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Les 103 enfants de L'Arche de Zoé vont retrouver leur famille
TCHAD
Les 103 enfants de L'Arche de Zoé vont retrouver leur famille
jeudi 13 mars 2008, 18h51 | AFP
A partir de ce vendredi, les autorités tchadiennes et l'Unicef vont commencer à rendre les enfants à leurs proches
Les autorités tchadiennes et l'Unicef vont commencer vendredi à rendre aux familles les 103 enfants que l'association française L'Arche de Zoé, dont six membres purgent en France une peine de huit ans de prison, avait tenté d'exfiltrer vers la France fin octobre.
Symboliquement, la phase de «réunification» des familles sera lancée par la ministre de l'Action sociale Ngarmbatina Carmel Sou IV lors d'une cérémonie à Abéché, principale ville de l'est du Tchad.
C'est justement à Abéché que les autorités ont déjoué, le 25 octobre, l'opération de L'Arche de Zoé, qui était sur le point de faire embarquer dans un Boeing-757 les 103 bambins, présentés comme des orphelins soudanais du Darfour voisin en guerre civile.
En France, des familles d'accueil étaient prêtes à les prendre en charge.
Or, des enquêtes menées par des organisations humanitaires internationales et les autorités locales ont établi que la quasi-totalité d'entre eux avaient au moins un parent. Un seul enfant n'a pas pu être identifié, et cinq autres sont bien originaires d'Adikon, un village soudanais à 5 km de la frontière.
Ces six enfants vont être pour l'instant confiés au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a-t-on appris auprès du ministère de l'Action sociale. Tous les autres viennent de villages tchadiens de la zone frontalière. Le 26 décembre, la Cour criminelle de N'Djamena, en condamnant les six Français de L'Arche de Zoé, a également ordonné la restitution des enfants aux «parents identifiés».
Mais depuis, les 81 garçons et 22 filles, âgés d'un à onze ans, n'ont pas quitté l'orphelinat d'Abéché, où ils sont scolarisés depuis la mi-décembre. Pour expliquer ce retard, les responsables locaux mettaient jusqu'ici en avant le «choc» que risquent de subir les enfants, choyés à Abéché par l'assistance sociale, la Croix-Rouge tchadienne et des organisations internationales, lors du retour dans leurs villages, isolés et dépourvus de tout.
L'Unicef a fait savoir que chaque enfant recevrait «des vêtements, un matelas et des moustiquaires», et que l'agence des Nations unies continuerait «à les soutenir en matière d'éducation, de santé et d'alimentation». Vendredi, deux autocars accompagneront à Adré, à 150 km à l'est d'Abéché, les 83 enfants originaires de cette ville tchadienne frontalière du Soudan et des villages alentour.
Treize enfants de Tiné-Tchad et un petit de la zone de Biltine, respectivement à 250 km au nord-est et à 75 km au nord d'Abéché, seront acheminés chez eux dans les jours qui suivent. «Je suis très contente de rentrer chez moi», s'est réjouie jeudi à l'orphelinat l'aînée des 103 enfants, Mariam Tidjani, onze ans, relevant que son père était venue la voir «régulièrement».
Les familles de ces enfants n'ont toujours rien vu des 6,3 millions d'euros de dommages et intérêts réclamés par la justice tchadienne aux condamnés de L'Arche de Zoé, transférés en France après leur jugement. Les six Français ont demandé la grâce au président tchadien Idriss Deby Itno, seule possibilité de libération rapide pour eux. Le chef de l'Etat s'est dit prêt à les gracier début avril au plus tard, mais a estimé qu'il fallait auparavant trouver «une solution» à la question financière.
«L'essentiel, c'est que je puisse retrouver mes enfants», a expliqué à l'AFP à Abéché le père de deux petits confiés à l'association française, Abdoulaye Issaka, interrogé sur les retards des réparations pécuniaires. «J'ai été victime d'une tromperie, mais ça me servira de leçon jusqu'à la fin de ma vie».