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Zemmour ne regrette rien après ses propos sur Taubira
RTL estime qu'Eric Zemmour est "dans son rôle de chroniqueur"
LE MONDE | 28.05.2012 à 11h01 • Mis à jour le 28.05.2012 à 11h01
Par Daniel Psenny
Le journaliste Eric Zemmour sera-t-il encore à l'antenne de RTL à la rentrée ? Rien n'est moins sûr. Le 23 mai, dans sa chronique matinale quotidienne "Z comme Zemmour", il a provoqué une nouvelle polémique en critiquant Christiane Taubira, garde des sceaux, qui a annoncé son intention de faire voter une nouvelle loi sur la répression du harcèlement sexuel - après la censure du Conseil constitutionnel sur la législation précédente - et de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs.
"En quelques jours, Taubira a choisi ses victimes, ses bourreaux. Les femmes, les jeunes des banlieues, sont dans le bon camp à protéger, les hommes blancs dans le mauvais", a dit M. Zemmour.
Le journaliste a aussi reproché à la nouvelle ministre de la justice de se montrer "douce, compatissante et compréhensive comme une maman pour ses enfants, ces pauvres enfants qui volent, trafiquent, torturent, menacent, rackettent, violentent, tuent aussi parfois".
LE MRAP "SCANDALISÉ"
Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) s'est dit "scandalisé" par cette "chronique haineuse, raciste et misogyne", et en a appelé au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Dans une tribune publiée par Le Monde, Dominique Sopo, président de SOS-Racisme, a dénoncé la "haine quotidienne" distillée par M. Zemmour, avec "la sollicitude de RTL", et jugé son "positionnement digne de ce machisme grossier dont il ne se départit plus".
En réponse, M. Zemmour a fustigé, lundi matin, sur RTL, les "professionnels du choquage, de l'indignation tarifée". "Vous savez, quand j'attaque Taubira, ce n'est ni la femme que j'attaque, ni encore moins, évidemment, la femme noire que j'attaque, a-t-il dit. Je fais une analyse politique, idéologique."
ZEMMOUR TROP "CLIVANT", SELON RTL
Malgré cette "mise au point", la nouvelle polémique provoquée par M. Zemmour, condamné en 2011 pour "provocation à la discrimination raciale", n'a guère été appréciée à la direction de RTL.
Confrontée à une baisse d'audience, l'antenne privée réfléchit depuis plusieurs semaines à une refonte de la tranche matinale.
Plusieurs changements sont envisagés, dont le départ de M. Zemmour, qu'elle juge "trop clivant". En attendant, "il sera au micro de RTL jusqu'à la fin de la saison", affirmait-on, dimanche, à la station.
"A la différence des journalistes de la rédaction qui rendent compte des faits, Eric Zemmour est un chroniqueur, qui fait des commentaires politiques, et il est parfaitement dans son rôle", ajoutait-on sans condamner les propos du journaliste. Ce dernier, qui collabore également au Figaro Magazine, les a d'ailleurs repris, samedi, dans "Ça se dispute", sur iTélé, face à Nicolas Domenach, de Marianne.
SOUTENU PAR MARINE LE PEN
Au-delà de RTL, la chronique du journaliste sur Mme Taubira s'inscrit en écho aux attaques de l'UMP contre la ministre de la justice depuis sa nomination.
De son côté, Marine Le Pen, présidente du Front national, a pris la défense de M. Zemmour en déclarant que "son débarquement constituerait une grave atteinte au pluralisme des opinions dans les médias". Elle estime que, par ses prises de position, "il représente une forme de quasi-dissidence vis-à-vis des élites autoproclamées du PAF et des éditorialistes alignés sur une bien-pensance convenue". "Pour cette raison, dit-elle, il entre souvent en résonance avec les Français."
Soutenu alors par une vingtaine d'élus de l'UMP membres du collectif la Droite populaire, qui l'avaient reçu, à l'Assemblée nationale, après sa condamnation, M. Zemmour s'était prononcé, en 2011, pour l'abrogation des lois sur la discrimination raciale et des lois mémorielles, ainsi que pour la suppression du droit d'action pénale des associations antiracistes et de leurs subventions.
Le chroniqueur est convoqué au tribunal de grande instance de Paris, mardi 29 mai, pour "diffamation" à l'encontre de Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN). Fin 2008, dans l'hebdomadaire Vendredi, il écrivait : "Ainsi, Patrick Lozès, président du CRAN, a déclaré : 'Obama est notre président', ce qui prouve que la solidarité raciale est supérieure, à ses yeux énamourés, à la solidarité nationale. Imaginons un odieux président du CRAB [Conseil représentatif des associations blanches] qui déclarerait : 'Poutine est notre président'."
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