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L'avocat de Chantal Sebire dépose une demande d'euthanasie
PARIS (AP) - L'avocat de Chantal Sebire, une mère de famille défigurée par une maladie incurable, a annoncé mercredi avoir déposé une demande d'euthanasie de la part de sa cliente.
Cette ancienne professeur des écoles, âgée de 52 ans et mère de trois enfants, est atteinte depuis près de huit ans d'un esthésioneuroblastome, une tumeur évolutive des sinus et des cavités nasales.
Dans une requête déposée auprès du président du tribunal de grande instance de Dijon, dont l'Associated Press a obtenu une copie, l'avocat de la patiente, Me Gilles Antonowicz, demande qu'un médecin soit autorisé à lui prescrire dix grammes de penthotal pour mettre fin à ses jours. Il estime que "le caractère grave et incurable de la situation médicale dans laquelle elle se trouve (...) s'apparente à un cas de force majeure".
La justice rendra sa décision lundi sur cette requête.
L'avocat souligne que la loi Leonetti du 22 avril 2005 sur les droits des malades et la fin de vie "touche à ses limites" dans le cas de Chantal Sebire. "Dès lors, l'intervention du juge devient absolument nécessaire". Ce texte avait été adopté après l'affaire Vincent Humbert, ce jeune tétraplégique qui avait réclamé le droit de mourir. Il est mort en septembre 2003.
"Je pense que le juge ne fera qu'appliquer la loi Leonetti s'il nous donne satisfaction", a déclaré à l'Associated Press l'avocat, dénonçant un texte "ambigu". Dans cette loi, "on n'appelle pas un chat un chat, c'est une loi d'une hypocrisie rare".
"La situation exceptionnelle dans laquelle elle se trouve du fait d'une maladie non moins exceptionnelle s'apparente à un cas de force majeure justifiant une décision judiciaire tout aussi exceptionnelle qui seule est susceptible d'assurer le respect de sa vie privée, de sa liberté et de sa dignité", note l'avocat.
Pour Me Antonowicz, il s'agit d'une "demande exceptionnelle mais néanmoins légitime, en fait comme en droit".
Chantal Sebire souhaite ainsi "mettre elle-même, en pleine conscience, un terme à un calvaire de huit années, chez elle, entourée de l'amour des siens", souligne dans un communiqué l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD). L'ancienne professeur des écoles n'a pas exclu de se rendre dans des pays où l'euthanasie est légalisée, comme en Suisse.
"Tout ce qu'elle demande, c'est un acte de compassion, un acte d'amour. Je pense que oui, avec le dossier que Chantal a déposé, avec la situation dans laquelle elle est, le juge pourrait très bien lui donner raison", a souligné sur France Info le président de l'ADMD Jean-Luc Romero, qui l'a accompagnée avec son avocat au tribunal mercredi.
La loi Leonetti sur la fin de vie crée un droit à "laisser mourir" en autorisant un patient à refuser toute "obstination déraisonnable" quand il n'y a plus d'espoir, sans légaliser l'euthanasie.