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Xavier Fortin libre : et la mère, dans tout ça ?
Compte rendu
Jugement clément pour le père kidnappeur
LE MONDE | 18.03.09 | 14h34 • Mis à jour le 18.03.09 | 14h34, extrait
"Ne pas partir avec mes enfants, c'était les laisser sans défense face à des risques d'aliénation évidents", a martelé M. Fortin. Ce fils de médecins, partisan d'une éducation proche de la nature, dans le cadre de laquelle il dispensait lui-même l'enseignement scolaire, a parlé de "l'influence néfaste" de son ex-épouse. Les expertises psychiatriques décrivent des enfants "sous l'emprise de leur père" et "ayant grandi dans des clivages associant mensonge et liberté". Shahi Yéna et Okwari, aujourd'hui âgés de 18 et de 17 ans, ont juré n'avoir "pas fait le choix d'un parent mais du mode de vie qui (leur) convenait le mieux".
Catherine Martin a cherché ses fils sans relâche pendant onze ans. Pour préserver la fragile relation renouée avec eux, elle était absente des débats. Ses enfants y furent aussi avares de mots tendres à son égard qu'enclins à exercer une forme de pression. "Oui, il y a de bonnes bases pour des retrouvailles avec notre mère, a ainsi déclaré Okwari, encore faudrait-il que notre père sorte de prison..." Le jugement, plus clément que les réquisitions du ministère public - deux ans de prison dont dix-huit mois avec sursis - a radouci les enfants. "Maman, on t'aime, on vient te voir ces jours-ci", a déclaré Shahi Yéna face aux caméras, ajoutant que "s'il (leur père) était resté en prison, on n'aurait pas pu nouer des contacts normaux avec elle, juste par respect de l'éducation qu'il nous a donnée".
RTL info | 17 mars 2009 | Màj 20h13
Xavier Fortin jugé pour avoir enlevé ses deux fils durant onze ans
Il avait été arrêté fin janvier en Ariège, après onze ans de périple avec ses deux fils enlevés fin 1997 à l'âge de 6 et 7 ans. Xavier Fortin, 52 ans, comparaît depuis mardi devant le tribunal correctionnel de Draguignan, dans le Var. Le procureur de la République a requis une peine de deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis, à son encontre, pour "soustraction d'enfant par ascendant". La mère a décidé de ne pas se porter partie civile et ne devrait pas être présente à l'audience. Les deux garçons prennent la défense de leur père. Le jugement est attendu dans la soirée.
"Face aux auditeurs" : Alain Cazenave, président de l'association "SOS Papas"
Le témoignage très étonnant des deux enfants Fortin
Draguignan
Xavier Fortin libre après six heures de procès
Paru hier, mercredi 18 mars 2009, Var Matin, extrait
Sur un ton très posé et réfléchi (trop ?), Shari-Yena, 18 ans, et Okwari Fortin, 17 ans, ont indiqué au tribunal que leur père n'était pas à sa place en prison. Tous deux ont affirmé qu'ils avaient eux-mêmes fait ce choix de vie dans la clandestinité dès le départ.
« A 7 et 5 ans », a sursauté la présidente.
Ils ont aussi déclaré ne pas se reconnaître dans les conclusions de l'expert psychiatre, qui évoquait une emprise du père, une reproduction de son discours par ses fils, et une image dévalorisée de la mère.
« S'il y a quelqu'un qui nous a emmenés et séquestrés, c'est ma mère, a lancé l'aîné. Je remercie mon papa de nous avoir écoutés et de ne pas nous avoir ramenés. »
La souffrance de leur mère pendant toutes ces années ?
« Je la comprends et c'est normal, mais notre mère a fait des erreurs, elle le reconnaît aujourd'hui, a répondu le cadet, qui disait à son entourage que sa mère était morte. Ça me faisait quelque chose, mais c'était une obligation, une couverture par rapport aux gens. ça coupe court à la discussion quand quelqu'un vous demande des nouvelles de votre mère. »
Xavier Fortin libre: et la mère, dans tout ça?
Par La rédaction du Post, le 19/03/2009
Depuis le début de "l'affaire Fortin", on ne l'a pas beaucoup entendue. Sur Le Post, l'avocat de la mère de Shahi Yena et Okwari réagit. "C'est dur" nous confie Maître Renaud Arlabosse, avocat de Catherine Martin, ce jeudi. Catherine Martin, c'est l'ex-femme de Xavier Fortin, condamné mardi à Draguignan à deux mois de prison ferme pour soustraction de mineurs.
Placé en détention provisoire jusqu'à mardi, celui qui, un jour de décembre 1998, n'a pas jugé bon de ramener les garçons -dont il avait la garde pour les vacances- à leur mère, est donc libre. Son ex-femme n'était pas là à l'audience. "En avait-elle seulement le choix?" s'interroge son avocat sur Le Post, ajoutant que "son seul but est de reconstruire une relation sereine avec ses enfants."
