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La loi Leonetti, « encore trop mal connue » et « donc pas appliquée », selon Roselyne Bachelot
Le voile se lève sur les euthanasies clandestines
Le Figaro, 20/03/2008
... « On peut, si l'on s'en donne les moyens, régler aujourd'hui 99,9 % des situations difficiles, ajoute le professeur Goldwasser. Ce qui me dérange, ce n'est pas tant la pratique que le fait de la mettre en boîte dans une loi, car au-dessus de la loi, il y a la conscience du médecin. Une loi risque d'autoriser la paresse des consciences. »
... Il faut créer un observatoire des pratiques médicales en fin de vie afin de mieux se préparer à y faire face. Mais le raisonnement actuel qui vise à dire “il y a une pratique scandaleuse en France, l'euthanasie clandestine, il faut la combattre en la légalisant” ne tient pas.»
... Une vaste enquête en France a montré que la mort en réanimation est consécutive dans 50 % des cas environ à la décision d'arrêter des traitements devenus inutiles. Mais il n'est pas question d'euthanasie. «Nous avons des outils de prédiction qui nous permettent d'évaluer avec précision le pronostic cérébral d'une personne après un accident vasculaire ou un traumatisme crânien, explique le professeur Louis Puybasset (Réanimateur, hôpital Pitié-Salpétrière). Lorsque la médecine risque de transformer un individu qui serait mort en l'absence de réanimation, en un être végétatif, nous pouvons prendre en toute transparence et conscience la décision de diminuer la réanimation et de donner de sédatifs.»
La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a rendu hommage à Chantal Sébire après son décès, soulignant qu'"elle nous a tous interpellés sur des questions extrêmement graves de vie, de souffrance et de mort", dans un entretien aujourd'hui sur France Info.
"J'ai envie de lui dire, de façon très fraternelle, +merci, merci de nous avoir invités à ce débat+", a dit la ministre. Selon Mme Bachelot, "on ne peut pas considérer qu'il y a eu, là, un échec" de la loi de 2005 sur la fin de vie "puisque Mme Sébire a refusé, pour son cas, l'application de la loi Leonetti".
Une loi "encore trop mal connue" et "donc pas appliquée", a-t-elle dit en soulignant la nécessité d'une "information auprès des professionnels de santé et donc, de leurs patients".
A propos de l'évaluation de la loi par son auteur, Jean Leonetti, Mme Bachelot a estimé qu'il fallait "associer à cette réflexion, évidemment l'ensemble de la société civile, des experts, des philosophes, des médecins...". "Le Conseil de l'Ordre des médecins a toute sa place dans cette réflexion", a-t-elle ajouté.
Source : AFP, le Figaro
Bachelot: Sébire nous a interpellés