'ils ont été obtenus par fraude ou violence. C'est à celui qui s'en dit victime d'en faire la preuve, ce qui est souvent illusoire. L'utilisation du code d'accès à une messagerie qui n'est pas la sienne n'est pas, a priori, une fraude (Cour de cassation, 18 mai 2005). « Le conjoint doit prouver que le mot de passe n'était connu que de lui et que l'ordinateur était fermé. Le simple fait que son époux ait agi à son insu n'est pas frauduleux », dit un juge aux affaires familiales.
Justice - Méfiez-vous de votre disque dur
Le Point, publié le 18/12/2008, Le Point n°1892, par Laurence Neuer, extrait
Désormais, dans une procédure de divorce ou une enquête sur un salarié, l'ordinateur est clairement sollicité. En toute légalité.
Penché sur l'ordinateur de Virginie et de René M., au domicile familial, l'expert informatique copie, une à une, les données du disque dur. Sous l'oeil attentif de l'huissier, qui consigne, dans un procès-verbal, ses manipulations. « Nous recherchons quels sites ont été consultés et à quelle fréquence, explique l'expert. Nous copions aussi le fichier "images" pour retrouver d'éventuelles photos compromettantes. » C'est Me Béatrice Uzan, l'avocate de Virginie, qui a confié cette mission au cyberlimier dans le cadre du divorce de sa cliente. Celle-ci lui avait confié : « Mon mari est violent avec les enfants et il a des pratiques sexuelles étranges »...
La preuve électronique, véhiculée par mails ou par textos, est devenue un allié précieux des couples qui divorcent. René a clandestinement imprimé quelques pages du journal intime de Virginie, qui avouait : « Je suis à bout, je n'ai plus la force de m'occuper des enfants... » Il espérait lui ôter la garde de leurs deux enfants de 4 et 6 ans grâce à ces « preuves ». Mais « ces éléments ne valent rien, faute d'avoir été authentifiés par huissier », souligne Me Uzan. Ce que le juge confirmera plus tard.
De son côté, Virginie va réunir des éléments à charge sur son mari. Côté pile, ce cadre de la fonction publique vit avec sa femme et ses enfants dans un appartement de fonction. Côté face, il possède une carte d'abonnement à un salon de massage et fréquente des clubs libertins. Autant de données qui conduisent Me Uzan à déclencher le plan B.
Didier Rauch, agent de recherches privées (détective), Sébastien Daumas, expert informatique, et Isabelle Meyer, huissier de justice, vont lui prêter main-forte. La filature de René mène l'enquêteur au club libertin et à l'institut de beauté. « La loi nous interdit de suivre la personne à l'intérieur d'un lieu privé. Nous nous limitons à constater qu'elle s'est rendue à tel endroit à telle heure et qu'elle en est ressortie à telle heure », assure-t-il. De son côté, l'informaticien effectue, devant l'huissier, la copie du disque dur de l'ordinateur. « Cela est légal, s'agissant de l'ordinateur familial, explique Me Uzan. Il appartient autant à l'épouse qu'à son mari tant qu'ils vivent sous le même toit. Elle peut donc le confier à un tiers sans se rendre coupable de violation de vie privée de son mari. » Dans l'ordinateur, l'informaticien découvre une liste impressionnante de sites sadomasochistes très violents. Le comble, c'est que René consultait simultanément les pages du site SOS Papa...
L'enquêteur suit René jusqu'à l'institut de beauté puis passe le relais à l'huissier, seul habilité à franchir la porte. Un acte à la main (une « sommation interpellative »), l'huissier propose un questionnaire à la gérante. Il apprend que René est un client fidèle. Surprise de l'huissier : le fonctionnaire vient se faire épiler. Le voile est levé sur la vie parallèle de ce père de famille. Le juge confiera la garde des enfants à leur mère. Quant au droit de visite et d'hébergement du père, il se réduira à une peau de chagrin au vu du rapport médico-psychiatrique dont il a fait l'objet.
Les mails révélant l'adultère de l'un des époux peuvent aussi justifier le prononcé du divorce à ses torts exclusifs, comme l'a jugé la cour d'appel de Toulouse en novembre 2006. La correspondance interceptée par l'épouse révélait que son mari avait connu sa maîtresse par le biais d'un club de rencontres, affichant sa « volonté de partager une relation de qualité ». Face à cette violation de l'obligation légale de fidélité, l'argument de la fraude soulevé par le mari n'a pas fait le poids. « Monsieur S. n'établit pas que le courrier était protégé par un mot de passe personnel et confidentiel ou qu'il avait seul accès à sa messagerie », a estimé la cour. « Nous sommes dans un domaine où la preuve est difficile à établir, donc, de manière souple, le droit accepte qu'il soit porté atteinte à l'intimité de la vie privée », explique Hervé Lecuyer, professeur de droit à Paris-II.
Mails, textos, des éléments à charge
La preuve électronique est la nouvelle arme des procès. Certains patrons s'offrent les services d'investigateurs numériques pour acter les pratiques déloyales de salariés. « C'est un nouvel écosystème judiciaire qui s'est construit entre des experts, des huissiers et des agents de recherche privées », note l'avocat Olivier Iteanu. Récupérer des données effacées, établir la liste des sites visités, rechercher l'adresse IP d'un corbeau, retrouver l'auteur d'un virus, etc., sont les missions couramment confiées aux traqueurs de preuves. La collecte des mouchards informatiques doit toutefois s'entourer de précautions, au risque de ne pas passer la porte du prétoire. « Il est primordial d'utiliser un matériel et des logiciels spécifiques pour éviter l'altération de données », précise Sébastien Daumas, expert informatique qui travaille avec le dirigeant du cabinet d'enquêtes privées Didier Rauch. Celui-ci a anticipé le tournant numérique en créant, en complément de son activité de recherche, un pôle d'investigation informatique, hackers compris.
Société
Publié le 02/04/2008 à 18:58 - Modifié le 02/04/2008 à 18:59 - Le Point.fr, extrait
Malgré le scandale, Max Mosley exclut de démissionner
C'est un refus catégorique. Du moins pour le moment. Max Mosley a exclu mardi soir de démissionner de la présidence de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), malgré sa mise en cause dans un scandale sexuel. "J'ai reçu un très grand nombre de messages de sympathie et de soutien, provenant de la FIA et du sport automobile en général, suggérant que ma vie privée ne concernait pas mon travail, et que je devais poursuivre à mon poste [...] J'entends suivre ce conseil", a expliqué le Britannique de 67 ans dans une lettre ouverte.
S'il concède que l'épisode est "embarrassant pour dire le moins", il a contesté "une quelconque connotation nazie" dans la séance sadomasochiste à laquelle il a participé, et dont une vidéo a été diffusée dimanche par News of The World . Les extraits de la vidéo diffusés sur le site du tabloïd montrent Mosley en compagnie de cinq jeunes femmes, dont certaines apparaissent vêtues d'un uniforme rayé de prisonnier. Selon le Times , qui parle d'une "orgie nazie", Max Mosley s'exprime en allemand et joue tour à tour le rôle d'un détenu et d'un gardien dans des simulacres d'interrogatoires.
Mosley a condamné une "attaque personnelle et délibérée" et a annoncé son intention de poursuivre en justice News of the World pour "intrusion complètement inopportune dans [sa] vie privée". En présentant ses excuses ''pour l'embarras éventuellement subi par vous-même ou votre club'', Max Mosley dénonce la campagne de déstabilisation contre lui et annonce sa volonté de porter plainte contre le journal.