Sur Le Post, Maître Renaud Arlabosse, avocat de Catherine Martin, répond:
Comment a réagi la mère des garçons mardi?
"C'est dur. Elle n'est ni déçue, ni soulagée. C'est ambivalent. Les garçons ne l'ont pas particulièrement épargnée à l'audience, et ce n'est, nécessairement, pas facile à vivre. Les garçons ont pris la défense de leur père à 100%, certes, mais peut-être auraient-ils pu épargner un peu leur mère. Ils n'ont eu aucune délicatesse. Après, elle n'attendait de toute façon pas grand-chose de cette audience."
C'est-à-dire?
"Elle n'y avait, dès le départ, pas d'espace d'expression. Quoiqu'il advienne, elle était bloquée. Si la peine du père avait été plus lourde, ses fils ne lui auraient pas pardonné et n'auraient pas facilité les relations avec leur mère: c'est bien ce qu'ils ont dit à l'audience. Ils ont fait du chantage. Si la peine avait été plus légère, c'était pour elle le symbole de la négation de sa souffrance. Rien n'était possible. La situation est complexe."
Pourquoi n'était-elle pas présente à l'audience?
"Pour faciliter les choses, ou plutôt ne pas risquer de les compliquer. D'ailleurs, au début, elle ne voulait même pas être défendue à l'audience, elle ne voulait pas prendre partie, elle estimait qu'elle n'avait pas de position à défendre. Dans la mesure où cette mère a cherché ses enfants pendant plus de 10 ans, il me semblait important, tout de même, qu'on la défende. Après, c'est vrai que c'était extrêmement difficile, même pour moi."
Dans quelle mesure?
"Xavier Fortin et les garçons n'ont eu aucun égard pour elle. C'est la grande oubiée de ce procès. Mais Catherine Martin est une femme équilibrée et courageuse, qui n'a jamais baissé les bras."
Un des garçons a dit "je t'aime" à sa mère à la sortie du tribunal...
"C'est vrai. Je pense toutefois que lui et son frère ont été un peu dépassés par la médiatisation..."
Un rapport d'expertise dénonce l'emprise du père subie par les enfants...
"Ils sont encore un peu jeunes pour avoir la distance nécessaire pour se retourner sur leur enfance. Et l'influence du père n'est pas contestable."
Selon leur père, les garçons étaient malades (anorexie, énurésie,..) chez leur mère. Qu'en pensez-vous?
"Aucun certificat médical ne le prouve. Et, s'ils avaient réellement souffert physiquement, pourquoi Nicolas, leur grand frère, qui vivait avec eux à l'époque, n'a-t-il jamais eu aucun souci?"
Selon leur père, les garçons, petits, ont répété ne pas vouloir retourner avec leur mère. Qu'en est-il?
"Une chose est importante: aux vacances de Pâques 1997, les garçons ont 5 et 7 ans. Leur père, qui en a la garde pendant les vacances, les emmène tous les 3, avec Nicolas, pour un périple en roulotte/caravane. C'était la première tentative d'enlèvement. Ils ne voulait plus les rendre."
Comment ça s'est passé?
"Mal. Par la force, et avec les gendarmes. Ils ont été retrouvés: les enfants étaient sales, mal nourris, dans un état pitoyable. Ils ont été entendus par les gendarmes, et ce qu'ils ont dit était grave."
Qu'ont-ils dit?
"Que, pendant le séjour, leur père les avaient incités à voler dans les magasins, fumer des cigarettes, boire de l'alcool. Des procès-verbaux l'attestent. Plus tard, Shahi Yena et Okwari ont dit que leur mère les avaient forcés à mentir. Nicolas, qui n'est jamais revenu sur ce sujet, ne s'est jamais rétracté."
Qu'en dit leur père?
"Bien souvent, il prend la parole des enfants comme parole d'évangile. Quand il dit que ce n'est pas lui, mais les enfants, qui l'ont supplié de ne pas les ramener, ils se plie complètement, selon lui, à leurs dires et désirs. Aux vacances de Pâques 2007, ses fils ont dit le contraire, réclamant de retourner chez leur mère, et leur père n'a pas tenu compte de leurs paroles. Il faudrait savoir."
Pourquoi a-t-il fait ça?
"Selon moi, il n'a jamais accepté que son ex-femme ne veuille plus de leur ancien mode de vie atypique, qu'elle revienne sur leur décision antérieure. Malgré la philospohie libérale qu'il prône, il a un comportement complètement totalitaire."
Et maintenant?
"Ma cliente est très fatiguée. La tension était forte jusqu'au procès. Elle va se reposer un peu, prendre un peu de recul. Et tenter de reconstruire, enfin, une relation avec ses enfants. Ce ne sera pas évident, car je pense que les garçons se sont recréé des souvenirs, et qu'ils snt persuadés de certaines choses qui ne correspondent pas à la réalité. Ce qui est important pour leur mère, c'est qu'ils entendent et acceptent sa réalité à elle, qui est, il faut l'admettre, sensiblement différente de celle du père."