« Fillon accuse la gauche de « sectarisme » | Les 103 enfants de L'Arche de Zoé vont retrouver leur famille » |
« Un fait extrêmement rare », l'interpellation d'un commissaire
POLICE.
Un commissaire soupçonné d'avoir vendu des informations Stéphane Sellami et François Vignolle
vendredi 14 mars 2008 | Le Parisien
Un commissaire de la brigade financière de Paris, soupçonné d'avoir utilisé des fichiers de police confidentiels « moyennant rétribution », a été arrêté et placé en garde à vue hier. Quatre autres personnes ont été interpellées.
UN COMMISSAIRE de la police judiciaire parisienne a été soumis à une audition « serrée », hier, par ses collègues de l'inspection générale des services (IGS). Les hommes de la police des polices ont été chargés par un juge d'instruction de faire toute la lumière sur les soupçons qui pèsent sur Patrick Moigne, 48 ans, patron de la brigade des fraudes aux moyens de paiement (BFMP), implantée rue du Château-des-Rentiers, dans le XIIIe arrondissement parisien.
Le haut fonctionnaire est suspecté d'avoir consulté des fichiers confidentiels « pour des besoins autres que ceux entrant dans le cadre de ses fonctions » en échange d'une rétribution dont le montant n'a pas été précisé.
Interpellé hier dès 6 heures à son domicile, le commissaire a assisté à une longue perquisition de son habitation avant d'être placé en garde à vue dans les locaux de l'IGS.
« Ce fonctionnaire n'est pas plus idiot que la moyenne »
Selon les premiers éléments de l'enquête, Patrick Moigne aurait consulté divers fichiers confidentiels et notamment le Stic, qui recense les victimes et les mis en cause dès qu'une procédure pour infraction à la loi pénale est ouverte par la police nationale. « Les enquêteurs de l'IGS sont intervenus dans le cadre d'une commission rogatoire, ouverte en octobre 2007, pour corruption active et passive d'une personne dépositaire de l'autorité publique et violation du secret professionnel, relate une source proche de l'affaire. Le commissaire est soupçonné d'avoir fourni des informations provenant de fichiers internes à la police et d'avoir perçu, en échange, d'importantes sommes d'argent. » Des informations auraient été transmises à une société privée de renseignement gérée par un proche du suspect.
Patrick Moigne, commissaire divisionnaire, était placé depuis plusieurs semaines sous la surveillance des policiers de l'IGS. « Ce dossier a fait l'objet d'une enquête préliminaire pendant plusieurs mois, ajoute la même source. Les faits reprochés sont graves. » Quatre autres personnes ont été interpellées, hier matin, dans le cadre de la même enquête avant d'être placées en garde à vue. « L'interpellation d'un commissaire est un fait extrêmement rare, a précisé hier une source proche de la direction du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). Cette affaire ne doit pas entacher le corps des commissaires. Sans préjuger des faits, il faut respecter la présomption d'innocence. » Toujours selon la même source, « on ne peut pratiquement plus, aujourd'hui, consulter les fichiers de police en utilisant son matricule et un code personnel sans que cela se sache dans la seconde à la direction de l'administration de la police nationale. » « Toute consultation est traçable, poursuit la même source. Ce fonctionnaire n'est pas plus idiot que la moyenne. Les faits ne sont, peut-être, pas aussi clairs qu'on pourrait le dire. » Policier à la « bonne réputation », Patrick Moigne était toujours entendu, hier soir, par les enquêteurs de l'IGS.