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Journée des femmes en France
PARIS (AFP) - La Journée des femmes en France, placée sous le signe de l'otage franco-colombienne aux mains des Farc, Ingrid Betancourt, et de la parité en politique à la veille des municipales, a été comme chaque année une vitrine des inégalités persistantes entre les sexes.
Près de 150 "femmes d'exception" ont été invitées à déjeuner à l'Elysée par le président Nicolas Sarkozy, anciennes ministres, PDG de grandes entreprises, conductrices de bus et de métro.
Le chef de l'Etat a prôné l'égalité salariale rappelant que des sanctions financières seront prononcées contre les entreprises récalcitrantes.
A l'issue de la conférence sociale sur l'égalité salariale du 24 novembre dernier, le ministre du Travail Xavier Bertrand avait annoncé "des sanctions payables dès début 2010" pour les entreprises qui ne seraient pas "dans la logique de rattrapage salarial" entre les deux sexes, à ancienneté, poste et qualification égales.
Le Président a précisé qu'il "ferait voter par le Parlement des sanctions financières à partir de 2009".
"Symbole" des femmes qui luttent, selon les termes du Premier ministre François Fillon, Ingrid Betancourt a peut-être entendu les messages personnels que les onze femmes du gouvernement lui ont adressés samedi matin sur les ondes de Radio France International (RFI).
Plusieurs rassemblements se sont tenus en son honneur. A Paris, près de la Fontaine des Innocents, derrière une banderole demandant "un accord humanitaire maintenant pour les otages en Colombie", Fabrice Delloye, ex-mari de l'otage, a rendu hommage à "toutes les femmes qui souffrent dans le monde sans pouvoir s'exprimer".
Un rassemblement était également organisé par Ni Putes Ni Soumises (NPNS) sur la passerelle Simone de Beauvoir (13e), ainsi qu'à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), et à Nice autour du fils d'Ingrid Betancourt, Lorenzo.
Comme chaque année, la Journée des femmes a balancé entre mise en valeur de destins de femmes à la réussite incontestable et revendications pour une égalité encore loin d'être le lot de la majorité d'entre elles.
Un autre déjeuner a réuni autour du ministre du Budget, Eric Woerth, une vingtaine de douanières dont la seule femme pilote d'avion de cette administration.
A l'honneur aussi, neuf grandes figures historiques féminines dont les portraits ornent la façade du Panthéon, de Simone de Beauvoir à Marie Curie en passant par la résistante Charlotte Delbo.
La Journée des femmes coïncidant avec les élections municipales, l'Observatoire de la parité a fait ses comptes: "83,5%" des listes sont conduites par des hommes. Il a appelé les partis à respecter "l'esprit de la loi" de 2000 qui impose la parité sur les listes des villes de plus de 3.500 habitants.
Cependant, avec l'obligation de parité sur les listes d'adjoints, les conseils municipaux constitueront "l'avant-garde démocratique de la révolution paritaire", souligne l'Observatoire relevant le contraste avec la lente féminisation de l'Assemblée nationale qui compte 18,5% de femmes.
Plusieurs dizaines d'associations féministes se sont rassemblées à Paris, elles aussi devant la Fontaine des Innocents.
Elles ont rappelé la persistance des inégalités, les violences faites aux femmes, les publicités sexistes, la précarité plus forte des femmes dans le travail, ou, comme l'a affirmé Maya Surduts, du Collectif national droits des femmes (CNDF), les craintes "de retour en arrière pour des acquis comme le droit à l'avortement".