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Affaire Borrel : Djibouti dénonce la justice française « raciste »
PARIS (Reuters) - Le gouvernement de Djibouti a dénoncé comme "ouvertement raciste" la condamnation par défaut à Versailles de deux officiels djiboutiens à des peines de prison ferme pour subornation de témoins en marge du dossier sur le meurtre du magistrat français Bernard Borrel en 1995.
Le procureur général et le chef des services secrets de Djibouti, Djama Souleiman Ali et Hassan Saïd Khaireh, ont été condamnés à respectivement 18 mois et un an de prison ferme.
Dans un communiqué emis par son ambassade à Paris, la République de Djibouti estime que ce jugement rendu jeudi dernier "n'est que l'aboutissement d'une instruction menée depuis novembre 2003 dans un climat de haine à l'égard des Djiboutiens par des magistrats militants autour de Mme Borrel, elle-même magistrate et partie civile".
Djibouti dénonce que l'Etat français "a une fois de plus fait le choix d'un silence assourdissant sur les dysfonctionnements graves de son système judiciaire".
Les deux prévenus, qui devraient faire appel, n'étaient pas présents à l'audience le mois dernier. Le procureur général de Djibouti est reconnu coupable d'avoir fait pression sur Mohammed Alhoumekani, ancien militaire djiboutien.
Ce témoin a mis en cause sur procès-verbal l'actuel président de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh. Le chef des services secrets djiboutiens est, lui, convaincu d'avoir fait pression sur un autre témoin, Ali Iftin, lié au premier.
Bernard Borrel, coopérant français et conseiller technique auprès du ministère djiboutien de la Justice, a été tué à Djibouti en 1995. La thèse du suicide avait d'abord été retenue mais le scénario d'un assassinat est désormais celui privilégié par la justice qui s'appuie sur des expertises médico-légales
Cette affaire perturbe depuis dix ans les relations entre la France et Djibouti, où Paris a sa principale base militaire sur le continent africain.