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148 tombes musulmanes profanées près d'Arras
ABLAIN-SAINT-NAZAIRE (AFP) - Cent quarante-huit tombes musulmanes du cimetière militaire Notre-Dame-de-Lorette, d'Ablain-Saint-Nazaire près d'Arras, ont été profanées dans la nuit de samedi à dimanche, suscitant une condamnation unanime un an après des faits similaires.
A l'instar d'autres membres du gouvernement, le président Nicolas Sarkozy à dénoncé un acte relevant du "racisme le plus inadmissible qui soit" et a souhaité que "les auteurs soient punis comme ils le méritent".
Les inscriptions injurieuses, découvertes dimanche matin, "visent directement l'islam et elles insultent gravement Mme Rachida Dati, garde des Sceaux. Une tête de porc a même été pendue à l'une des tombes", a expliqué à l'AFP le procureur de la République d'Arras, Jean-Pierre Valensi.
Mme Dati a condamné la profanation dénonçant un "acte profondément inadmissible" et a par ailleurs demandé "au procureur de la République d'identifier les auteurs de cet acte odieux et de les poursuivre avec la plus grande fermeté".
Le Premier ministre, François Fillon, comme la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, a exprimé son "indignation" et "condamné avec la plus grande fermeté" ces actes.
Le secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combattants, Jean-Marie Bockel devait se rendre sur les lieux afin de témoigner de sa "solidarité avec la communauté ainsi meurtrie".
La profanation intervient "presque un an jour pour jour après des faits similaires" dans la même nécropole militaire, a rappelé M. Valensi.
Dans la nuit du 18 au 19 avril 2007, 52 tombes du carré musulman de ce cimetière où reposent des combattants de guerre de 1914-18 avaient été couvertes d'inscriptions nazies, de croix gammées et celtiques.
A la suite de la première profanation, deux jeunes hommes de 18 et 21 ans avaient été condamnés à deux ans de prison, dont un ferme, et un mineur de 16 ans à sept mois de prison dont cinq mois et demi avec sursis.
De son côté, le Parti socialiste a exprimé "colère et indignation" exigeant que "tous les moyens soient mis en oeuvre pour retrouver les auteurs" et "des sanctions exemplaires".
Des représentants de la communauté musulmane se sont rendus sur place.
"C'est honteux de voir cela. Quand il n'y a plus de respect c'est une catastrophe", a déclaré à la presse la président régional du culte musulman Bahssine Saaidi.
Amar Lasfar, le recteur de la mosquée de Lille-Sud a estimé que cet acte portait atteinte aux "morts tombés pour la France, (aux) valeurs dont nous jouissons aujourd'hui, la démocratie, le respect de l'autre, la tolérance".
"C'est un geste odieux, scandaleux, qui jette l'opprobre sur l'ensemble des musulmans (...). Leurs auteurs sont des gens minables qui ne méritent que le mépris et la condamnation nationale", a déclaré Dalil Boubaker, le recteur de la Mosquée de Paris.
L'indignation était également vive chez les gardes d'honneur du cimetière. "Quand on voit ce qui se passe vis-à-vis des gens qui sont enterrés là, qui sont venus combattre pour nous, ça fait mal", déplore Michel Haute, président des gardes d'honneur.
Inauguré en 1925, le cimetière est un jardin de 13 hectares, planté de croix commémorant notamment les combats de 1915, à l'un des endroits les plus disputés du front occidental au début de la première Guerre mondiale.
40.000 combattants environ y reposent dont la moitié dans des tombes individuelles. Le carré musulman compte 576 tombes orientées vers La Mecque.