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L'affaire a généré « une émotion extrêmement forte dans le milieu enseignant »
La pétition de soutien lancée par le Snalc-CSEN au professeur José Laboureur qui a giflé un élève insolent de 6e fin janvier à Berlaimont (Nord), a été signée par 21.350 personnes, a annoncé aujourd'hui le syndicat traditionnellement classé à droite.
Dans un communiqué, ce syndicat du secondaire "approuve totalement" la décision annoncée hier par José Laboureur de refuser la procédure du plaider-coupable, prévue jeudi, qui lui avait été proposée à l'issue d'une garde à vue "scandaleuse".
Source: AFP, le Figaro
Gifle : une pétition soutient le professeur
AVESNES-SUR-HELPE (AFP) - Le professeur poursuivi pour "violence aggravée" après avoir giflé un élève de 6è, fin janvier à Berlaimont (Nord), veut un vrai procès public pour se défendre, fort de la mobilisation de nombreux enseignants en sa faveur.
José Laboureur, un homme grisonnant de 49 ans à la stature imposante, refuse la procédure de plaider-coupable qui devait lui être proposée jeudi par le procureur d'Avenes-sur-Helpe.
"Plaider coupable, vous savez ce que ça veut dire?", lance-t-il du haut de son 1,90 m mardi lors d'une conférence de presse dans les bureaux de ses avocats. S'il reconnaît un "geste malheureux", il trouve "important de défendre la corporation" des enseignants "et tous les gens qui (l)'ont soutenu". "Pour eux, je veux que ce soit public", ajoute-t-il.
L'affaire a généré "une émotion extrêmement forte dans le milieu enseignant, avec plus de 40.000 lettres de soutien ou d'indignation" parvenues à M. Laboureur, rappelle son avocat Jean-Marc Villesèche. "Cette mobilisation nous semblait difficilement compatible avec une audience qui ne soit pas publique".
Sans compter que la "médiatisation à outrance" de l'affaire a "porté un coup" à la présomption d'innocence, affirme Me Francis Lec, estimant que le procureur a fait des déclarations "à charge" contre son client.
D'autre part, si M. Laboureur reconnaît avoir giflé le garçon de onze ans quand il l'a traité de "connard", le plaider-coupable "suppose que l'on accepte une qualification pénale" à ces faits, fait valoir Me Villesèche.
"Or c'est un problème juridique qui se pose: est-ce qu'on est dans le cadre de l'exercice de l'autorité d'enseignant ou face à une infraction pénale?", a-t-il ajouté, estimant qu'un tribunal devait trancher cette question.
Le plaider-coupable suppose l'accord du prévenu et se déroule simplement en présence de ce dernier, de son avocat et du procureur. Une date d'audience devrait être fixée devant le tribunal correctionnel d'Avesnes, sans doute pas avant trois mois, selon le procureur Bernard Beffy.
Ce dernier a regretté devant la presse que M. Laboureur ait changé d'avis sur le plaider-coupable, estimant que cette procédure était "parfaitement adaptée" à la situation et sans doute "dans l'intérêt" du professeur qui risque jusqu'à cinq ans d'emprisonnement.
"La justice n'est pas faite pour offrir des tribunes", a-t-il estimé.
Les avocats de l'enseignant plaideront la relaxe. "Nous soutiendrons que nous étions face à l'agression verbale d'un élève et dans le cadre de l'exercice de l'autorité" d'un enseignant, a affirmé Me Villesèche.
Le procureur a rappelé une nouvelle fois qu'il ne fallait pas "réduire cette affaire à une gifle", puisque des violences "ont précédé et d'autres ont suivi cette gifle". Selon l'accusation, l'enseignant, exaspéré par le désordre dans la classe, avait notamment empoigné l'élève et l'aurait poussé plusieurs fois contre le mur.
Le père du mineur, gendarme, avait déposé plainte contre l'enseignant.