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Banderole anti-Ch'tis : enquête ouverte pour « provocation à la haine »
BOBIGNY (AFP) - Une enquête préliminaire pour "provocation à la haine ou à la violence" a été ouverte afin de retrouver les auteurs et porteurs de la banderole stigmatisant les habitants du Nord samedi en finale de la Coupe de la Ligue Paris SG-Lens, a indiqué lundi le parquet de Bobigny.
Des supporteurs du PSG ont déployé au Stade de France une banderole "Pédophiles, chômeurs, consanguins: bienvenue chez les Ch'tis", en référence au film à succès de Dany Boon.
Ce dernier a déclaré au quotidien Aujourd'hui en France/Le Parisien être "révolté" par cette banderole. "C'est honteux, c'est lamentable", a-t-il ajouté en espérant que "les gens qui ont fait cette banderole vont être punis, poursuivis et condamnés". "C'est pas les Ch'tis qui mettraient une banderole aussi agressive, voire raciste", a souligné l'humoriste.
L'enquête préliminaire confiée à la Sûreté départementale est diligentée au titre d'une infraction présumée à l'article L332-6 du Code du sport, qui réprime la "provocation à la haine ou à la violence" lors des manifestations sportives, qu'elles visent les arbitres, les joueurs, "ou toute autre personne", a précisé un représentant du parquet.
Ces faits sont punissables "d'un an d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende", selon la même source.
PARIS (AFP) - Une banderole stigmatisant les habitants du Nord et déployée samedi au Stade de France en finale de la Coupe de la Ligue Paris SG-Lens (2-1) a soulevé une vague d'indignations dimanche, qui se traduira notamment par les plaintes de la Ligue et du député-maire de Lens Guy Delcourt.
La banderole proclamait: "Pédophiles, chômeurs, consanguins: bienvenue chez les Cht'is", en référence au film à succès de Dany Boon.
"Je porte plainte contre X au Tribunal de grande instance de Béthune comme maire de Lens et au Tribunal de grande instance de Paris comme député", a dit M. Delcourt à l'AFP en précisant qu'il allait aussi saisir la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde).
L'élu PS a assuré que le président de la République Nicolas Sarkozy, présent en tribune officielle, avait "réagi très vite" et "exigé que la banderole soit retirée". M. Delcourt a d'ailleurs demandé la citation comme témoins du chef de l'Etat, de la ministre de la Justice Rachida Dati et du secrétaire d'Etat aux Sports Bernard Laporte.
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a souhaité que "la lumière soit faite sans délai sur ces agissements imbéciles afin que leurs auteurs soient sanctionnés comme il se doit".
La Ligue de football professionnel (LFP) a également annoncé son intention de porter plainte, dès lundi, pour "incitation à la haine et à la violence", plainte à laquelle "s'associeront" les deux clubs finalistes.
Implicitement visés, les supporteurs parisiens de la tribune Boulogne ont "condamné les propos des banderoles" et se sont "désolidarisés de ce fait isolé de quelques individus", a indiqué à l'AFP le porte-parole de cette tribune sulfureuse du Parc des Princes, Philippe Pereira.
Le président du PSG avait présenté en milieu de journée sur France 2 ses "excuses officielles" aux Lensois. "Cette banderole ignoble hier soir m'a personnellement gâché mon lendemain de victoire", a aussi déclaré Alain Cayzac.
Bernard Laporte a, lui, condamné "les agissements inadmissibles de quelques supporters" et a demandé "la plus grande fermeté", tout en insistant sur le "dispositif d'interdiction administrative de stade encore insuffisamment appliqué en France".
Dès l'issue du match, l'entraîneur nordiste Jean-Pierre Papin avait estimé qu'il fallait "juger Paris sévèrement", puisqu'"on a jugé Metz sévèrement" (un point retiré, un match à huis clos) dans l'affaire Ouaddou, du nom du capitaine marocain de Valenciennes qui avait essuyé des insultes racistes à Metz le 16 février de la part d'un supporteur lorrain.
Sur le plan sportif, M. Delcourt voudrait "faire rejouer le match car il s'agit d'une Coupe", rejoint en ce sens par le médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, qui estime que "l'élégance de ce geste viendrait laver l'honneur du PSG bafoué par cette minorité".
Le règlement de la LFP ne prévoit cependant pas l'hypothèse de rejouer un match qui s'est achevé, quel que soit le litige. Il reviendra à la commission de discipline de la Ligue, qui s'est saisie de l'affaire, d'infliger d'éventuelles sanctions.
Frédéric Thiriez, le président de la LFP, a en tout cas souligné que "la sévérité dont a su faire preuve la Ligue dans ce domaine vaudra pour tout le monde", en référence aux sanctions prises contre Metz.
Les acteurs du football restent toutefois réservés sur les sanctions sportives, à l'image de Jean-Michel Aulas, président de Lyon: "Nous ne sommes pas responsables des faits de la société. C'est un problème politique".
Le Parisien Jérôme Rothen va dans le même sens: "Une sanction financière pour le club, je suis d'accord, mais il ne faut pas aller au-delà, ne pas tomber dans l'exagération, a-t-il estimé. J'espère qu'on va trouver une solution, mais sanctionner sportivement un club ne sert à rien."
La question porte désormais aussi sur d'autres responsabilités éventuelles. M. Aulas a d'ailleurs relevé que "l'organisateur est la Ligue. Elle va être très embêtée car comme la Fédération met la responsabilité sur l'organisateur, c'est un peu l'arroseur arrosé".
Les présidents lensois et parisiens ont ensemble misé sur le vidéo-surveillance pour confondre les auteurs des banderoles.
Selon une source proche du dossier, un millier de supporteurs parisiens ont provoqué des échauffourées avec les forces de l'ordre quelques minutes avant le début du match afin de faire diversion et de permettre ainsi le passage de la banderole et des fumigènes.