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DSK fait profil bas à Cambridge
Le Parisien | De notre envoyé spécial à Cambridge, Jean-Marc Ducos | Publié le 10.03.2012, 07h14
La venue de Dominique Strauss-Kahn, invité par la célèbre université anglaise, a provoqué des protestations et des huées. Arrivé en catimini, l’ex-patron du FMI a ensuite participé à la conférence.
Comme une ombre furtive, il est sorti d’une limousine Mercedes noire. Six gardes du corps ont fait bouclier autour de Dominique Strauss-Kahn pour empêcher toute photographie d’un homme courbé autour de ses vigiles et obligé d’entrer par une porte dérobée. L’ancien ministre et favori socialiste des sondages à la présidentielle était hier l’invité très controversé d’une soirée-conférence de la Cambridge Union Society, un club réputé pour la qualité des intervenants invités.
Mais hier soir, à 17h49, les gardes du corps de DSK ont dû jouer des coudes pour lui frayer chemin jusqu’à un petit escalier en contrebas de la rue où son chauffeur l’a déposé. Des agents de sécurité passablement énervés, distribuant baffes et coups à tous ceux qui voulaient approcher. La police présente s’est, elle, bien gardée d’apporter son aide à cette exfiltration.
« C’est une véritable maladresse»
DSK devait donner hier soir une conférence sur l’état de l’économie dans le monde en sa qualité d’ancien directeur du Fonds monétaire international. Un poste dont il a dû démissionner après son arrestation dans l’affaire du Sofitel de New York, qui s’est soldée par un abandon des poursuites pénales contre lui.
« C’est une véritable maladresse d’avoir invité cet homme devenu le symbole de l’agression faite aux femmes. On ne peut faire la distinction entre sa qualité d’économiste et l’homme qu’il est », résume Annabelle, 23 ans, une étudiante française venue protester contre la présence de DSK au sein de la prestigieuse université britannique. Une centaine de manifestants scandant « SK va-t’en » et « Justice pour Diallo » ont rejoint quelques minutes, à peine après l’arrivée de DSK, le siège de la Cambridge Union Society, dans le centre-ville.
Une vénérable institution en charge d’organiser débats et conférences, mais qui, selon Ruth Graham, la porte-parole du bureau des élèves de l’université, « s’est aujourd’hui fourvoyée en offrant une tribune à un homme qui ne la mérite pas ». Mais paradoxalement, personne ne conteste le droit à la parole de DSK en tant que spécialiste des arcanes de l’économie. Certains slogans affichés sur les panneaux étaient malgré tout particulièrement virulents à son encontre sur son rôle de directeur du FMI. Et les allusions à une liaison de l’ancien directeur général avec une ancienne collaboratrice hongroise allaient bon train…
«Un affront à toutes les femmes»
Les étudiants ont ensuite pris place devant le parking de l’institution en continuant de marquer leur opposition à ce choix de l’invité dans un calme tout britannique. Pendant ce temps, juste de l’autre côté de la rue, les invités de la soirée, très encadrés par des vigiles, devaient montrer patte blanche à l’entrée de l’Union Society, une fois n’est pas coutume entourée de barrières. Leur identité était vérifiée et ils devaient laisser leur téléphone portable, leur appareil photo ou tout autre objet métallique avant de pénétrer dans l’amphithéâtre sous peine de se voir refuser l’accès.
Un peu plus tôt, les étudiants du bureau des élèves avaient organisé un débat à la faculté de droit. L’avocat de Nafissatou Diallo, tout juste arrivé de New York, s’est livré à un réquisitoire implacable contre DSK, estimant qu’il « était un affront à toutes les femmes » et qu’il était « evenu un spécialiste de l’économie de la prostitution ». Allusion sans détours à l’affaire du Carlton de Lille, qui a déjà valu à DSK une garde à vue en attendant sa probable mise en examen.