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Mort d'une fillette : l’hôpital de Mulhouse sur la sellette
Faits divers
Mort d'une fillette : l’hôpital de Mulhouse sur la sellette
Le Parisien | 08.08.2009, 07h00
Une enquête a été ouverte après le décès d’une enfant de 5 ans, retrouvée asphyxiée entre les barreaux de son lit au centre hospitalier de Mulhouse (Haut-Rhin).
Au matin du 31 juillet, lorsque la maman arrive dans la chambre d’hôpital de sa petite fille de 5 ans, au sein du service pédiatrique du centre hospitalier de Mulhouse (Haut-Rhin), c’est pour faire les bagages de son enfant, qui doit ce jour-là rentrer à la maison. Mais quand elle franchit la porte à 9 h 45, elle découvre sa fillette inanimée, le corps ballant entre le lit et le sol, la tête restée coincée entre les barreaux de protection. Immédiatement appelés, les personnels soignants ne peuvent rien pour la sauver. L’enfant, atteinte d’une maladie génétique qui nécessitait des hospitalisations régulières, avait déjà sombré dans un coma dont elle n’est jamais sortie.
« le service de pédiatrie avait signalé ce système défectueux »
Malgré des soins intensifs, elle est morte dans la nuit du 3 au 4 août dernier. L’autopsie a clairement indiqué qu’elle a succombé à une asphyxie. Lourdement handicapée, elle pouvait se mouvoir mais ni marcher ni parler. Et par conséquent, signaler qu’elle était en train de s’étouffer.
C’est sa tante qui a alerté les autorités judiciaires à propos de ce décès suspect. D’après les premiers éléments de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Mulhouse et confiée au commissariat de la ville, le lit médicalisé dans lequel l’enfant a été placée serait directement à l’origine de l’accident. Un lit de taille adulte, dont les barreaux sont trop espacés pour sa taille. Des coussins étaient censés empêcher toute chute. « Le matelas a glissé, le corps a glissé, mais la tête de l’enfant a été retenue par les barreaux, nous a précisé hier le procureur de la République de Mulhouse, Jean-Pierre Alacchi, qui vient de prendre ses fonctions. Il est évident que le système de coussins n’était pas efficace. » Un quart d’heure avant qu’on ne trouve la fillette inanimée, une puéricultrice était passée dans la chambre de la petite pour remettre en place un coussin qui, déjà, était tombé.
« Malheureusement, cette précaution n’a pas été suffisante pour éviter l’accident », a déclaré pour sa part Jean-François Mathis, le directeur adjoint de l’agence régionale d’hospitalisation (ARH) d’Alsace. Selon lui, il n’existe pas de lits adaptés aux enfants, et des cas similaires ont déjà été déplorés.
Le parquet de Mulhouse n’accepte pas cette fatalité : « Il faut être prudent, mais l’enfant a, semble-t-il, été victime de négligences, poursuit Jean-Pierre Alacchi. Courant 2008, la direction de l’hôpital avait déjà été saisie de ce problème, et le service de pédiatrie avait signalé que ce système de coussins était défectueux. Rien n’avait été fait pour en changer. Est-ce pour des raisons budgétaires ? Pensait-on que la sécurité était tout de même assurée ? Ce drame démontre que non. Du reste, depuis qu’il a eu lieu, on attache désormais les coussins avec des lanières. Mais pour cette petite fille, c’est malheureusement trop tard. »
Le procureur, qui n’a pas relevé de dysfonctionnement de service, a indiqué qu’il envisageait d’ouvrir dès la semaine prochaine une information judiciaire pour « homicide involontaire par négligence et défaut de surveillance », qui pourrait déboucher sur la mise en examen de l’hôpital en tant que personne morale. « La loi n’interdit pas non plus la mise en examen du directeur en tant que personne physique, mais, en l’état, rien n’indique que l’on s’y dirige », précise Jean-Pierre Alacchi. Effondrés, le père de la fillette, un manutentionnaire habitant la région de Mulhouse, et son épouse, mère au foyer, n’ont pour l’instant pas porté plainte.